Plusieurs axes d’enquête sont étudiés dans l’affaire du petit Émile. La piste d’un accident de la route avec dissimulation du cadavre. Mais aussi la piste familiale, avec un accident domestique qui impliquerait là encore de dissimuler le corps. Une troisième piste est également sur le dessus de la pile sur le bureau des enquêteurs: celle de l’enfant qui se serait égaré et serait tombé, à bout de forces, dans la nature.
L’absence de traces de coups sur le crâne du petit retrouvé le 30 mars sur un chemin, par une randonneuse, pourrait plaider en faveur de la thèse de l’enfant égaré dans la nature. "Le crâne présente de petites fractures et des fissures post-mortem", ainsi que "des traces de morsure probablement causées par un ou des animaux", avait indiqué le procureur. Ajoutant: "Aucun traumatisme ante mortem n'a été observé." Selon lui, l’aspect des ossements découverts permet de déterminer qu’ils n’ont pas été enfouis. "Ils ont été exposés longtemps aux variations météorologiques et aux intempéries."
Pour autant rien qui ne permette d’indiquer la cause de la mort. Un élément troublant, révélé par nos confrères de BFMTV, vient perturber la thèse accidentelle: l’absence des lacets sur les chaussures de l’enfant. Mais, les spécialistes des faits divers le savent, des faits apparemment troublants trouvent parfois, en matière de criminologie, une explication logique.
Des pistes farfelues
La piste de l’accident de la route retient également l’attention des enquêteurs. En ce début de juillet 2023, la moisson battait son plein et les engins agricoles sillonnaient le village. Le petit a-t-il pu être renversé accidentellement par un engin et son corps ensuite dissimulé? Les juges ont procédé à des auditions, notamment celle d’un jeune agriculteur du village. Il avait eu une altercation avec le grand-père d’Émile, le matin même de la disparition. Mais, à ce stade, cette piste n’a rien donné et le jeune homme, auditionné, n’a pas été inquiété.
Reste la piste familiale avec la possibilité d’un accident domestique. Le passé du grand-père, Philippe V., avait été exhumé par le Canard enchaîné. Entre 1991 et 1994, il avait travaillé dans une école privée hors contrat, Saint-Jean-Bosco de la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais). Témoin assisté dans cette affaire - un statut plus favorable que la mise en examen - il avait été reproché à "Frère Philippe", des méthodes musclées, notamment des violences physiques. Mais là encore, aucun élément quel qu’il soit n’est venu pour l’instant étayer le début d’une piste.
Il serait faux de dire que l’enquête n’avance pas. Les enquêteurs ont fermé nombre de portes. Y compris les plus farfelues comme l’enlèvement par un rapace. Pour autant, la Cellule nationale Émile n’exclut aucune piste, comme l’a rappelé le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon.
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