Retour sur la Lune, Mars, les extraterrestres, Elon Musk... l'astronaute Jean-François Clervoy livre ses analyses depuis Monaco
[3/3] Ambassadeur de Venturi Space depuis février dernier, vétéran de trois vols spatiaux habités entre 1994 et 1999 à bord des navettes Atlantis et Discover, Jean-François Clervoy réagit à ce qui fait l'actualité spatiale.
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Thomas MichelPublié le 28/04/2025 à 16:45, mis à jour le 30/04/2025 à 18:27
Pourquoi retourner sur la Lune ? "On veut apprendre dans un environnement assez proche de la Terre ce qu’on a besoin de savoir avant d’aller un jour sur – ou autour – de Mars. La Lune est un lieu d’apprentissage des opérations, des ravitaillements, de la navigation, du recyclage, de l’exposition en milieu interplanétaire que vivront un jour ceux qui iront vers Mars. Dans 15, 20, 30 ans."
Mars, qu’ira-t-on y chercher ? "L’idée, c’est d’aller à l’endroit identifié comme le plus intéressant par les rovers automatiques pour y mettre des humains qui iront plus loin dans la recherche des ressources, d’une part pour s’installer mais aussi pour rechercher si la vie a pu exister sur – ou sous – Mars dans le passé. Pour cela on aura besoin de voitures électriques, des rovers comme le Flex de Venturi Space Astrolab, qu’on va d’abord tester au pôle Sud de la Lune parce qu’on sait qu’il y a probablement de l’eau sous forme de glace au fond de certains cratères."
Elon Musk : génie, fou... les deux ? "Elon Musk pense que le risque d’extinction de notre espèce est trop grand à court terme pour ne pas, tout de suite, commencer à établir des colonies d’humains ailleurs. Je pense comme lui qu’il n’y aura plus d’humains sur Terre pour des raisons purement naturelles de notre Soleil. Mais ce sera dans des millions d’années ! Mais la vision d’Elon Musk est tellement forte et il a tellement d’argent à sa disposition, qu’il va très vite. Par ailleurs, ce n’est pas un esprit d’ingénieur classique, il se dit lui-même autiste Asperger et parfois il a des raisonnements choquants et des façons brutales de dire les choses, sans retenue. J’espère qu’il saura être suffisamment guidé et conseillé pour garder le bon côté de l’exploration spatiale et ne pas être trop tranchant et parfois catastrophique dans des décisions qui pourraient nuire à notre évolution."
Et les extraterrestres ? "On cherche la vie ailleurs mais si cela se trouve le vivant n’existe que sur Terre. Les exobiologistes sont partagés sur cette question, certains pensent même que le super hasard qui nous a permis d’apparaître sur notre planète est tellement grand, que même les milliards et milliards de planètes dans l’univers ne sont pas assez nombreuses pour que ce hasard ait permis la vie ailleurs. Moi, je préfère l’idée que la vie existe ailleurs. Mais si vous préférez penser que nous sommes seuls dans l’univers, c’est une très bonne réponse aussi. Mais comme disait Hubert Reeves :"L’absence de preuve n’est pas preuve d’absence"".
Monaco et Venturi Space dans l’espace, vous y auriez cru il y a quelques années ? "L’exploration spatiale est avant tout une aventure humaine. Il suffit qu’un humain ait une vision, les moyens, la bienveillance et le leadership pour trouver l’équipe qui va l’accompagner dans cette aventure très ambitieuse et très difficile. Gildo Pastor a cette vision et cette envie incroyable de pouvoir rouler sur la Lune et plus tard sur Mars, et il entraîne avec lui l’enthousiasme et l’engagement pour surmonter les problèmes. Alors pour paraphraser le capitaine Kirk dans Star Trek, qui m’était cher à l’adolescence, avec Gildo Pastor, Venturi Space et Astrolab : ‘‘Bientôt, nous roulerons là où personne n’avait roulé avant’’".
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