Membres du Conseil national et du gouvernement s’étaient quittés mardi soir, à la clôture de la première séance d’examen du 2e budget rectificatif 2024, sur la promesse de la présentation d’un projet de rénovation du Centre commercial de Fontvieille (CCF) "avant l’été 2025". Et il y avait déjà fort à parier que les élus n’allaient pas se contenter de cette échéance pour obtenir les réponses "concrètes" sur ce dossier, qu’ils n’ont pas hésité à qualifier de "naufrage".
Sans surprise, le sujet s’est donc à nouveau invité sur la table des discussions dès l’allocution d’introduction du président Thomas Brezzo. "Les décisions que doit prendre le gouvernement ne peuvent pas se limiter à des simples annonces de report", a prévenu le chef de la Haute Assemblée, rappelant que les élus n’hésiteraient pas à exprimer leur mécontentement par un vote négatif. "Nous l’avons déjà prouvé à votre prédécesseur." Le Conseil national veut maintenir la pression. "Nous sommes au-delà des délais les plus raisonnables."
Des difficultés administratives et juridiques
Avancer, c’est bien aussi la volonté affichée et partagée par Didier Guillaume, hier, dans l’hémicycle. "Nous sommes d’accord sur les constats. Qu’il puisse y avoir du retard, j’en suis désolée. Je suis là pour dynamiter la croissance monégasque. Il y a pu y avoir des rendez-vous manqués mais ce qui importe c’est demain. Il faut avancer", a tranché le nouveau chef de l’Exécutif princier.
Et de reconnaître: "Nous avons un problème de fond avec le prestataire. Les dossiers n’ont pas été bien montés par ceux qui étaient aux affaires à l’époque. Nous reprenons ça en interministérialité. Je ne peux pas en dire plus."
Si le ministre d’État n’a effectivement pas donné de détails, invoquant des "difficultés administratives, juridiques et sur le dossier" en lui-même, il en a tout de même fait un certain nombre d’annonces. De quoi alimenter le lien de confiance recherché avec le Conseil national depuis son arrivée.
Un "livre ouvert" pour Thomas Brezzo
Première main tendue: Didier Guillaume s’est engagé à plus de transparence sur l’historique du dossier, accédant à la demande des élus d’être associés au calendrier. "Dans un premier temps, nous nous verrons avec votre président et il aura un ‘‘livre ouvert’’ sur ce dossier. J’en prends l’engagement. Il aura tous les tenants et les aboutissants depuis le départ de ce dossier, de cette situation ubuesque", a déclaré le ministre d’État, évoquant la tenue d’un rendez-vous "en tête à tête" avec Thomas Brezzo dans les prochaines semaines. " Dans un deuxième temps, nous ferons une réunion d’échange [avec l’ensemble des élus, ndlr] et nous en parlerons en privé, sans la presse. J’ai entendu. Vous êtes agacés, déçus. On va essayer d’avancer."
Face aux inquiétudes de Corinne Bertani de voir le centre commercial actuel se dégrader dans l’intervalle, Didier Guillaume promet aussi: "On s’engage à maintenir le CCF, évidemment. Il n’y a pas de sujet."
De l’interministérialité, enfin
Plusieurs élus se sont par ailleurs félicités du nouveau cap donné par le ministre d’État sur la reprise de ce dossier. "Vous avez parlé de l’interministérialité, c’est la première fois que j’entends ce mot en 7 ans. Depuis 7 ans, vous avez des silos, des baronnies et personne ne travaille ensemble. Cette interministérialité est importante, on ne réussira pas si les équipes ne travaillent pas ensemble. Il va falloir être courageux pour prendre ces décisions. Et si c’est le cas, je serai avec vous", a souligné Balthazar Seydoux.
Optimiser le foncier
Avant de poursuivre les débats (sur lesquels nous reviendrons dans les prochains jours), Didier Guillaume a redit qu’un arbitrage définitif sur l’avenir du CCF sera révélé officiellement en séance publique avant l’été. "Notre objectif est de présenter un centre commercial rénové, pas uniquement ripoliné, avec une surface agrandie, des enseignes qui attirent le chaland et un budget raisonnable."
"Nous ne pouvons nous permettre que ce projet soit un nouveau CHPG, avec des travaux qui explosent et un budget qui explose encore plus. Si nous devons prendre plus de temps, faisons-le pour être sûrs des études, de la durée des travaux…", a accordé Thomas Brezzo. Certains élus ont par ailleurs invité le gouvernement à optimiser le foncier dans la réécriture du projet. "À Monaco, il se trouve que c’est le mètre carré qui compte plus que l’euro", a glissé Christophe Brico.
Et Corinne Bertani de réclamer que la ligne de 401,5 millions d’euros inscrite au Budget primitif 2024 pour ce projet soit "a minima" scrupuleusement "respectée" pour donner au site toute sa place dans le paysage commercial de la Principauté.
Les habitants des villas prêts à déménager
Maryse Battaglia s’est inquiétée du sort des habitants des villas des Terrasses de Fontvieille. "Ont-ils été reçus? Combien sont relogés? Combien ont décidé de ne plus rester dans ces villas?", a-t-elle interrogé le gouvernement.
Les habitants ont tous été reçus, "à une exception près car les gens étaient en vacances pendant l’été", a répondu Pierre-André Chiappori. "Étant donné que le projet peut ne plus comprendre de villas, nous leur avons proposé d’acter leur départ vers les appartements qui leur avaient été réservés. Dans chacun des cas, nous sommes arrivés à un accord. Nous sommes en train d’écrire une série de lettres qui précisera l’accord verbal que nous avons eu. La quasi-totalité des habitants a accepté un appartement et on a trouvé un appartement qui leur convient. Il n’y a qu’un couple de personnes âgées qui a préféré rester. Et une personne pour laquelle il reste encore une ambiguïté sur l’appartement exact dans lequel elle allait se trouver."
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