Dix-huit ans après son accession au trône, le prince Albert II vit indéniablement l’un des moments marquants de son règne. De ceux qui font appel aux tripes et révèlent, quitte à surprendre certains de ses sujets, un changement de cap. Un rendez-vous avec l’Histoire, comme ses prédécesseurs l’ont connu en d’autres circonstances, qui impose de choisir. Trancher en "Patron".
Reconnu pour sa bienveillance, le Souverain a ainsi décidé de taper du poing sur la table et procéder à un grand ménage à des postes clés dans la Maison souveraine, un an et demi après avoir déjà bouleversé son Cabinet et indiqué la sortie à de proches collaborateurs empêtrés dans des soupçons de trahison.
Ce mercredi, via communiqué, le Palais princier a ainsi confirmé l’information publiée plus tôt par Monaco-Matin du départ de l’administrateur des Biens du Prince, Claude Palmero, après 21 ans de service. "Le prince Albert II a accepté la décision de Monsieur Claude Palmero de faire valoir ses droits à la retraite à partir du 12 juin prochain." Sobre, le Prince remercie l’intéressé "pour le professionnalisme dont il a fait preuve tout au long des années passées au sein de l’Administration de (s) es biens et de la Maison Souveraine".
Salim Zeghdar nommé par intérim
Selon nos informations, Claude Palmero ne s’attendait pas à empaqueter ses bouquins et maquettes si tôt, pour finir ses quelques jours de carrière au service de l’État en télétravail. Fidèle du Prince, Salim Zeghdar* assurera l’intérim avant qu’un nouvel administrateur des Biens ne soit nommé "prochainement".
Pourtant le Prince avait envoyé un signal clair dans les colonnes de Monaco-Matin le 24 mai dernier, annonçant avoir "demandé aux personnes impliquées dans les affaires dites des Dossiers du Rocher de faire face à leurs responsabilités".
En cause essentiellement: le "G4", surnom donné à l’influent quatuor d’amis Laurent Anselmi, chef de cabinet du Prince; Thierry Lacoste, avocat du Souverain; Didier Linotte, président du Tribunal suprême; et Claude Palmero. Tous victimes de piratages informatiques qui ont vu ces derniers mois une sélection de leurs échanges numériques diffusée sur Internet. Des fuites dont la Justice - y compris française - recherche le ou les auteur(s) mais qui ont d’ores et déjà eu l’effet de semer le doute sur la probité du quatuor.
Avant même que justice ne passe, leur complicité dans la gestion de grands projets immobiliers de la Principauté est apparue dérangeante et suspecte pour le tribunal populaire. "Je comprends que cela ait pu troubler le grand public", confessait le prince Albert II dans Monaco-Matin le 24 mai, déplorant non sans émotion que la médiatisation de l’affaire nuise autant à l’image de la Principauté.
Souverain qui avait alors concédé éprouver "une certaine solitude", mais pouvoir compter sur sa famille, ses amis et des "collaborateurs fidèles". Et il lui en faudra pour reconstruire un entourage professionnel sain.
Laurent Anselmi quitte le Cabinet du Prince
Outre Claude Palmero, le chef de Cabinet du souverain, Laurent Anselmi, est ainsi en instance de départ. Il s’est vu remettre une lettre écrite de la main du Souverain mettant fin à ses fonctions au 30 juin au plus tard. Avec toutefois une élégante porte de sortie puisqu’il conserve le Secrétariat général de la Chancellerie des Ordres de la Couronne, et hérite d’une nouvelle mission chère au Souverain, la gestion de la future Académie de la Mer - pensée avec la région voisine comme un institut d’enseignement en français.
Aucune information n’a en revanche filtré sur le casting des candidat (e) s au poste de chef de Cabinet du Prince, ni sur le timing de cette nomination.
La valse des postes ne devrait pas s’arrêter à ces deux personnalités. Ce mercredi, des consultants du Palais ont ainsi été congédiés, avec même une interdiction de paraître au Palais pour l’un d’eux, spécialisé dans les nouvelles technologies.
Les bases de l’acte II du règne d’Albert II? Le Prince a en tout cas été clair dans nos colonnes sur ce qu’il entendait par le "sens du devoir" et l’intérêt général, notamment dans la gestion de la question immobilière et de l’urbanisme: "Il faut être plus rigoureux dans le respect du cahier des charges et sur toutes les lignes des projets publics. Il faut réinstaurer plus de rigueur et de suivi."
*Homme d’affaires multitâches et figure locale, Salim Zeghdar est notamment président délégué du Salon Top Marques ; administrateur délégué de Monaco Live Productions et fondateur des Sérénissimes de l’Humour ; ou encore depuis plus récemment directeur général de TV Monaco, chaîne qui émettra d’ici la fin d’année après avoir intégré le réseau TV5 Monde.
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