Levée de boucliers contre l’extension d’un centre de stockage de déchets qui suscite l’inquiétude dans l’arrière-pays de Nice

Les maires d’Entrevaux et de Puget-Théniers, dans la vallée du Var, sont vent debout contre l’extension du centre de stockage de déchets existant. Les habitants ont monté un collectif. Une réunion publique aura lieu mercredi 10 septembre.

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Alain Ricci Publié le 07/09/2025 à 13:00, mis à jour le 07/09/2025 à 13:00
Pierre Corporandy, maire de Puget-Théniers (06) et Lucas Guibert, maire d’Entrevaux (04), se mobilisent contre le projet d’extension de ce centre de stockage de déchets. Photo Alain Ricci

"On demande l’abandon du projet", lance le collectif d’habitants nouvellement créé et baptisé Non aux déchets. Carole Bolgari, l’une de ses représentantes, ne digère pas l’arrêté préfectoral du 29 juillet 2025 qui prévoit l’extension d’un centre de stockage de déchets situé à Entrevaux, avec une superficie multipliée par 2,5. 

"Ce seront des déchets verts, mais pas que. Il y aura un changement de destination avec des déchets non dangereux comme des biodéchets, des déchets d’imprimerie ou des déchets de cuisine."

"Une autorisation pour traiter 24.000 tonnes par an de déchets verts et biodéchets"

Pour Johan Buisson, autre membre du collectif: "Ce terrain est inondable dans le lit moyen du Var. Il jouxte une zone humide. Nous sommes sur des terres agricoles. Ce projet, sur un territoire entre deux zones Natura 2000, menace des espèces protégées comme le spélerpès de Strinati et le lézard ocellé."

Et de poursuivre: "Actuellement, moins de 10.000m² sont imperméabilisés. Il y en aura à terme plus de 18.000. Il ne faut pas non plus négliger le risque sur la nappe phréatique affleurante, car les déchets verts peuvent contenir des polluants (pesticides, fongicides, etc.) et des microplastiques."

"Cette situation ne peut pas être laissée sans suite, avertit Jeannine Blondel, présidente de France nature environnement 06 (FNE 06). La nappe phréatique du fleuve Var alimente en eau de nombreuses communes et la Ville de Nice. Nous nous sommes rapprochés de FNE 04 pour traiter ce dossier. Une action groupée est en cours."

"Ce terrain est inondable dans le lit moyen du Var. Il jouxte une zone humide." Photo NM.

"Le projet porté par Suez sur la commune d’Entrevaux concerne l’extension d’une plateforme de compostage de déchets verts. L’augmentation des volumes de traitement a conduit Suez à solliciter une autorisation pour traiter 24.000 tonnes par an de déchets verts et biodéchets, explique la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence. Les déchets verts traités proviennent essentiellement des collectivités. Les biodéchets collectés font l’objet d’une valorisation séparée, conformément à l’obligation en vigueur depuis le 1 janvier 2024. À noter que les boues de stations d’épuration ne sont pas acceptées."

Pour Suez, "la demande d’extension fait suite à l’augmentation du gisement de déchets verts et de biodéchets à traiter en l’absence d’autre plateforme en activité sur les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes. (…) Pour 2026, au regard des gisements nous estimons le volume de déchets verts et biodéchets entrants sur la plateforme de compostage d’Entrevaux entre 10.000 et 15.000 tonnes. Ainsi le site montera progressivement en puissance."

Mais "cette extension va faire venir encore plus de camions, insiste Carole Bolgari. Nous avons fait les comptes. Actuellement, 30 tonnes sont livrées par jour soit quatre rotations de camions. Avec l’extension, il y aura 66 tonnes par jour soit huit rotations. Et ça pourra monter à 80 tonnes par jour, soit 10 rotations de camions."

"Absence de concertation avec les élus et les habitants"

Même combativité pour les deux maires des communes concernées: Entrevaux et Puget-Théniers. Le maire d’Entrevaux, Lucas Guibert, a pris une délibération contre le projet et envoyé une lettre au préfet.

Deux courriers ont également été expédiés par le maire de Puget-Théniers, Pierre Corporandy, également président des maires ruraux des Alpes-Maritimes, à destination du préfet des Alpes-de-Haute-Provence.

Toutes ces missives sont restées sans réponse.

D’une seule voix les deux maires reprochent "les nuisances olfactives, le risque de pollution de la nappe phréatique et l’augmentation du trafic routier avec des camions à gros tonnage".

Lucas Guibert et Pierre Corporandy dénoncent "l’absence de concertation avec les élus et les habitants" et interrogent: "Est-ce que c’est aux territoires ruraux d’accepter les déchets des urbains? Pour ce méga projet, pourquoi n’y a-t-il pas eu d’enquête publique?" Des maires qui n’excluent pas un recours devant le tribunal administratif de Marseille.

Une réunion publique, à destination des habitants d’Entrevaux, de Puget-Théniers et plus globalement de la vallée, organisée par le collectif d’habitants Non aux déchets, aura lieu mercredi 10 septembre 2025 à partir de 17 heures dans la salle polyvalente d’Entrevaux.

D’une seule voix les deux maires reprochent "les nuisances olfactives, le risque de pollution de la nappe phréatique et l’augmentation du trafic routier avec des camions à gros tonnage". Photo NM.

Chronologie

Décembre 2024: dépôt de la demande d’extension.

10 mars au 7 avril 2025: consultation du public.

10 mai 2025: conclusion du rapport de la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence.

24 juin 2025: avis favorable, à la majorité, du conseil départemental de l’environnement, des risques sanitaires et technologiques.

29 juillet 2025: publication de l’arrêté préfectoral d’autorisation.

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