Traitement des déchets à Monaco: le projet "Symbiose" estimé à 655 millions d'euros

Lors de la présentation aux élus, fin novembre 2021, du futur centre de tri et de valorisation des déchets envisagé sur l’îlot Charles-III à Monaco, le chiffre de 304M€ avait été évoqué. Ce sera plus du double. Explications.

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Thibaut Parat Publié le 18/10/2023 à 15:30, mis à jour le 18/10/2023 à 15:33
L’actuelle usine d’incinération, située à Fontvieille, est considérée comme vieillissante. Son maintien en activité va coûter 60 millions d’euros à l’État d’ici 2030. Photo Jean-François Ottonello

Longtemps sujet de discorde dans l’Hémicycle du Conseil national et de dossiers avortés, la question du traitement des déchets en Principauté et du devenir de l’usine d’incinération de Fontvieille avait pourtant été source d’un satisfecit général en novembre 2021.

À cette époque, la Société monégasque d’assainissement, sollicité par l’État, avait présenté aux élus un ambitieux projet de construction d’un centre de tri et de valorisation des déchets sur l’îlot Charles-III, que l’on pourrait résumer ainsi: moderne, bien moins polluant et rendant le quartier de Fontvieille autonome en énergie.

Baptisé "Symbiose", le dossier alors exposé pesait 304 millions d’euros. Ce lundi soir, lors des débats autour du budget rectificatif 2023, les conseillers nationaux ont pourtant avancé un tout autre chiffre, figurant dans le plan triennal d’équipements publics: 655 millions d’euros. Plus du double, donc.

"Il faut savoir s’arrêter à temps"

"Ne pourrait-on pas revoir nos ambitions à la baisse sur ce dossier, a suggéré Jean-Louis Grinda, craignant que le budget ne dépasse le milliard d’euros. Cela me semble scandaleusement élevé et politiquement indéfendable au moment où l’on doit faire des choix stratégiques déterminants." 

Franck Julien a surenchéri: "Vous avez eu mon aval pour la somme initiale mais vous ne l’avez plus du tout pour le montant engagé".

De même que Nathalie Amoratti-Blanc: "C’est un projet pharaonique qui dépasse peut-être Monaco. Il faut savoir s’arrêter à temps…" À quoi doit-on imputer ce différentiel budgétaire conséquent?

Céline Caron-Dagioni, conseiller de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme s’en est expliqué auprès des élus, lesquels ont apprécié et loué sa franchise. "Cette présentation du projet faite par le concessionnaire pressenti [la SMA] omettait une partie du dispositif. Il ne parlait que de la tour et du process industriel, explique-t-elle. Il manquait le traitement des eaux résiduaires, la centrale de chaud et de froid, la collecte pneumatique des déchets du nouvel hôpital, la boucle eau de mer, le refroidissement de secours et le démantèlement et la dépollution du site. J’ai bataillé pour que l’on puisse, dans le cadre de la transparence qui vous est due, donner l’ensemble du projet (...) Dès le départ j’ai réagi, y compris devant vous."

Le cahier des charges revu

Ces dernières semaines, le gouvernement princier a demandé aux équipes planchant sur Symbiose de revoir leur cahier des charges initial. "L’idée est de voir si l’on peut optimiser le process et quelles fonctionnalités nous pourrions perdre. Et savoir si, oui ou non, nous avons la capacité de payer notre ambition sur l’ensemble des fonctionnalités du projet Symbiose."

Une requête urgente car le concept de l’industriel, estimé à 180 millions d’euros, a déjà été commandé "avec une tranche ferme à confirmer d’ici la fin de l’année, laquelle est soumise à des pénalités financières".

Un montant non communiqué lors de cette séance publique. Le ministre d’État a proposé aux élus une réunion courant novembre pour évoquer davantage ce projet, aussi technique qu’épineux, symbole des desseins environnementaux de Monaco en matière de transition énergétique.

Aux conseillers nationaux qui ont émis l’hypothèse de traiter les déchets ménagers à l’étranger* - l’élu Franck Julien a même évoqué la piste du site de la Brasca à Èze - Pierre Dartout a réaffirmé la volonté de l’État monégasque d’être "souverain" en la matière. "Je suis favorable à ce que l’on ait cet équipement à Monaco. En France, ce type d’installation pose beaucoup de problèmes d’ordre technique et d’acceptation par les riverains. Certaines usines ont montré leur impossibilité d’accueillir des déchets sur une période assez longue, décrit-il. Attention que l’on n’ait pas une mauvaise surprise si on n’a pas de dispositif de traitement satisfaisant en Principauté."


*Le mâchefer (résidus de la combustion des déchets), les déchets du BTP, et ceux du CHPG dans une moindre mesure, sont expédiés en France.

Le chiffre

60

C’est le coût, en millions d’euros, du maintien en activité de l’actuelle usine d’incinération jusqu’en 2030. Cette infrastructure vieillissante avait été mise à feu en 1980 en plein cœur du quartier de Fontvieille. "Cet été, nous avons eu une alerte, a signalé ce lundi soir Céline Caron-Dagioni, conseiller de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme. Nous avons dû changer en urgence une pièce qui est tombée en rade. Ce n’était pas prévu dans le plan de maintenance. Il y a des signes… On ne pourra pas aller plus loin que 2030."

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