Procès en appel de l’attentat du 14-Juillet à Nice: la parole est aux enfants

Pour la première fois, des enfants vont témoigner devant la cour d’assises spéciale de Paris, ce lundi. Des mots innocents pour raconter cette attaque qui a frappé des familles un soir de fête.

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à Paris, Christophe CIRONE Publié le 05/05/2024 à 18:15, mis à jour le 05/05/2024 à 18:48
(Photo DR) Christophe Cirone

"Je n’avais rien vu. C’est ma sœur qui m’a dit de courir. Donc j’ai couru. La roue du camion m’a frôlé le talon."

Alexandre n’a pas accompagné sa famille à la barre, jeudi dernier à Paris. Il avait 6 ans, le 14 juillet 2016, quand l’attentat sur la promenade des Anglais a changé le cours de sa jeune vie. Alexandre a voulu témoigner, lui aussi. Alors il a écrit cette lettre lue par Me David Rebibou, en toute fin d’audience. Un avant-goût des dépositions d’enfants prévues ce lundi, devant la cour d’assises spéciale.

Le procès en appel de l’attentat entre dans sa troisième semaine. Elle se résumera à deux jours d’audience, pont de l’Ascension oblige. Mais avec un moment fort. Jamais, jusqu’ici, de jeunes mineurs n’avaient raconté cette tragédie en audience publique.

Le président Laurent Raviot l’avait refusé lors du premier procès. Christophe Petiteau, son successeur, y a consenti. à une condition: ces enfants vont témoigner en visioconférence, depuis le tribunal judiciaire de Nice. Ainsi ne seront-ils pas confrontés à l’intimidante salle "grands procès". Ni au regard des accusés, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, rejugés pour association de malfaiteurs terroriste.

"Jusqu’à ce que ma sœur me cache les yeux"

L’attaque terroriste sur la Prom’ a fait 86 morts dont 15 mineurs, plus de 450 blessés, et laissé des milliers de personnes traumatisées. Ce soir-là, de nombreux enfants ont croisé la mort. à l’instar d’Alexandre. "J’ai vu le camion écraser des gens, des corps allongés sur le sol et du sang de partout, jusqu’à ce que ma sœur me cache les yeux. J’entendais des cris d’enfants, de bébés et d’adultes."

Alexandre a suivi sa maman Agnès sur la plage. "Ma mère nous a dit de nous cacher dans l’eau. Mais on a dit que c’était trop dangereux et qu’il fallait mieux partir." Alors Alexandre et les siens ont fui. "J’ai remarqué qu’il n’y avait plus le père de mon ami..." Le papa de Gabriel, le caporal-chef Hervé Chadeau, compte parmi les 86 anges de la Prom’.

"Je pensais aux morts"

Comme bien des adultes, Alexandre a eu "très peur. Je voulais croire que c’était un cauchemar et je pensais aux morts." Ces peurs, ces cauchemars hantent les années suivantes. Un psychologue accompagne le jeune garçon. "Maintenant quand on en parle, je ne pleure plus. Mais des fois, il m’arrive de repenser à tout ça."

Si les commandos du 13-Novembre à Paris ont frappé l’insouciance de la jeunesse, le terroriste du 14-Juillet a frappé des familles avec des enfants, venues du monde entier, à l’issue d’un feu d’artifice. Cette spécificité rend d’autant plus précieuse la parole des enfants. Même si l’opportunité de les faire venir divise jusque dans les rangs des parties civiles.

Une dizaine d’enfants doit joindre sa voix à celle de plus de deux cents adultes, pour dire l’onde de choc du 14-Juillet. Le procès livrera sa vérité à la mi-juin. Ces enfants, plus encore que leurs aînés, pourront se retrouver dans ces mots de Myrtille, 17 ans, à l’audience de vendredi: "Ce que j’attends de ce procès, c’est le futur."

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