Tout ce qu'il faut savoir sur la première édition des Pointus à Port-Cros, les 13 et 14 septembre

"Bon vent, bonne mer!" C’est le souhait qu’ont formulé les propriétaires de pointus qui ne pourront pas être sur l’île, samedi 13 et dimanche 14 septembre, pour la première des Pointus à Port-Cros.

Un grand raout glissant sur les fonds éblouissants de la plus vieille aire marine protégée d’Europe, qui célébrera, pendant deux jours, le patrimoine maritime méditerranéen en mettant à l’honneur ces embarcations traditionnelles emblématiques de notre littoral: exhibitions en rade de l’île, défilés sur l’eau des équipages en tenue, concours de manœuvre et de précision, vire-vire des pointus dans la passe entre Bagaud et Port-Cros (le dimanche), etc... Une vingtaine de propriétaires et leurs équipages jetteront l’ancre sur l’île, suivis par quelques vieux gréements.

Un patrimoine qui remonte au XVIIIe siècle

Ces embarcations de pêche effilées – gourses, tartanes et bettes, mourres de pouar, ou encore barquettes marseillaises – sillonnent nos côtes depuis le XVIIIe siècle.

"Encore dans les années 1990, le pointu en Méditerranée, c’était le bateau de pêche par excellence. Mais celui-ci a été remisé au profit de bateaux nouvelle génération, des coques plastiques nécessitant moins d’entretien", explique Étienne Cavatore.

D’une très vieille famille de pêcheurs du Lavandou - la branche des Sanguinetty, 6e génération, pêche encore aujourd’hui sur les eaux littorales -, ce professeur émérite en physique chimie, à quai à Port-Cros trois mois dans l’année, fait partie de la communauté grandissante des passionnés qui restaurent œuvres vives (coque), pavois, ponts, plat-bords, etc... reprennent la barre, gonflent à nouveau les voiles des embarcations gréées, relancent "le teuf teuf des pointus", ce bruit des moteurs qui égaye les ports.

Son bateau, le Clémence II, un élégant 5,60m pointu en poupe et en proue, est d’ores et déjà amarré au ponton historique des pêcheurs de l’île. Il participera à la régate, emmenée aux chants du Bagad, l’orchestre de la Marine Nationale.

"Les vingt-sept musiciens ont répondu présents, ils suivront sur une barge la procession des embarcations", précise-t-il. Comme beaucoup de Port-Crosiens, Etienne Cavatore est aussi à la manœuvre, pour organiser l’évènement.

"Ici, historiquement, il y avait trois familles de pêcheurs, les Touze, les Pascal qui étaient aussi les boulangers de l’île, et les Follis devenus Papasseudi. Il y a une filiation aux pointus qui est immédiate, ça a toujours fait partie du paysage de l’île", défend le professeur.

Organiser une grande fête des pointus pour faire revivre ce patrimoine? Il a, bien évidemment, immédiatement adhéré.

L’effet carte postale

L’idée a jailli il y a huit mois, entre gens de l’île, autour d’un apéro. Ils étaient une quinzaine, majoritairement des habitants permanents.

"Quand j’ai lancé l’idée, tout le monde s’est enthousiasmé. Les pointus, c’est une « putain" de poésie et ça colle parfaitement à ce lieu à part. On n’allait pas organiser une rencontre de jet-skis! », avance Michael Draï.

Fraîchement nommé à la présidence du comité des fêtes, ce Port-Crosien d’adoption depuis trente-cinq ans, qui a lui-même eu son propre pointu à Port-Cros, voulait rendre la pareille "aux habitants qui m’ont si généreusement accueilli toutes ces années".

Sa contribution professionnelle - il dirige une agence de conseil en stratégie de communication pour des grands patrons à Paris -, c’est un peu comme l’œuf dans la mayonnaise.

Mais l’huile et les condiments, ce sont les Port-Crosiens qui les ont apportés: habitants permanents, restaurateurs, tous ont peu ou prou participé à l’organisation.

"Une île, c’est jamais simple, les gens ne sont pas toujours ouverts. Là, il se passe vraiment quelque chose, une quarantaine de Port-Crosiens sont mobilisés, même le Parc National apporte son aide à l’organisation et la logistique", précise Michael Draï. Dès l’origine du projet, les Port-Crosiens "voulaient que l’image soit belle avec les pointus".

Cette première sera un véritable voyage dans le temps: équipages en costumes d’époque – les visiteurs sont également invités à jouer le jeu de la tenue en arborant canotiers, marinières, bottes de pêcheurs –, concours de pétanque, reconstitution historique à la maison du pêcheur, sur le port.

Etienne Cavatore, qui en est le propriétaire, a ressorti pour l’occasion l’attirail de pêche de ses ancêtres: nasses à langoustes, emborgniers (des nasses pour les congres et les murènes, Ndlr), couffes à palourdes, viviers, et des kilomètres de filets de pêche.

"On va repimper la maison, l’île en elle-même est un écrin, on essaye de lui donner un supplément d’âme le temps d’un week-end", souffle-t-il.