"On a toujours plaidé pour un agrandissement du centre commercial de Fontvieille": le représentant des commerçants livre sa position après la polémique au Conseil national
Philippe Clerissi, à la tête du Groupe d’intérêt économique du centre commercial de Fontvieille à Monaco, livre la position des commerçants après l’annonce de l’exécutif de redéfinir ce vaste projet de restructuration.
Article réservé aux abonnés
Propos recueillis par Thibaut PARATPublié le 28/10/2023 à 09:20, mis à jour le 28/10/2023 à 10:16
interview
Le centre commercial de Fontvieille a été inauguré en 1992 et est vieillissant.Photo Jean-François Ottonello
Mais a contrario des élus, ce n’est pas la colère qui prédominait mais bel et bien le soulagement. « Les bureaux successifs ont toujours plaidé pour l’agrandissement et la rénovation, pas pour une démolition-reconstruction », martèle Philippe Clerissi, président depuis 2005 du Groupe d’intérêt économique (GIE) du centre commercial de Fontvieille en charge de l’animation et de la communication des lieux. Une position partagée par l’immense majorité des 34 établissements présents sur les deux niveaux du centre commercial, lesquels espèrent désormais être étroitement associés à la nouvelle vision du gouvernement sur le dossier.
Entretien avec Philippe Clerissi.
Philippe Clerissi est le président du Groupe d’intérêt économique du centre commercial de Fontvieille depuis 2005.Jean-François Ottonello.
Comment avez-vous réagi à cette annonce faite durant les débats budgétaires au Conseil national ?
Le gouvernement a agi de façon un peu cavalière. S’il avait pris la peine de consulter le bureau du GIE avant d’annoncer que le projet allait être revu à la baisse, il aurait pu constater que, pour diverses raisons, nous étions d’accord avec lui et aurait pu se servir de notre appui.
Depuis plusieurs mois, nous étions arrivés à la conclusion qu’un tel projet de démolition-reconstruction, au demeurant très réussi esthétiquement, était démesuré, pharaonique et impossible à réaliser avec la continuité commerciale souhaitée par l’État.
C’est donc un soulagement ?
Oui, pour l’ensemble des commerçants du centre que nous représentons. Avant cette annonce, l’inquiétude et la crispation prédominaient car les réponses apportées par l’opérateur [la Socri Reim, ndlr] aux problèmes techniques qui s’accumulaient n’étaient pas satisfaisantes. Par ailleurs, nous n’en avions aucune de la part des pouvoirs publics concernant les indemnisations demandées par les commerçants obligés d’assurer la continuité commerciale pendant les travaux qui, au bas mot, allaient durer plusieurs années. Ils se demandaient à quelle sauce ils allaient être mangés. Et les rumeurs n’arrangeaient rien…
"Le centre commercial a subi une dégradation rapide"
Quelle est votre vision pour ce centre commercial ?
Nous avons toujours souhaité un agrandissement avec la récupération des surfaces des différents musées, dont le Musée naval et celui des Timbres et des Monnaies. La Collection de voitures du Prince a déjà déménagé et l’espace Léo-Ferré sera bientôt délocalisé à l’îlot Pasteur. L’arrivée d’un cinéma multiplex permettrait de drainer de la clientèle le mercredi mais aussi le samedi, qui est paradoxalement le jour le plus faible. En 2008, déjà, le ministre d’État Jean-Paul Proust avait validé un cinéma multiplex à cet endroit. Enfin, nous aimerions une multiplication des services de proximité, quelques enseignes supplémentaires bien positionnées qui compléteraient l’offre existante, et une grosse rénovation esthétique.
Les lieux, inaugurés en 1992, ont en effet mal vieilli…
Le centre commercial a subi une dégradation rapide car il a été victime de son succès et donc, d’un taux de fréquentation record. Pourtant, il fallait très vite consacrer des budgets à l’entretien et à la mise à niveau de la galerie. Or, dans le courant des années 2000, les pouvoirs publics se sont contentés de colmater les brèches, et ce n’est qu’à la toute fin de cette décennie qu’ils ont pris conscience de cette nécessité.
Les matériaux datent et il faudrait étudier, in fine, la possibilité d’une climatisation. L’été, la chaleur dans la galerie est insupportable.
Est-il trop tard pour rattraper la concurrence (Cap 3000,Polygone, Nice Étoile, Lingostière…) ?
On demeurait de plus en plus frileux avec les agrandissements successifs des autres centres commerciaux. On n’a pas de réserve foncière pour le faire, on n’a pas pris le train en marche et c’est désormais trop tard. À Cap 3000, le parking est très bien fait. Cela paraît complètement illusoire de croire qu’on va capter leur clientèle. On ne pourra jamais les concurrencer. Il faut, comme je l’ai dit, trouver un projet alternatif, original, convivial et vendre, aussi, la sécurité à Monaco.
"La moindre des choses est de demander notre avis"
Vous espérez désormais une concertation plus étroite que par le passé ?
Le ministre d’État, Pierre Dartout, et le conseiller de gouvernement-ministre aux Finances et de l’Économie, Marco Piccinini, m’ont tous les deux dit qu’on travaillerait ensemble. Il faut nous écouter pour établir un projet alternatif solide. On n’est pas des manches, ici. Des commerçants sont établis depuis des années et ont l’habitude du commerce, certains à grande échelle comme McDonald’s et Carrefour.
Pour la démolition-reconstruction, ils nous avaient mis le projet sur la table sans demander notre avis. Ils n’étaient pas obligés de le faire, certes, mais c’est, je pense, la moindre des choses.
Certains commerces dans le centre ont baissé le rideau. Quel est l’état des lieux ?
Camaiëu a fermé définitivement et un appel à candidatures a été lancé par le Département des Finances. A priori, un repreneur a été choisi mais nous attendons une communication officielle de la part des pouvoirs publics. Minelli est sous administration judiciaire et une décision doit être rendue le 8 décembre concernant un éventuel repreneur de cette activité. Le concept store Scrupule est en difficulté depuis plusieurs mois et a fini par mettre la clé sous la porte. Atlas, au premier étage de la galerie, subit de plein fouet la concurrence d’Ikea à Nice et éprouve les plus grandes difficultés à subsister. Les deux emplacements Kodak avaient été rachetés par l’administration il y a quelques années.
Le Conseil national a beaucoup reproché au gouvernement le manque de prévoyance…
Ils n’ont pas complètement tort. Après, j’ai été consultant pour le Conseil national pendant cinq ans et personne ne m’a appelé pour me demander mon avis, alors qu’on est les premiers concernés par ce projet. Les torts sont partagés. Il ne faut pas croire que l’ensemble de la population monégasque va descendre dans la rue parce que le projet est revu à la baisse. Le commerce intéresse un nombre limité de personnes. Les sujets déterminants sont le logement pour les Monégasques, le salaire des fonctionnaires, la gestion des aînés, les maisons de retraite…
Les conseillers nationaux s’opposent à une simple rénovation…
C’est leur problème. Il faut savoir de quoi on parle. Je suis le porte-parole du bureau du GIE et des commerçants. Demandez-leur, vous verrez ce qu’ils vous diront.
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires