Le Conseil national annonce la fin du projet de centre de tri et de valorisation des déchets "Symbiose" à Monaco

Longtemps discuté et remis en question, le projet du CTVD tel qu’il avait été envisagé sur l’îlot Charles-III aurait été abandonné, a annoncé le président du Conseil national lors d’une conférence de presse ce mardi.

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Yannis Dakik Publié le 28/05/2025 à 09:33, mis à jour le 28/05/2025 à 09:48
Le centre d’incinération actuel devait laisser place à un projet d’envergure estimé à plusieurs centaines de millions d’euros. Photo Jean-François Ottonello

C’est une conférence de presse qui avait des allures de rentrée. Moins de 48 heures après la conclusion d’un week-end dédié au Grand Prix de Formule 1 - et qui a, par la même occasion, mobilisé toute l’attention de la Principauté - les affaires reprenaient ce mardi avec une conférence de presse organisée par le Conseil national. L’occasion pour le chef de file Thomas Brezzo d’annoncer l’abandon du projet "Symbiose", le Centre de traitement et de valorisation des déchets (CTVD) qui devait s’installer à Fontvieille pour remplacer l’usine d’incinération. "Une décision devait être prise sur le devenir de cet équipement, a déclaré en introduction le président du Conseil national. Nous avons obtenu il y a une dizaine de jours du gouvernement une confirmation officielle que ce projet allait être arrêté."

Source de satisfaction puis de mécontentement après le triplement du budget prévu pour sa réalisation, le CTVD visait à générer 3 à 4 fois moins de CO2 qu’actuellement. à alimenter l’Ouest de la Principauté en énergie. Ainsi que, parmi d’autres ambitions, créer une déchetterie. Et par la même occasion prendre le relais sur une usine d’incinération vieillissante, mise en service en 1980 et dont l’espérance de vie ne dépasserait pas 2030.

Malgré ces belles promesses, "Symbiose" n’aura pas fait l’unanimité. "Nous l’avions dénoncé au regard du prix de l’investissement, rappelle Thomas Brezzo. Et puis on avait pris un tel retard… Le socle qui devait accueillir ce projet devait être livré en 2025. Aujourd’hui, on est sur un projet qui n’est plus réaliste ni réalisable et au prix exorbitant qu’on ne pourrait pas supporter au risque de mettre en danger les finances de l’état."

Et maintenant?

Si le président du Conseil national a préféré annoncer la nouvelle en utilisant le conditionnel, il se tourne déjà vers la suite. "Pour le gouvernement, il existerait toujours une solution en interne dans les frontières de Monaco mais je ne vois pas d’autres solutions, admet-il, tout en remettant l’hypothèse de l’externalisation sur la table. Je pense qu’on n’a pas encore exploré cette piste en se tournant vers la France."

En cause, la convention de Bâle qui leur est "systématiquement opposée." Celle-ci encadre strictement le mouvement transfrontalier des déchets toxiques et dangereux. Or, "la convention de Bâle concerne les déchets dangereux", rappelle Thomas Brezzo. "Là, on parle d’ordures ménagères. Tout cela alors que les déchets français de la Carf transitent vers Monaco. Et ce, sans accord." Pour rappel, 80% des déchets de Monaco sont déjà traités en France ou en Italie. Comme pour ceux du bâtiment dans le grand pays voisin ou le verre à Gênes.

Ainsi, l’avocat réclame des études juridiques pour faire avancer cette piste. "On les demande depuis un certain temps mais elles ne nous sont jamais parvenues." "Il nous faut trouver une solution, surenchérit son vice-président. Nous voulons avoir l’étude sur la convention de Bâle qui ne marcherait selon eux que dans un sens : la France vers Monaco et non l’inverse. Il faudra nous expliquer comment ce miracle est possible."

Jean-Louis Grinda embraye. "Sur ce dossier, il faudrait se garder de faire retour vers le futur. Si c’est pour se retrouver douze ans en arrière avec l’idée de faire de nouveaux fours sur les fours actuels, sans étudier d’autres solutions, ce serait délirant. Ce sujet traîne et ce n’est pas le seul en Principauté. Cela fait plus de quinze ans que ce problème se pose et implique des dépenses budgétaires très élevées. Déjà avec l’entretien, mais aussi tous les travaux qui ont été réalisés pour "Symbiose". Le Conseil national avait voté un budget qui avait explosé, ce qui a élevé sa contestation. On était d’accord sur la somme de 340 millions mais certainement pas sur 750 et encore moins un milliard. Ce qui aurait fait le prix de la tonne de déchet la plus chère au monde."

Un projet domanial en lieu et place de "Symbiose"?

Si le sort de ce dossier devra être tranché au plus vite, l’abandon du projet "Symbiose" aura eu le mérite de supprimer quelques lignes au budget de l’État. "On aura des dépenses en moins et des recettes en plus, positive Thomas Brezzo. C’est la raison pour laquelle nous poussions pour une solution autre que celle de "Symbiose"."

Des recettes en plus car avec ce changement de direction, l’état devrait récupérer du foncier ô combien important en Principauté. "De la même manière que pour l’îlot Pasteur, un socle va être construit sur l’îlot Charles-III avec des équipements souterrains. Dessus, il est prévu trois tours dont une qui devait accueillir le projet “Symbiose”. Cette tour va pouvoir être récupérée pour du foncier. Mais que va-t-on en faire?" La question est posée.

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Thomas Brezzo, président du Conseil national lors de la conférence de presse Photo Jean-François Ottonello.

La décla’

"Cela fait 130 jours que Didier Guillaume est décédé. 130 jours que nous n’avons pas de ministre d’État. Même si Madame Berro-Amadeï assure l’intérim, c’est une situation précaire. Le temps semble long mais c’est une décision particulièrement importante sur le choix de la personne qui devra assurer les fonctions de ministre d’État. Le profil de Didier Guillaume était idéal par rapport à la constitution monégasque et à certaines qualités que doit remplir le ministre d’État. Si le temps peut sembler long, je comprends le Souverain qui prend son temps pour réfléchir. Il ne s’agit pas de satisfaire les egos ou les volontés personnelles de certains. C’est la nécessité de choisir une personne qui remplit toutes les qualités nécessaires pour assurer ces fonctions. Trouver quelqu’un à la hauteur de Didier Guillaume, ce n’est pas simple.", Thomas Brezzo, président du Conseil national, à propos de la nomination d’un ministre d’État, lors de la conférence de presse ce mardi.

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