"Je crie au fou": estimé à plus d'un milliard et demi d'euros, le projet de traitement des déchets "Symbiose" continue de faire débat au Conseil national à Monaco

Les élus du Conseil national rappellent qu’ils estiment dispendieuse la construction d’un nouveau centre de traitement et plaident pour une solution alternative à trouver avec le pays voisin.

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Cédric Verany Publié le 16/09/2024 à 07:03, mis à jour le 16/09/2024 à 10:38
Sur ce projet d’architecte pour l’îlot Charles III, le projet Symbiose serait intégré dans cette grande tour blanche. (Visuel Square Architecte-François Lallemand/MVRDV)

Serait-ce un des points d’achoppement à venir dans les débats entre élus et membres du gouvernement? Le sujet agite, crée la discorde et échauffe les esprits depuis plus d’une décennie... et il devrait continuer à électriser le Conseil national, qui l’a déjà mis il y a quelques jours au menu de sa conférence de presse de rentrée.

Il s’agit du futur centre de tri et de valorisation des déchets (CTVD), dont la construction est envisagée à l’extrême entrée Ouest de la ville dans les années à venir pour assurer au pays sa souveraineté en matière de traitement de déchets et absorber les ordures ménagères récoltées.

Une solution à trouver avec Nice ?

Ces derniers mois, les élus s’étaient déjà montrés septiques face au gouvernement quant à la performance technique et environnementale de ce projet de déchetterie baptisé Symbiose. Et au coût qu’il engendrerait.

D’autant qu’en visite en Principauté au printemps, le député des Français de l’Étranger, Stéphane Vojetta, a ouvert une brèche. Soulevant l’idée que des solutions pourraient être trouvées avec le pays voisin plutôt que de lancer la construction de ce nouveau complexe.

"La Métropole de Nice a une usine d’incinération qui a des capacités excédentaires. Plutôt que de souveraineté, on pourrait parler de solidarité. Et se dire que ces terrains et cet argent en Principauté pourraient être employés pour d’autres projets plus stratégiques, plus écologiques, plus créateurs de valeur à long terme pour Monaco", estimait l’élu français dans les colonnes de Monaco-Matin.

Un raisonnement que le président du Conseil national, semble rejoindre. "Plus le temps passe, plus on s’aperçoit qu’il y a intérêt de mutualiser ce projet avec les villes voisines. Cette usine atteint un coût particulièrement important. Avec l’état des finances et des recettes qu’on nous annonce, il serait particulièrement délicat de poursuivre ce projet à un prix faramineux alors que des solutions doivent être discutées, plaide Thomas Brezzo. Pour l’heure, nous avons appris que le gouvernement n’a pas pris attache avec la Métropole de Nice pour discuter éventuellement d’une solution mutualisée. Alors nous avons pris cette initiative et je devrais rencontrer le président de la Métropole dans les semaines à venir pour discuter de ce sujet."

L’enveloppe dépasse le milliard d’euros

En parallèle, les élus ont demandé au gouvernement princier un matériel juridique, pour avoir un cadre dans l’optique de traiter des déchets générés en Principauté à l’étranger.

Le vice-président de l’hémicycle, Jean-Louis Grinda, qui a ce dossier sur son bureau d’élu depuis longtemps, tempête. "Le projet Symbiose nous avait été présenté pour un coût nettement moindre. Maintenant, l’enveloppe technologique dépasse les 700 millions d’euros, avec la construction du socle nécessaire, on dépasse le milliard et demi, je crie au fou! Un coût multiplié par deux pour brûler les papiers gras, ça fait cher car ce centre ne traiterait que la partie facile des poubelles monégasques. Les plastiques partant par miracle pour être traités à l’étranger, et là, ça ne choque pas. Et je rajouterais qu’on ne connaît toujours pas le coût du fonctionnement de cette usine."

À l’annonce du projet Symbiose en 2021, la livraison du nouveau complexe était prévue pour 2030 pour remplacer l’actuelle usine d’incinération de Fontvieille en bout de course, qui absorbe 55.000 tonnes de déchets par an.

Les années filant et 2024 étant déjà dans son dernier tiers, on imagine que ce dossier va remonter dans une pile prioritaire sur le bureau du ministre d’État, Didier Guillaume, qui vient de prendre ses fonctions.

"Ce dossier est mal ficelé depuis le départ"

Pour les élus, la solution semble logique de trouver un accord avec les agglomérations voisines, principalement la Métropole de Nice. D’autant qu’ils rappellent que des déchets émanant de la Principauté sont déjà traités à l’étranger : le verre en Italie, les déchets de chantier vers la France. Et qu’à Monaco, l’actuelle usine incinère aussi des ordures ménagères en provenance des communes de Menton, Beausoleil, Roquebrune et La Turbie.

"J’ai toujours été favorable à la reconstruction de l’usine sur site monégasque, note Fabrice Notari. Mais je ne le suis plus. L’usine actuelle nous fournissait en chauffage dans le quartier de Fontvieille, mais des solutions différentes existent aujourd’hui, comme une boucle thalasso-thermique et coûteront moins cher."

Pour Jean-Louis Grinda, la "prudence budgétaire" doit prévaloir sur ce projet.

"Le gouvernement campe sur ses positions. L’immobilisme est en marche. Ce dossier est mal ficelé depuis le départ. Si c’était simple, ce serait fait."

La suite reste à écrire…

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