"Il faudra soutenir Monaco": en visite en Principauté le député français Stéphane Vojetta évoque les dossiers chauds

Lors d’échanges avec les plus hautes autorités, le député français Stéphane Vojetta a évoqué des dossiers où les deux pays pourraient s’allier, notamment le traitement des déchets.

Article réservé aux abonnés
Cédric Verany Publié le 20/05/2024 à 08:04, mis à jour le 20/05/2024 à 11:24
Le député des Français de l’Étranger Stéphane Vojetta, a notamment rencontré, ce jeudi, le nouveau président du Conseil national, Thomas Brezzo. Conseil national

Il était venu le 11 mars dernier, pour une visite express au cours de laquelle il avait promis de rapidement revenir. Promesse tenue par Stéphane Vojetta, député des Français de l’Étranger établis en Espagne, au Portugal, en Andorre et à Monaco, qui a clos ce vendredi un séjour de 48 heures en Principauté. Une visite plus institutionnelle cette fois, avec la volonté de rencontrer les autorités monégasques. Audience avec le souverain au Palais princier, un rendez-vous avec le ministre d’État, un autre avec le président du Conseil national où, à chaque fois, Stéphane Vojetta a réaffirmé la volonté française d’être présent aux côtés de Monaco. Interview.

L’objectif de cette visite en Principauté était, cette semaine, pleinement centré sur l’envie de rencontrer les décideurs du pays et d’échanger avec eux sur des thèmes divers ?
C’est intéressant, en effet, d’avoir autant la vision des parlementaires que du ministre d’État, qui ne sont pas toujours 100 % alignés sur tout, mais c’est un signe de bonne santé démocratique. Concernant, le président du Conseil national, Thomas Brezzo, cela m’a donné l’occasion de le féliciter pour sa récente élection. Nous nous étions déjà croisés dans le cadre d’un sommet de la Francophonie. Et nous avons pu avoir, cette fois, des échanges intéressants sur des sujets de mobilité ou d’investissement. Notamment concernant la future usine de traitement des déchets, où de vraies questions qui se posent en termes d’investissement…
 
Monaco a toujours fait valoir sa position d’être souveraine en matière du traitement de ses déchets. Une solution pourrait s’envisager pour les traiter en France, plutôt que de construire une nouvelle usine à l’entrée ouest du pays ?
La question se pose. La souveraineté est importante, bien sûr, mais une souveraineté qui nécessite un investissement fort en termes de finances et d’espace, cela pose des questions. À côté, la Métropole de Nice a une usine d’incinération qui a des capacités excédentaires. Plutôt que de souveraineté, on pourrait parler de solidarité. Et se dire que ces terrains et cet argent en Principauté pourraient être employés pour d’autres projets plus stratégiques, plus écologiques, plus créateurs de valeur à long terme pour Monaco.
 
La question est aussi politique. Que les déchets de Monaco soient traités à Nice pourrait provoquer le mécontentement des habitants de la Métropole voisine ?
Cette usine existe, c’est une installation moderne sur laquelle les rejets dangereux sont extrêmement limités et encadrés. Je ne lui en ai pas parlé directement, mais il me semble que Christian Estrosi serait en soutien d’une solution de ce genre.
 
Concernant la collaboration transfrontalière, la question de la mobilité est toujours centrale. Que ressort-il de vos échanges avec les autorités monégasques ?
Nous en parlons systématiquement. Un nouveau lien ferroviaire ? Un métro ? Ces projets pourraient se justifier en termes de coût et d’impact écologique. On en parle depuis longtemps, aussi, de cette fameuse navette maritime entre Nice et Cap-d’Ail. C’est un peu une martingale. Je crois savoir que l’on est en attente de la bonne technologie, notamment d’un moteur à hydrogène pour cette navette qui est mieux écologiquement. Sur ces sujets, Monaco doit se prononcer et faire des propositions à la France, si notre soutien est nécessaire, notamment pour cofinancer des infrastructures. Pour l’heure, des visions complémentaires et divergentes existent de part et d’autre. Une fois que Monaco aura fait sa religion sur le sujet, ce sera le moment d’en parler au président de la République et trouver des solutions pour y arriver ensemble.
 
"Monaco doit se prononcer en termes de mobilité ”
 
Dans l’optique d’une liaison souterraine entre Nice et Monaco, c’est un projet dont le coût atteindrait plusieurs milliards d’euros…
Sans aucun doute ! Et on connaît tous les contextes budgétaires actuels. Mais sur des trajets qui font du sens, qui visent à la mobilité, au soutien de la population et des travailleurs, qui ont un impact écologique favorable, on peut trouver des solutions. Il faut d’abord arriver à un accord politique sur l’infrastructure en question.
On l’a vu entre la France et l’Espagne, il y avait une certaine discorde sur la construction d’un gazoduc de gaz naturel qui passerait sous les Pyrénées. Nous sommes finalement tombés d’accord sur un gazoduc d’hydrogène, plus vertueux et qui bénéficiera également d’un financement européen.
 
La Principauté attend les conclusions de Moneyval sur la lutte contre le blanchiment et redoute des sanctions. Comment appréhendez-vous la question ?
J’ai ressenti beaucoup de prudence sur le sujet, ce qui est logique. Rien n’est décidé, s’il devait avoir une décision négative, les conséquences resteraient à déterminer : combien de temps, quelles nouvelles obligations de mise à jour, quelles adaptations. Monaco a vocation à être dans le concert des marchés internationaux de manière ouverte. Si des manquements ont été observés, s’il y a des problèmes d’efficience des mesures mises en place, dans ce cas-là il vaut mieux s’en rendre compte avant qu’il y ait de gros problèmes et s’adapter par une période de transition la plus courte possible. Quoiqu’il arrive, il faudra soutenir Monaco dans son effort de mise à jour et de mise à niveau de sa capacité de surveillance des flux de capitaux. Et la France le fera.
 
Ce soutien sans faille à Monaco est un mot d’ordre depuis l’Élysée ?
Monaco a traversé un épisode médiatique complexe autour de ses institutions. Mais ça ne remet en rien en cause la proximité et le soutien du président de la République. Il l’a exprimé dans le passé verbalement, puis symboliquement avec cette remise de décoration au prince Albert II à l’Élysée. Et il l’exprimera encore dans un avenir, le plus proche possible j’espère, à travers une visite d’État en Principauté. Le président a une grande confiance en le prince Albert II. Et la France est fortement en soutien des institutions monégasques telles qu’elles ont été décidées par l’Histoire et renforcées par les traités divers signés entre la France et Monaco depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
 
"Le logement est un sujet de plus en plus complexe ”
 
Que la communauté française soit en recul en Principauté, cela vous inquiète ?
C’est vrai. Toute une attractivité fiscale de Monaco ne s’applique pas à des Français qui pourraient se permettre de venir vivre ici dans les conditions actuelles du marché immobilier. Il est presque logique que la population française diminue. Mais autant Monaco que la France souhaitent que la population française se maintienne au maximum. Malheureusement, il y a des éléments contre lesquels il est difficile de lutter. L’aspect immobilier est particulièrement préoccupant. Nous aurons bientôt une loi de fluidification immobilière pour relancer le marché et notamment fluidifier l’accès au parc HLM. En collaboration avec les communes limitrophes, nous pourrons voir s’il est possible de retoucher les plafonds de ressources qui permettent d’accéder à ce parc afin de permettre à des Français qui travaillent à Monaco, d’aspirer à obtenir des logements sociaux dans les communes limitrophes. Dans ces mêmes communes, il devrait aussi pouvoir y avoir un marché de la promotion immobilière qui n’est pas voué à la recherche du profit le plus absolu et tourné vers une clientèle milliardaire. Car la capacité à loger les Français à Monaco, est un sujet de plus en plus complexe à mesure que le temps passe.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.