Après 67 ans d'activité, la bibliothèque de la rue Louis-Notari va fermer ses portes ce vendredi et écrire une nouvelle page ailleurs à Monaco
Le site de la rue Louis-Notari ferme ses portes ce vendredi avec une grande soirée de clôture, avant d’écrire une nouvelle histoire, en décembre, dans les murs de la nouvelle et attendue médiathèque Caroline.
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Cédric VeranyPublié le 18/09/2025 à 11:57, mis à jour le 18/09/2025 à 11:57
Dernier tour dans les rayons pour l’équipe de la médiathèque.Photo Jean-François Ottonello
Avant cela, ce sont 67 années d’activités qui s’achèvent à la Condamine. Ce vendredi, pour un ultime rendez-vous, les notes succéderont aux mots. Karaoké et piste de danse de 18 heures à 22 heures. Une fête ouverte à tous pour "fermer ce chapitre de manière festive et conviviale", souligne la directrice des lieux, Béatrice Novaretti.
Un bâtiment longtemps attendu
L’histoire a commencé en 1958. À la livraison du bâtiment administratif, l’État monégasque dédie cet espace à une bibliothèque et ses archives le long de ce qui était à l’époque la rue de la Poste.
En 1980, elle est baptisée bibliothèque Louis-Notari, et grandit avec les années. S’ajouteront, la sonothèque pour les disques, la vidéothèque pour les VHS puis les DVD. L’intégration plus récente de la bibliothèque Princesse Caroline (dédiée à la jeunesse) permet au début des années 2000 de former un pôle global de médiathèque administré par la mairie.
Ne manquait qu’un bâtiment moderne et fonctionnel pour rassembler ces quatre entités. "Ce bâtiment, quand je suis entrée en mairie comme élue en 2003, on en parlait déjà", glisse Camille Svara, première adjointe au maire qui a la médiathèque dans son portefeuille de délégation.
En 2009, un projet est établi et envisagé au niveau de la promenade Honoré-II. Mais la crise économique d’alors contraint le gouvernement à l’ajourner dans une démarche de "bon père de famille" pour construire à la place la résidence domaniale Helios.
Seize ans plus tard, la médiathèque est cette fois bien une réalité. Le gouvernement a remis officiellement les clés, le 8 septembre dernier, à la mairie.
L’attente a été longue, "il a fallu trouver un autre lieu, repenser le projet, puis il y a eu le Covid…", égrène Béatrice Novaretti, qui n’a pas lâché sa volonté de doter Monaco de cet outil culturel moderne pour un public fidèle, "dont certains lecteurs sont inscrits depuis l’ouverture de 1959".
150.000 documents à déplacer
Le goût de la lecture et du livre papier n’est pas mort dans nos sociétés numérisées. Preuve en est, ce sont près de 150 000 documents que l’équipe doit aujourd’hui déménager : livres, périodiques, DVD, disques, jeux…
Dès ce lundi 22 septembre, les bureaux et les équipements techniques basculeront de la Condamine vers la promenade Honoré-II pour permettre aux équipes de s’installer. Le mobilier reste sur place et sera donné à des associations juste après le passage - à partir du 1er octobre - des professionnels spécialisés dans le déplacement de rayonnages de livres. Ils auront la mission de prendre sur les rayonnages les objets classés et les réinstaller avec le même ordre sur les étagères neuves de la nouvelle médiathèque.
Si l’activité de prêt est interrompue pour trois mois, les lecteurs ont fait des provisions. "Nous n’avons pas mis de limite et les gens ont beaucoup emprunté de livres en prévision de cette fermeture temporaire. On a dû exploser les records en septembre", glisse Béatrice Novaretti.
Le défi est aujourd’hui de mettre l’automne à profit pour aménager un lieu qui va gagner en convivialité et rassemblera une offre pensée pour tous : enfants, adolescents, adultes, familles, étudiants, chercheurs…
"On se prépare en équipe à un changement de lieu, un changement d’échelle", souligne Céline Verrando, cheffe de service adjointe. "On gagnera dans le fait d’être réunis."
La nouvelle médiathèque couvre 2 500 mètres carrés. Les collections seront installées sur un niveau surplombant une entrée donnant sur la promenade Honoré-II. Au niveau inférieur, un auditorium de 120 places complétera l’offre.
Et un appel à candidatures est lancé pour une cafétéria dont l’emplacement est prévu dans le hall. Des surprises il y en aura d’autres, mais l’équipe veut ménager ses effets. Et donne rendez-vous le 11 décembre.
Nouveau bâtiment et nouveau mobilier, les rayonnages, dont certains ont plus de cinquante ans, seront donnés à des associations.Photo Jean-François Ottonello.
Constituer une collection
Qui dit nouvel espace, ne dit pas forcément nouvelle collection. Sur les rayonnages et dans les archives de la nouvelle médiathèque Caroline, le fonds sera celui de l’actuelle collection. Un fonds vivant, qui évolue au cycle des nouveautés et d’un tri régulier.
Le secret pour garder une échelle convenable? "Une collection se travaille au quotidien, explique Béatrice Novaretti. Il suffit de compter le nombre d’ouvrages qui paraissent chaque année pour comprendre que l’on doit faire un tri constant. Les livres que l’on considère comme importants, nous les conservons. Et puis les romans qui ne marqueront pas l’histoire, on s’en sépare. On ne peut pas tout garder et c’est comme cela que l’on crée au fil de l’eau, une collection."
Les classiques de la littérature française ne bougent pas. Certains même s’offrent une cure de jouvence quand ils sont adaptés au cinéma. C’est le cas du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas qui a fait un pic d’emprunt après le long-métrage avec Pierre Niney. Même phénomène grâce au film Les illusions perdues, où des abonnés se sont mis à relire tout Balzac.
Construire pour les cinquante prochaines années
Le leitmotiv est de se dire que l’on construit un patrimoine pour les cinquante prochaines années. "Pour se faire, on se projette", continue Béatrice Novaretti. "Aujourd’hui on suit l’actualité mais nous ne sommes pas tenus à l’exhaustivité. Notre collection se construit par rapport à notre public."
Sans écarter la littérature contemporaine dans sa diversité. "Les livres feel good plaisent beaucoup, certains sont bien faits et nous les avons dans notre fonds. Mais on peut se poser la question de savoir si on les lira encore dans trente ans. Alors on en garde en partie, et on reverra peut-être notre copie dans vingt ans."
Un rôle que la médiathèque tend à défendre. "C’est la vocation d’une bibliothèque de lecture publique", complète Céline Verrando, cheffe de service adjointe. "Proposer différents niveaux de lecture, sans être prescriptrice ou élitiste."
La date
1909. Cette année-là se crée la première bibliothèque communale de Monaco, l’ancêtre de la médiathèque, et qui était située rue Suffren-Reymond.
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