"C'est honteux, on a piqué notre argent"; "C'est un vrai scandale!"; "Que faire sachant que j'ai mis toutes mes économies dans cette croisière pour vivre cette expérience avec mes enfants?".
Sur la boucle WhatsApp "Victimes de Star Croisières", qui compte pour l'heure 260 membres, les témoignages d'indignation ne cessent d'affluer depuis ce week-end. Tous ont payé auprès de cette société monégasque, en partie ou intégralement, une croisière pour plusieurs jours en mer mais ne pourront pas embarquer à bord de navires dans différents ports du monde dont ceux de Cannes et Marseille.
Pour certains, le départ est imminent : dès cette semaine. Pour d'autres, la réservation est plus lointaine, jusqu'en 2027. Tous ont engagé des sommes conséquentes, de 2.000 euros jusqu'à plus de 35.000 euros, factures à l'appui. Peut-être plus pour d'autres clients ne s'étant pas encore manifestés.
On vous explique la chronologie.
"Plus en mesure d'honorer ses engagements"
Tout est parti d'un mail de MSC Croisières, adressé le jeudi 31 juillet à ses clients, que Monaco-Matin a pu consulter grâce à Marlène M., une résidente de Beausoleil concernée par une croisière en août. "Vous avez réservé une croisière auprès de notre partenaire Star Croisières, et vous avez réglé, partiellement ou en totalité, le montant de cette réservation auprès de cette agence (...) Malheureusement, en raison des difficultés financières rencontrées par Star Croisières, les fonds que vous avez versés ne nous ont pas été transférés. De ce fait, nous ne sommes pas en mesure, à ce jour, de valider votre départ", peut-on lire. Les services de MSC se disant "sincèrement désolés pour cette situation indépendante de [sa] volonté".
Là où le bât blesse aux yeux des croisiéristes, c'est la proposition formulée par la compagnie de navires de croisière : "Si vous souhaitez maintenir votre projet de croisière, nous serons heureux de vous accompagner dans la mise en place d'une nouvelle réservation, soumise à un règlement intégral. Afin de garantir la disponibilité de votre cabine, nous vous invitons à nous contacter avant le lundi 04 août à 18h. Passé ce délai, nous serons contraints d'annuler la cabine initialement prévue." Et donc de recommercialiser la cabine.
Le lendemain, le vendredi 1er août, c'est au tour de l'agence de voyages monégasque Star Croisières de sortir du bois via un mail adressé à ses clients. En explicitant davantage la situation. "La SARL Star Croisières n'est malheureusement plus en mesure d'honorer ses engagements et a été contrainte de déposer une requête tendant à la constatation de son état de cessation des paiements aux fins d'obtenir un jugement emportant désignation d'un syndic et ouverture d'une procédure collective".
Selon nos informations, une audience au tribunal de Monaco pourrait se tenir dès ce mardi 5 août à ce sujet. La décision rendue par les juges fera ensuite l'objet d'une publication au Journal de Monaco. En attendant que la procédure suive son cours, Star Croisières renvoie ses clients vers... MSC Croisières.
"Il y a énormément de victimes"
"Il y a énormément de victimes. Cette affaire touche à l'humain dans ce qu'il y a de plus profond. Des gens se sont sacrifiés pendant des années pour se payer cette croisière", déplore Karen Lebigre, juriste à la mairie de Paris, à la tête du collectif. Pour l'heure, celle qui a elle-même avancé une somme de 3.200 euros a listé plus de 100 personnes lésées pour un préjudice dépassant les 300.000 euros. "Ce chiffre que j'avance est sur la base des factures qui m'ont été transmises. Il est sans doute largement sous-estimé. Des victimes continuent de se greffer chaque jour. L'information se répand peu à peu."
Ils sont originaires de Monaco, de France (de métropole et des DOM-TOM), d'Italie, de Belgique, du Maroc, du Mexique, d'Argentine, etc... Parmi eux, mais ils sont rares, certains ont accepté de payer une seconde fois pour ne pas faire une croix sur leur voyage et décevoir leurs enfants.
"On est une vingtaine du Centre hospitalier Princesse-Grace de Monaco à être concernés pour une croisière en février 2026 pour les Emirats Arabes-Unis au départ de Dubaï, témoigne Valérie Kardoulias. Une collègue, qui a avancé les frais pour d'autres, a perdu 20.000 euros. Nous, on avait versé un acompte de 2.200 euros pour fêter nos 30 ans de mariage. C'est un sacré choc. Je ne me fais pas trop d'illusions sur un potentiel remboursement. Je suis écœurée par MSC Croisières qui ne fait aucun geste commercial. Une de mes collègues a acheté en supplément des spas auprès d'eux alors qu'ils disent n'avoir reçu aucun versement de leur partenaire Star Croisières. Est-ce normal? Il y a un couac quelque part..."
Marlène M., autre leadeur du collectif, a engagé 7.454 euros pour une croisière d'une semaine en Méditerranée, du 10 au 17 août. "Ce sont des montants astronomiques. Pour certains, ce sont les économies d'une vie et un rêve qui partent en fumée. Personnellement, j'avais déjà mon esprit sur le bateau. Avec mon mari, on est artisans, on travaille dur toute l'année pour s'offrir ça, peste cette Beausoleilloise. C'est vraiment une double peine. On voulait faire la surprise à nos enfants, voir les lumières s'allumer dans leurs yeux. Au moins, pour eux, il n'y aura rien d'annulé..."
A ses yeux, la position tenue pour l'heure par MSC Croisières est un "chantage financier, affectif, émotionnel".
"Leur concurrent Costa Croisières a pris le contre-pied et accepte d’embarquer les clients avec la facture acquittée, mais on ignore combien de temps cela va durer. Ils se retourneront ensuite, sans doute, contre Star Croisières pour recouvrer les sommes dues", indique Karen Lebigre.
Plusieurs actions en cours
Tous sont déterminés à mener la fronde et le combat.
Plusieurs actions ont d'ores et déjà vu le jour : des mails de mise en demeure à MSC Croisières, une alerte aux médias régionaux et nationaux ainsi qu'au magazine 60 Millions de consommateurs, une pétition en ligne (288 signataires), une cagnotte pour les éventuels frais de justice.
"On prévoit aussi une plainte collective mais, pour cela, il faut attendre qu'un mandataire judiciaire soit nommé à Monaco", confie Karen Lebigre.
Contactés, la compagnie MSC Croisières ainsi que le cabinet d'avocats de Stars Croisières n'ont, pour l'heure, pas répondu à nos sollicitations.
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