Une réélection sereine et sans encombres, loin du rififi politique du 3 avril 2024. Un an presque jour pour jour après avoir ravi la présidence du Conseil national à Brigitte Boccone-Pagès, au terme de plusieurs mois de défiance des élus de la majorité de l’Union, Thomas Brezzo a été reconduit ce mercredi soir à la tête de l’institution monégasque.
Un scrutin à bulletin secret sans suspense et sans appel: 22 voix "pour" - Balthazar Seydoux était l’unique absent - et un vote "blanc". A priori peu de doute sur l’identité du votant puisque Brigitte Boccone-Pagès, désormais membre de la minorité* depuis son départ en janvier 2025 du parti politique de l’Union, faisait son grand retour dans l’Hémicycle.
"Avec le recul, nous pouvons regarder cette année qui, à certains points de vue marque une transition, comme un nouvel élan inspiré par le président de notre Assemblée. Entre nous, je peux témoigner d’une énergie renouvelée, dans l’expression de toutes les sensibilités avec une grande liberté de parole qui permet d’arriver à ce point d’équilibre dont nous, les Monégasques, avons le secret", avait introduit, quelques minutes plus tôt en ouverture de la session parlementaire de printemps, la doyenne Maryse Battaglia, appelant à "continuer à travailler, avec la volonté partagée de préserver cette union en veillant à ce que chaque sensibilité soit entendue et respectée."
"Un engagement est une dette sur l’avenir"
"Oui, le Conseil national est réellement de retour dans le paysage institutionnel", a déclaré Thomas Brezzo, "profondément honoré" de rempiler pour un deuxième mandat, se disant partisan du "dialogue" mais aussi de la "fermeté". Sans surprise, donc, le président du Conseil national a remis un coup de pression au gouvernement princier, le sommant de tenir les engagements pris par Didier Guillaume, avant sa subite disparition, sur les dossiers politiques les plus sensibles du pays, dont certains sont censés être tranchés au printemps. "Ils doivent être tenus. Un engagement est une dette sur l’avenir, une dette qui ne saurait être effacée au prétexte du temps qui passe. Res non verba. Des actes, pas des mots." Centre commercial de Fontvieille ; fusion de Monaco Info et de TV Monaco pour créer une nouvelle chaîne ; centre de traitement et de valorisation des déchets… Mais pas que. Thomas Brezzo a aussi évoqué la nécessaire avancée du projet d’urbanisme pour le quartier de l’Annonciade II, "après 15 ans de surplace", de l’actualisation du Plan national pour le logement, du métro entre Nice et Monaco puis Menton et Vintimille et, enfin, de la réduction des délais des rendez-vous médicaux au CHPG et en ville. "Il reste donc moins de trois mois, jusqu’au 30 juin, pour passer de la parole aux actes (...) Chacun aura compris notre détermination en vue des prochaines échéances budgétaires."
Des réunions publiques en mai
Le président du Conseil national a aussi annoncé que, dans les prochaines semaines, "des initiatives concrètes" seraient prises "pour un meilleur respect de la priorité nationale", tout comme il a confirmé la tenue, dès le mois de mai, de réunions publiques avec les Monégasques au sein de l’Hémicycle.
Jean-Louis Grinda réélu vice-président
Au terme de son intervention, Thomas Brezzo a demandé à Jean-Louis Grinda s’il consentait, lui aussi, à briguer à nouveau la vice-présidence du Conseil national. Réponse positive de l’intéressé et vote quasi unanime des élus, à l’exception, là encore, d’un vote "blanc". "Nous formons un tandem, chacun peut faire confiance à l’autre, mais chacun d’entre vous peut nous faire confiance, et c’est cela la chose la plus importante", a assuré Jean-Louis Grinda.
Des discours et deux votes perçus comme un renforcement de l’Union, légèrement écornée il y a un an avec la mise sur la touche de Brigitte Boccone-Pagès.
*Sous la mention "sans étiquette" dès lors que Brigitte Boccone-Pagès n’a revendiqué aucune appartenance à un groupe politique. L’élue va intégrer le comité de déontologie du Conseil national.
Didier Guillaume et Henri Rey dans les esprits
Les premiers mots de Thomas Brezzo après sa réélection à la présidence du Conseil national ont été pour "deux serviteurs exemplaires de l’État" disparus en janvier: Didier Guillaume, ministre d’État unanimement apprécié pour son fin sens politique, ses qualités humaines et sa volonté d’action malgré les obstacles, et Me Henri Rey, éminent notaire et conseiller national pendant quatre décennies (record à battre!). "Les vrais serviteurs de l’État sont ceux qui, avec abnégation et loyauté, consacrent leur énergie et leur savoir-faire à l’intérêt général, mettant l’intégrité, le bien-être et la prospérité du pays avant toute considération personnelle. Ils ne recherchent ni reconnaissance, ni gloire, mais agissent toujours avec une conscience aiguë de leur devoir", a-t-il déclaré.
Même admiration et même respect envers ces personnages d’Etat de la part d’Isabelle Berro-Amadeï, ministre d’État par intérim, qui a tenu à prendre la parole et louer leurs qualités personnelles et professionnelles respectives. Avant d’adresser ses pensées aux proches des défunts, lesquels ont suivi les hommages en direct sur le site web du Conseil national ou depuis l’Hémicycle. Enceinte parlementaire dans laquelle on notait également la présence d’Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes et "ami proche" de Didier Guillaume.
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