L’idée d’un club de polo au soleil
Pour faire naître dans cette boîte en béton brut de 300 mètres carrés, un lieu aussi soigné, il fallait de l’imagination. Hugo Toro n’en manque pas. Un restaurant place Vendôme, un autre à New York, un hôtel pour la marque Orient Express à Rome, des bars à Londres, une villa à Ibiza... le Franco-mexicain impose sa patte et son style dans l’aménagement intérieur depuis quelques années. Son travail a même été recensé parmi les AD100, bible du milieu qui compile chaque année les meilleurs designers.
Architecte et artiste, Hugo Toro se définit comme un touche-à-tout hyperactif. "Si j’avais le temps, je dessinerais et confectionnerais moi-même tous mes vêtements", sourit le garçon en proposant une visite guidée du Marlow qu’il a entièrement pensé. De l’agencement de l’espace aux motifs sur les tissus des fauteuils.
"Rien ne vient du commerce, tout a été dessiné sur mesure pour le projet. Le mobilier, les tissus, tout! L’idée était de créer un cocon" retrace-t-il en pensant à l’année qu’il a fallu pour faire naître l’endroit. "Il fallait penser un lieu qui appartienne au quartier du matin au soir et j’aime les identités fortes. C’est avec la prise de position que l’on crée l’émotion."
"Comme être chez quelqu’un"
Mission accomplie en passant la porte du Marlow. Les boiseries insufflent l’atmosphère d’une brasserie au premier regard. "J’ai pensé l’endroit comme un club de polo au soleil" décrypte Hugo Toro, qui sur son brief avait la demande d’infuser la Riviera et l’Angleterre pour répondre au concept de la SBM. "J’ai pensé à un personnage que je me suis inventé, une certaine Lady Marlow, sympa, un peu délurée et nous sommes chez elle."
Le style Victorien choisi pour les boiseries, les colonnes et les moulures convoque les codes anglo-saxons, mariés au soleil. Des objets chinés donnent ensuite une particularité au décor. "J’achète partout, tout le temps, en brocante" sourit le créateur pointant des figurines dénichées en Bourgogne et placées sur les étagères du restaurant, "elles donnent un côté chaleureux, comme être chez quelqu’un."
"Une communion avec la nature"
L’architecte a souhaité aussi compartimenter les espaces, créer des niveaux, des petits coins cosy. Le décor tout entier porte sa touche. Du calepinage de deux marbres au sol, aux lustres comme des étoiles de mer en passant par le mobilier en bois vernis et les petites lampes comme des méduses qui traduisent sa passion pour le monde marin.
Hugo Toro a aussi dessiné la fresque en corniche. Et glisser des codes nautiques dans les tabourets et les garde-corps chromés comme un bastingage.
La touche arty est la plus réussie avec des décors en fonte qui poussent comme des œuvres d’art pour déranger l’ordre trop strict du décor cossu. La jupe d’un bar devient un bas-relief. Le pied d’une lampe, une tige en éclosion.
"J’ai voulu ces formes organiques et ce verre de Murano pour les lampes qui établit comme une communion avec la nature. Monaco est une ville entre terre et mer et je trouvais cette transition intéressante qui lie aussi Marlow avec Monaco."
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