Jusqu'à 77 dans les Alpes-Maritimes et 59 dans le Var: en 2025, les nuits tropicales battent des records dans la région Paca

Comme au niveau national, les habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur ont connu le troisième été le plus chaud de leur histoire. S’il n’est pas qualifié d’"exceptionnel", il se distingue par ses nuits chaudes.

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Olivier Buisson Publié le 16/09/2025 à 07:41, mis à jour le 16/09/2025 à 09:02
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Fin août, Météo France mettait une valeur statistique sur nos gouttes de sueur.

L’été 2025 (calculé entre le 1er juin et le 31 août) monte sur le podium comme étant le troisième plus chaud de l’histoire avec une température moyenne de 22,2 degrés. Après 2003 et son interminable canicule qui avait pétrifié le pays et causé la mort de 14.800 personnes (23,1 degrés de moyenne) et celle de 2022 (22,7 degrés de moyenne).

Tout sauf une surprise depuis que l’entrée dans le XXIe siècle fait tomber les records les uns derrière les autres. La tendance nationale se vérifie-t-elle au niveau régional? "Oui", pour la direction régionale de Météo France, basée à Aix-en-Provence, qui nous a donné accès à ses statistiques.

Avec une température moyenne de 21,2 degrés, soit une hausse de +1,94 degré par rapport à la normale de saison (calculée sur la période 1991-2020), le cru 2025 se range lui aussi derrière les étés 2003 et 2022.

"La valeur est en dessous de la moyenne nationale car il y a de gros écarts de températures entre le littoral et les départements alpins", justifie la météorologiste conseil Sophie Ricard, qui a rédigé le bilan avec sa collègue Camille Debarre.

Infographie Météo France.

31,2 degrés de température maximale moyenne dans le Var

Si l’on observe les températures maximales, l’anomalie régionale grimpe à +2,25 degrés. Parmi les six départements de la région, c’est le Vaucluse qui a le plus souffert (+2,79 degrés) et plus particulièrement le sud Luberon (+3,5 degrés). Les Bouches-du-Rhône sont juste derrière avec des pics de température de +4 degrés à l’est du département, dans un triangle vallée de la Durance, Aix-en-Provence, La Ciotat.

Le Var complète le podium avec une moyenne de 31,2 degrés sur l’ensemble du département (+2,28 degrés). Les deux-tiers du territoire (à l’exception de la frange littorale et du massif de la Sainte-Baume) ont connu entre 20 et 40 jours considérés "très chauds" par les météorologistes, soit quand le thermomètre atteint 35 degrés.

Des pics à 40,3 degrés (mais pas de record) ont été relevés à Vinon-sur-Verdon (10 août) et au Luc-en-Provence (12 août). C’est le 12 août que les Varois ont le plus rasé les murs avec une moyenne maximale de 37,4 degrés. Le lendemain, à Toulon, le mercure allumait du rouge à 36,8 degrés.

L’ensemble du Var cumule ainsi 13 jours avec des températures atteignant 35 degrés, dont huit jours consécutifs entre le 10 et le 17 août. Même constat dans les Alpes-Maritimes qui ont également vécu une hausse similaire de +3,5 degrés par rapport à la normale de saison sur le littoral et l’arrière-pays.

Les secteurs de Menton, Lantosque, Puget-Théniers, Antibes et Carros ont connu des périodes de 10 à 20 jours très chauds (+35 degrés). Nice a connu sa journée la plus chaude le 15 août avec 35,7 degrés relevés à l’ombre. Il a fait 38,4 degrés à Lantosque le 12 août et 38,6 degrés à Carros le 15 août.

Pour l’ensemble des Alpes-Maritimes, la journée la plus chaude a été enregistrée le 10 août avec 31,8 degrés.

Cinq records absolus de températures minimales

Pour autant, aucun record absolu n’a été établi contrairement à d’autres années. "On n’a pas connu un été exceptionnel du point de vue des températures maximales, mais il est toutefois remarquable par ces températures minimales", note Sophie Ricard.

Ces températures minimales, relevées en fin de nuit (entre 5 et 6 heures) ont établi plusieurs records absolus en Paca. C’est le 17 juillet que la région a connu sa nuit la plus moite et dans le Var, on s’en souvient.

Quatre records absolus ont été enregistrés ce jour-là aux Arcs (24,8 degrés), Hyères (26,5 degrés), Bormes-les-Mimosas (26,6 degrés) et Toulon (27,2 degrés). Un autre record a été battu à Régusse le 12 août avec 22,8 degrés.

Dans les Alpes-Maritimes, un record absolu a été atteint à Nice ce même 12 août avec 28,7 degrés la nuit.

59 nuits tropicales à Toulon

En conséquence, le phénomène des "nuits tropicales" – lorsque la température ne redescend pas en dessous des 20 degrés une fois le soleil couché – a été très présent cet été. Dans notre région, c’est du côté des villes azuréennes que le cumul est le plus important. Si Valbonne et Menton cumulent plus de 70 nuits, Nice a établi sa troisième valeur la plus haute avec 77 nuits identifiées.

Dans le Var, si la moyenne s’établit à une quarantaine de jours sur le littoral et proche littoral, certaines zones (Cap Camarat, île du Levant) atteignent près de 60 jours. Toulon a elle aussi atteint sa troisième valeur la plus haute avec 59 nuits tropicales, tout comme Le Luc-en-Provence avec 28 nuits tropicales.

"La mer, qui permet d’avoir sur le littoral des températures inférieures au reste du territoire en journée, empêche ces mêmes températures de baisser la nuit", détaille la météorologiste de Météo France.

Déficit de pluie

Enfin, pour être complet, un œil sur les précipitations permet de savoir que le Var a été le département de Paca qui a le plus souffert du manque de pluie avec un déficit de -54% par rapport à la normale. Les îles et la frange littorale ouest s’en sortent un peu mieux que le reste du territoire.

Dans les Alpes-Maritimes, le déficit s’établit à -33%, en raison d’un fort déficit constaté sur le sud du département, quelque peu relevé par un cumul de pluie supérieur aux attentes sur l’est du Mercantour.

Cet été 2025 prouve, s’il en était encore besoin, que le réchauffement climatique est toujours plus palpable et préoccupant.

Le coût du chaud

Les vagues de chaleur, sécheresses et autres inondations ne sont pas sans effet sur l’économie européenne. Publiée hier, une étude a calculé que ces phénomènes climatiques ont engendré 43 milliards de pertes.

L’étude, dirigée par Sehrish Usman de l’université de Mannheim (Allemagne) avec deux co-auteurs de la Banque centrale européenne, s’appuie à la fois sur des données météorologiques et des modèles économiques d’estimation des dommages causés par les événements météorologiques extrêmes, rendus plus fréquents et plus intenses par le changement climatique.

Elle prend en compte les conséquences directes comme la destruction de routes, d’immeubles ou de récoltes lors d’inondations, mais aussi indirectes comme les pertes de production induites par le temps de reconstruction d’une usine, les pertes en vies humaines ou les coûts liés à l’adaptation.

Elle intègre également les impacts à plus long terme car "le véritable coût des événements extrêmes (...) s’étend bien au-delà de ses effets immédiats", souligne Mme Usman. Ainsi, la raréfaction ou la destruction de certains produits liées à la sécheresse peut entraîner une inflation à plus ou moins long terme.

En prenant en compte tous ces éléments, l’étude estime que d’ici à 2029, les coûts macroéconomiques engendrés par les catastrophes de l’été 2025 pourraient atteindre 126 milliards d’euros.

Plus de 10 milliards de pertes pour la France

L’Espagne, la France et l’Italie ressortent comme les pays les plus touchés, chacun faisant face cette année à des pertes supérieures à 10 milliards d’euros. Celles-ci pourraient dépasser 30 milliards d’euros à moyen terme, cet été ayant été révélateur de la multiplication des canicules et des sécheresses.

Les pays d’Europe centrale et septentrionale souffrent de dommages moins importants, mais les inondations tendent à s’y multiplier ces dernières années, ce qui devrait y faire grimper le coût des dérèglements météorologiques, note l’étude.

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