L’association ADE Méditerranée s'associe avec l'Italie pour développer des programmes transfrontaliers de recherches archéologiques

Engagée dans des travaux d’étude et de recherche archéologique, l’association ADE Méditerranée vient de signer un partenariat avec le ministère de la culture italien et l’université de Gênes. Pour favoriser la coopération.

Article réservé aux abonnés
Alice Rousselot (arousselot@nicematin.fr) Publié le 03/07/2025 à 20:02, mis à jour le 04/07/2025 à 15:24
La signature s’est faite au Palazzo Reale, le siège des musées nationaux de Gênes. Photo DR

Huit mois auront suffi pour aboutir à un accord international. Le 1er juillet, au Palais royal de Gênes, un protocole de coopération scientifique et culturelle a été signé entre le ministère italien de la culture, l’université de Gênes, le musée des Balzi-Rossi de Vintimille, la Ville de Menton, le musée de Préhistoire régionale de Menton, et l’association ADE Méditerranée. L’enjeu? Développer des programmes transfrontaliers en faveur de la recherche et de la valorisation du patrimoine préhistorique franco-italien.

Le plus beau, c’est que tout est parti de la découverte de quatre grottes et une cavité sous-marines au pied du site préhistorique de Balzi Rossi par l’archéologue Almudena Arellano et les plongeurs d’ADE Méditerranée, en août 2023.

Si l’on continue de rembobiner, l’association avait ensuite obtenu une autorisation de prospection émanant du ministère de la culture italien pour fouiller la zone émergée. Dans l’idée d’étudier la continuité entre la partie terrestre et la partie sous-marine du site.

Antonella Traverso, conservatrice des grottes et du musée des Balzi Rossi, n’avait pas tardé à rejoindre l’aventure. Ne restait plus qu’à viser encore plus haut en termes de collaboration pour monter en puissance.

Géologues à la rescousse

La signature vient ainsi récompenser la ténacité d’ADE Méditerranée et de ses alliés. Et ouvrir la voie du financement d’un programme ambitieux.

"Grâce à ce partenariat, on peut bénéficier du renfort de l’ensemble des laboratoires de l’université de Gênes pour faire avancer les choses. Le département géologie va notamment travailler sur les lignes de rivage de notre secteur de prospection, cet hiver. Cela va se relier à la cartographie précise de tous les sites archéologiques terrestres et sous-marins des Balzi-Rossi sur laquelle nous travaillons. Leur aide nous permet d’avoir de plus grandes prétentions. Les échantillons, les analyses ne pouvaient être faits par ADE seule…", explique Almudena Arellano. Précisant que l’ensemble des signataires œuvre pour s’inscrire dans un projet européen de coopération Interreg. "Pour cela, il faut une équipe scientifique consolidée. Et trois pays partenaires. Les Italiens nous aident à chercher du côté des autres pays méditerranéens", complète l’archéologue.

Trois priorités

Le président d’ADE Méditerranée, Bernard Peyrano, indique que le protocole de coopération fraîchement ratifié repose sur trois priorités. Une partie culturelle, d’abord. Un travail est ainsi mené avec Antonella Traverso pour faire connaître les musées des deux côtés de la frontière. "On va essayer d’intégrer tous les niveaux scolaires pour que le parcours que l’on est en train d’élaborer – entre le musée de la préhistoire de Menton, le musée des Balzi Rossi et le pôle art, science et pédagogie que l’on va ouvrir au port de Garavan, idéalement début octobre, pour la Fête de la science – soit connu. L’idée, c’est que les jeunes puissent bénéficier de la richesse du patrimoine sur le territoire." Deuxième priorité: le volet recherche, conduit avec l’université de Gênes. Les scientifiques pourront apporter leurs connaissances et leurs moyens techniques. Quand, parallèlement, on pourra compter sur l’expérience en plongée d’ADE Méditerranée et les collections des deux musées.

La troisième priorité? Il sera question de numérique, avec le département dédié de l’université de Gênes. "Il s’agira de mettre les ressources en commun. Et de développer tout ce qui est immersif pour mettre le public en situation. L’enjeu étant de proposer une plongée dans la baie il y a 24.000 ans", pose Bernard Peyrano.

"On veut créer une réalité virtuelle chronologique pour comprendre l’ampleur des changements géologiques, humains, ou encore du biotope sur notre territoire commun – entre le cap Martin et le cap Mortola, complète Almudena Arellano. L’idée, c’est de voir comment l’évolution a permis au territoire d’être ce qu’il est aujourd’hui. Mais aussi de se projeter pour évaluer ce qu’il va se passer. C’est un travail que l’on commence à faire sur les sources. Elles étaient exploitées dans le passé… et peuvent servir dans le futur."

Hypothèses confirmées

On l’aura compris, le programme abordera aussi grandement la question de la biodiversité. "On a déjà découvert des choses extraordinaires sur le plan des écosystèmes. Nous sommes même en train de discuter avec l’université de San Diego pour des protocoles à mettre en place à Menton par rapport au corail…", glisse Bernard Peyrano.

Le bilan de la première année depuis qu’ADE Méditerranée est autorisée à sonder les fonds marins italiens? "Nous avons rencontré des difficultés au niveau de la météo, il y a des choses que l’on n’a pas pu faire. Nous avons malgré tout pu vérifier ce que l’on appelle la zone à grottes. Et les hypothèses que j’avais formulées se confirment", résume Almudena Arellano. Soulignant que les équipes ont en effet trouvé onze cavités – en comptant les cinq déjà découvertes – potentiellement habitables par les premiers chasseurs-cueilleurs jusqu’aux premiers agriculteurs. Soit sur l’ensemble de la Préhistoire. Quant à la continuité entre la partie terrestre et la partie sous-marine, elle paraît bien corroborée.

"Ce que l’on connaît des Balzi Rossi s’étale en fait plusieurs kilomètres sous l’eau. On y retrouve des niches écologiques très particulières. Entre autres parce que la composition du sol, qui permet à certaines formes de se développer, est liée à ce qu’il y avait quand la zone était terrestre. On compte sur les collègues géologues pour travailler là-dessus", indique l’archéologue.

Et si les recherches se concentrent pour le moment côté italien, Almudena Arellano a bien conscience que le moment viendra de passer la frontière.

"Le partenariat ne fait qu’appuyer en ce sens. Il est donc probable que l’année prochaine, une fois l’autorisation de prospection renouvelée côté italien, on fasse un petit saut en France…"

Parmi les signataires, on compte la Ville de Menton, le musée de la préhistoire et l’association ADE Méditerranée. Photo DR.

Un drone marin pour la recherche

Pour perfectionner ses recherches, ADE Méditerranée a récemment investi dans un drone aquatique. Une équipe très motivée au sein de l’association, au rang desquels Alain et Fred, est dédiée à cette mission. "Ils font les recherches là où Almudena leur dit d’aller. On vient de découvrir un site dont on ne peut pas encore parler. Maintenant, notre job, c’est d’aller faire de la plongée engagée à 30-50m, cet été, pour remonter plus d’informations aux scientifiques", explique Bernard Peyrano. Indiquant que dans la mesure où les prospections sous-marines sont usantes, le drone permet de soulager. D’autant qu’il peut réaliser 3h d’exploitation quand, sur un même site, un homme ne peut rester sous l’eau que 20min. L’engin peut par ailleurs descendre jusqu’à 200m de profondeur, quand les plongeurs d’ADE se limitent à 60m.

"Il fait son job, repère le point GPS, fait des photos et à partir de là on voit s’il y a un intérêt à poursuivre. Et si on juge, un jour, que cela vaut le coup d’envoyer quelqu’un en dessous de 60m, on fera appel à des structures équipées", précise le président de l’association.

L’intérêt, également, c’est que les équipes ne perdent pas de temps pour rien. "Il existe peu de documentation et de cartes sur la nature du sol marin, alors nous sommes obligés de faire des projections, de formuler des hypothèses, éclaire Almudena Arellano. Le drone, lui, écrème pour pouvoir ensuite aller vers des points relativement sûrs."

Le chiffre

11

C’est le nombre de cavités potentiellement habitées pendant diverses périodes de la Préhistoire qu’ADE Méditerranée a découvertes dans le cadre des prospections sous-marines.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.