Biodéchets: comment cette entreprise de recyclage toulonnaise s'est imposée dans le paysage azuréen

Depuis 2018, les Alchimistes travaillent à transformer localement des déchets alimentaires en compost destiné aux agriculteurs. Petite association dynamique qui officiait dans le territoire de Toulon il y a 7 ans, les Alchimistes sont aujourd'hui devenus une entreprise qui emploie 35 personnes. Cédric Davoine, l'un de ses cofondateurs, revient sur leur ascension.

Flora Zanichelli Publié le 25/06/2025 à 20:21, mis à jour le 15/07/2025 à 10:46
Les Alchimistes Côte d'Azur ont récemment inauguré un site à Cuers. Camille Dodet

Ils en ont fait du chemin, depuis 2018! Ce mardi, les Alchimistes Côte d'Azur ont inauguré leur 3e site industriel dans le Var, à Cuers. Une plateforme située dans la zone industrielle, conçue pour recevoir 730 tonnes de déchets par an de biodéchets et produire 150 tonnes de compost pour nourrir les sols azuréens. Une nouvelle pierre posée à leur réseau, résolument tourné vers l'économie circulaire. Deux autres sites complètent leur offre : à la Farlède (2022) et Puget-sur-Argens (2023). 

Pédagogie sur le Vieux-Port, développement industriel

Cédric Davoine se souvient encore des premiers rendez-vous sur le Vieux port de Toulon, qui avaient pour ambition première de communiquer sur les biodéchets. Quand les Alchimistes n'étaient encore qu'une association qui faisait le tour des restaurateurs à vélo, collectant les biodéchets pour les transformer en compost pour les agriculteurs locaux. A l'époque, l’association, fondée par Anne-Sophie et Cédric Davoine, déclarait comme objectif dans Nice-Matin celui de "changer le monde et les (mauvaises) habitudes", en favorisant les circuits courts. 

"Pourtant, dès le début, nous avions un objectif de développement industriel", précise Cédric Davoine. Aux manettes, à ses côtés, son épouse, Anne-Sophie et Davide, ancien maître composteur. Aujourd'hui, l'entreprise dite ESUS (Économie Sociale et Solidaire) emploie 35 salariés, dont certains en situation de handicap, qui officient sur l'est Var et les Alpes-Maritimes. Depuis 2024, un bureau commercial est ouvert à Nice, afin de consolider l'action sur le territoire et d'avoir un référent. 

Coup de pouce législatif et effet boule de neige


Avec la loi AGEC depuis début 2024, le tri des biodéchets est devenu une obligation pour tous. "Plus personne ne peut faire comme si ça n’existait pas”, affirme Cédric Davoine pour qui la loi a agi comme une décharge électrique. Aujourd’hui, l’enjeu est double : multiplier les infrastructures et renforcer la sensibilisation. "Trier est un geste simple", affirme Cédric Davoine. 

Malgré tout, leur adoption n'est pas toujours simple. 

90% de leur clientèle est constituée de professionnels  : des hôtels comme Le Carlton à Cannes, des écoles à Menton, ou encore Mandelieu). Sans oublier des Ehpads et hôpitaux. "Il y a un effet boule de neige, poursuit Cédric Davoine. Quand les hôtels ont vu le Carlton mettre la main à la pâte, ils ont fait de même." 

Les Alchimistes ont donc développé une petite rhétorique bien à eux. "Quand on arrive dans un Ehpad et qu'on nous dit que c'est compliqué, on leur dit qu'on en accompagne déjà une cinquantaine, ça aide." Autre argument de taille : la réduction de la facture… Avec moins de traitement d'ordures, le portefeuille s'allège. 

Un territoire en mutation

Notre territoire a du retard. Marqué par une forte pression foncière sur les Alpes-Maritimes, il n'est pas toujours facile de trouver où s'implanter. Mais le soutien progressif des autorités devrait, là aussi, donner un fort coup de pouce à l'activité. " Des choses bougent sans aucun doute " Les Alchimistes visent désormais une plateforme par an.

Avec, à l'horizon 2030, une valorisation de 15 000 t/an de biodéchets et la création de 50 emplois, dont la moitié en insertion sociale et professionnelle. Forts d’une levée de fonds de 2,1 M€ en mars 2024, ils comptent investir 6 M€ sur trois ans dans leur réseau, confortant ainsi leur place de leader local. 

Pourquoi on en parle?

Depuis le 1er janvier 2024, le tri des biodéchets est devenu une obligation en France et dans toute l’UE. Et il y avait urgence. Ces déchets, qui représentent environ un tiers de nos poubelles, libèrent du méthane (25 × plus puissant que le CO₂) lorsqu’ils sont incinérés ou enfouis. En revanche, triés à la source, ils se transforment en atouts : compost nutritif pour les sols, énergie verte via la méthanisation, et réduction concrète des émissions de gaz à effet de serre. Socialement et économiquement, cela signifie moins de frais de décharge, des collectivités soutenues (via le Fonds vert), et des agriculteurs bénéficiant d’amendements naturels. Mais la mise en œuvre du tri et traitement des biodéchets reste à la peine. "Un an après l’obligation du tri à la source (depuis janvier 2024), uniquement 40 % des Français ont accès à une solution de collecte (compostage ou bacs dédiés), et moins de 20 % bénéficient d’un système régulier de collecte en porte-à-porte ou via points d’apport volontaire", constate la Banque des territoires. En inaugurant, cette semaine, leur 2e site de compostage à Cuers qui est également leur 3e site industriel de traitement des biodéchets, les Alchimistes se révèlent des acteurs actifs en la matière, mais également des témoins de l'évolution du territoire.

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