"Nos institutions fonctionnent mieux dans la concertation": les débats s'apaisent autour du budget primitif 2024 à Monaco

Le gouvernement et les élus ont entamé ce mardi soir leurs échanges pour étudier le budget de l’État pour l’année 2024, dans un climat voulu plus constructif que les chicayas d’octobre dernier.

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Cédric Verany Publié le 13/12/2023 à 07:01, mis à jour le 13/12/2023 à 11:42
Le ministre d'État et la présidente du Conseil national en séance publique, ce mardi soir. Jean-François Ottonello

Après la pluie, le beau temps? L’orage d’octobre a semblé quelque peu estompé au-dessus du Conseil national au moment d’entamer, ce mardi soir, l’examen du budget primitif pour l’année 2024.

Le 18 octobre dernier, le vote du rectificatif (adopté à 1 voix "pour" et 22 abstentions) avait laissé éclater une crise institutionnelle entre élus et gouvernement. Et si la Haute assemblée s’est réunie depuis pour des séances législatives, les retrouvailles pour voter le budget à venir promettaient des crispations sur le fond et la forme.

"L’étude de ce texte s’est déroulée dans des circonstances exceptionnelles. Suite au vote du budget rectificatif, le Conseil national a décidé de ne pas adresser au gouvernement de liste de questions relatives au budget primitif avant les commissions plénières d’étude budgétaires, comme cela est le cas habituellement", a confirmé Franck Julien, président de la Commission des Finances, plantant le décor de ces séances privées qui ont permis - quand même - d’évoquer divers thèmes.

"Des échanges ont été marqués par des désaccords sur certains sujets, d’autres ont permis d’éclaircir plusieurs zones d’ombre autour, notamment, de certains investissements et de choix budgétaires. De même, les échanges ont permis de dégager des amorces de solutions qui doivent encore être confirmées dans les faits par le gouvernement. L’atmosphère de ces réunions n’a pas été constamment sereine, parfois même très tendue, reflétant la complexité et l’enjeu des discussions."

D’autant, que le primitif 2024 prévoyant 2.046 milliards d’euros de recettes et 2,060 milliards d’euros de dépenses affiche un déficit comptable de -14 millions d’euros. Déficit expliqué par le fait que, même si les chiffres montrent un excédent structurel de 64 millions d’euros, le gouvernement commencera en 2024 un apurement progressif du Compte Spécial du Trésor (portant toujours les frais de la réfection des Jardins d’Apolline) ce qui explique le résultat prévisionnel en déficit comptable de -14,4 millions d’euros.

"Des réponses positives, des engagements"

En privé, élus et gouvernement ont réussi en amont à s’entendre sur quelques actions. Le rapporteur a listé 38 revendications sur des sujets aussi divers que la gestion budgétaire, le logement des Monégasques, la mobilité, le centre de traitement et de valorisation des déchets, le centre commercial de Fontvieille, les grands travaux.

Parmi les doléances, le gouvernement a acté notamment la possibilité en 2024 d’anticiper le budget rectificatif au printemps. Et de l’accompagner d’un programme triennal d’équipement pour mieux envisager les grandes orientations budgétaires.

Les élus plaidaient aussi pour une opération de 50 logements domaniaux minimum à moyen terme. Le ministre d’État a confirmé sur le siège, ce mardi, la volonté d’une opération anticipée à l’horizon 2027/2028 sur un site qui reste à déterminer. Comme pour montrer que le gouvernement aborde ces séances publiques "dans un état d’esprit constructif, avec des réponses positives et des engagements" après les achoppements d’octobre.

"Je sais qu’il existe encore des divergences de vues sur certains sujets, ce qui est le lot des échanges politiques, à Monaco comme ailleurs. J’y vois un signe de bonne santé des institutions et je suis certain que nous allons, dans le respect des prérogatives de chacun, faire la démonstration de la maturité politique de notre état", a estimé dans sa réponse le ministre d’État.

Tout en douchant dans la phrase suivante, les revendications des élus de créer des groupes de travail sur des projets particuliers. "Je ne voudrais pas laisser penser que le gouvernement accepte l’idée de groupes de travail impliquant nos deux institutions qui seraient chargés de la conception en commun de certaines politiques publiques. Ce mode de fonctionnement ne serait en effet pas conforme à l’esprit de notre constitution. Il est donc important de répéter que le gouvernement a seul la charge de l’administration de la Principauté. Si nous sommes naturellement toujours ouverts au dialogue et à vos propositions, il n’est pas question d’inverser le fonctionnement de nos institutions. Pour autant, je tiens à vous assurer que c’est dans un esprit d’ouverture et de dialogue que nous abordons ces séances publiques."

"Nos institutions fonctionnent mieux dans la concertation"

Si la pique a été mal accueillie de l’autre côté du banc, la présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès a tenu, en réponse, à garder le cap d’un dialogue renoué et d’un apaisement des institutions.

"Vous nous avez en effet entendus sur une grande majorité des points soulevés par l’assemblée lors de l’ensemble de ces séances préparatoires et de nos différentes discussions. Nous le voyons bien, c’est dans la concertation et le respect que nos deux institutions fonctionnent le mieux et évoluent conformément à l’esprit de notre constitution. Ce qui nous rassemble est bien supérieur à ce qui peut parfois nous opposer. Je crois donc, qu’il est grand temps de fermer pour longtemps la séquence politique que notre relation institutionnelle vient de traverser depuis le mois d’octobre. Oui les crises sont source d’opportunités, saisissons les ensemble et poursuivons nos travaux dans la concertation", a souligné la présidente.

Un point de vue plus ou moins partagé par les élus, que les débats prévus jusqu’au 21 décembre devraient - ou pas - conforter. "Il ne fait pas de doute que les élus détermineront leur vote en fonction de la clarté des réponses qui seront apportées par le ministre d’État et le gouvernement", a prévenu Franck Julien ce mardi soir. Prochaine séance jeudi.

Entendu dans l’hémicycle...

Jean-Louis Grinda

 "Les élus ne veulent pas être co-gestionnaires, mais pas non plus une chambre d’enregistrement. Nous ne voulons pas être des idiots utiles. La société a évolué depuis 50 ans, les élus sont des femmes et des hommes d’aujourd’hui, ils représentent le monde présent. J’ai le sentiment que l’Exécutif n’est pas en phase culturelle et sociétale avec nous et ne nous considère pas comme un partenaire moderne. Ce primitif 2024 doit ouvrir la voie de la concorde, dans un nouvel état d’esprit, celui du XXIe siècle."

Thomas Brezzo

"N’oublions pas que les plus grandes avancées pour les Monégasques, les résidents et les salariés, se sont toujours accomplies dans l’unité des institutions, en suivant le principe du pas vers l’autre. Nous ne devons pas être condamnés à nous entendre, car pour le bien de nos compatriotes et pour la protection de notre régime, nous devons avancer ensemble, dans la concertation, l’échange, l’écoute et le respect mutuel."

Nathalie Amoratti-Blanc 

"Nous le savons tous, la dégradation de la qualité de vie à Monaco, impacte l’attractivité de notre pays. Il est donc vital de prendre des décisions concrètes pour préparer un avenir meilleur."

Maryse Battaglia

"Nous confirmons qu’il faudra lancer une opération domaniale intermédiaire courant 2024, d’une cinquantaine de logements livrables au mieux fin 2027, début 2028, afin de combler le trou d’air. Nos compatriotes ne doivent pas être à nouveau exposés à des délais d’attente de plusieurs années pour être bien logés. Le chemin parcouru est considérable pour le bien des foyers Monégasques, mais beaucoup reste à faire, tant sur le plan quantitatif que qualitatif."

Corinne Bertani

"Un mot concernant le Larvotto : c’est un succès. Les commerçants ont désormais bien pris leurs marques, la population aussi. Cela ne peut être que bénéfique pour les recettes de TVA pour Monaco. Nous voyons ainsi qu’un investissement peut-être productif pour le budget."

Mathilde Le Clerc

"Il faut donner les moyens à notre jeunesse de s’épanouir à Monaco. Sur ce sujet, une véritable réflexion doit être menée pour que la Principauté soit, dans ce domaine aussi, réellement attractive, et que nos jeunes puissent bénéficier d’une offre d’activités modernes et adaptées à leurs attentes sur notre territoire, gage de sécurité pour les familles."

Christine Pasquier-Ciulla

"Nous ne sommes pas plus d’une trentaine dans l’hémicycle, donc quand nous parlons, vous devriez nous entendre! Elle s’exprime ici aussi cette spécificité monégasque. La théâtralisation de nos échanges ou la mise en sourdine de la voix des représentants du peuple sont des pièges dans lesquels nous ne devons pas tomber! Mais, pour les éviter, il faut travailler ensemble. Nous ne devons pas être un alibi démocratique."

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