Pourquoi la Principauté s'est relancée en 2004 dans la compétition?
Des anecdotes sur l’Eurovision, il en a à revendre. Philippe Boscagli a été l’artisan du come-back de la Principauté dans la compétition en 2004.
Un an avant, en se disant que ça fait trop longtemps que Monaco s’est retiré du concours, il a formulé une proposition au prince Albert, héréditaire à l’époque, qui lui donne son aval. "Cette année-là Monaco venait d’intégrer le Conseil de l’Europe et la soirée de l’Eurovision représente 100 millions de téléspectateurs, j’ai pensé que c’était une vitrine incroyable".
Musicien dans une première vie, Philippe Boscagli se charge d’écrire un titre parlant d’environnement pour coller aux préoccupations du prince. Et c’est à une jeune chanteuse varoise, Maryon, que revient l’honneur de l’interpréter, sélectionnée par un concours organisé par TMC.
La chaîne accompagnant la reprise du pays dans le concours.
"On ne peut pas empêcher les votes géopolitiques"
Le hic? Cette année-là à Istanbul les règles changent et comme les candidats sont trop nombreux, deux demi-finales sont organisées. La jeune Maryon, un peu stressée par la performance live et le public s’en sort mais n’arrive pas à passer ce cap.
"Nous étions dans une demi-finale avec tous les pays des Balkans qui ont voté les uns pour les autres. C’est le problème de ce concours, ces votes géopolitiques qu’on ne peut pas empêcher. Il y a deux blocs: les pays Nordiques qui votent pour leurs voisins quoiqu’il arrive. Pareil pour les pays de l’Est. À mon avis, il faudrait pouvoir voter pour les artistes, en ne découvrant qu’à la fin le pays qu’ils représentent".
En 2004, les téléspectateurs de Monaco ne virent donc pas leur candidate sur la scène de la finale le samedi soir. Mais la machine était relancée. Lise Darley porte le flambeau monégasque pour l’édition 2005. Et Severine Ferrer, avec un titre rythmé, pour l’édition 2006. Aucune des deux ne passera non plus le cap de la demi-finale.
"Ce n’est plus un concours pour les grandes voix"
S’il retient les souvenirs et les belles aventures, Philippe Boscagli garde une amertume de ce système de classement. "Le concours a beaucoup changé. Il a été axé sur la voix pendant longtemps, une époque notamment où Céline Dion l’a remporté en 1988. Maintenant il faut un impact visuel. Certains ont gagné avec des chansons ridicules, ce n’est plus un concours pour les grandes voix. Et je crois que les pays francophones appréhendent mal le concours. Il faut penser européen dès le début et pas vouloir plaire au seul public français".
Après ces trois années compliquées, la Principauté a choisi de ne pas pousser plus loin. Dommage estime celui qui a été le chef de la délégation de 2004 à 2006. "Je serais prêt à recommencer s’il y a une volonté et qu’on m’en donne les moyens. C’est intéressant à mon avis de prendre part à cette grande fête de la musique en Europe, qui offre une belle visibilité internationale. Lors des trois participations, j’ai pu mesurer la popularité de Monaco".
Et pourquoi pas gagner à nouveau et recevoir une édition du concours à Monaco? "Ça c’est une autre histoire. Les organisateurs de l’Eurovision exigent au moins une salle de 10.000 places pour organiser le concours. Il faut aussi louer un satellite pour la diffusion le jour J, ce sont des moyens conséquents".
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