Attaque au lycée horticole d’Antibes: une réouverture sous tension au Campus Vert d’Azur

Après l’attaque au couteau qui a frappé le lycée horticole d’Antibes, mercredi 10 septembre 2025, la rentrée se fait dans l’angoisse et l’émotion, entre élèves encore traumatisés, parents inquiets et mesures de sécurité renforcées.

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Arnaud Ciaravino Publié le 15/09/2025 à 13:49, mis à jour le 15/09/2025 à 13:49
Les sacs et cartes de scolarité des apprenants sont systématiquement contrôlés à l’entrée. Photo Dylan Meiffret

Jusqu’alors ouvert aux quatre vents, le lycée horticole d’Antibes s’est transformé, ce lundi matin, en véritable forteresse.

Le grand portail vert est désormais clos, et les élèves, qui arrivent au compte-gouttes après deux jours de fermeture, doivent montrer patte blanche.

"On fouille les sacs à l’entrée, au moins pour cette semaine", indiquent deux agents de la police nationale, postés devant une petite entrée.

Ces mesures font suite à une attaque au couteau survenue mercredi dernier, en début d’après-midi.

Un jeune homme de 18 ans, ancien élève souffrant de troubles psychiatriques, s’était introduit dans l’enceinte du campus, blessant grièvement une enseignante ainsi qu’un élève.

Il avait été interpellé un quart d’heure plus tard, alors que le directeur de l’établissement tentait de le calmer. Une deuxième lame avait été retrouvée dans son sac.

"Je suis assez stressée"

Assis sur un muret, trois amis observent les fouilles d’un œil distrait. Aucun d’eux n’était présent le jour de l’attaque, "heureusement", soufflent-ils.

"On a du mal à réaliser que ça se soit passé ici, que ça aurait pu nous arriver", confient Nina et Lucie. Zélie, elle, appréhende la réouverture: "Je suis assez stressée, même si tout est très bien sécurisé."

Traînant leur valise derrière eux, nombre d’adolescents tentent de gérer tant bien que mal le choc. Mathéo*, lunettes sur le nez, était présent le jour de l’attaque. "Je n’ai rien vu, donc le traumatisme est moins fort, assure-t-il. Revenir au lycée ne m’angoisse pas trop, ça va le faire."

Laurine*, elle, esquisse un sourire timide pour masquer son malaise: "Le garçon poignardé est un bon pote. Je n’étais pas là le jour où c’est arrivé… Ça fait bizarre."

Deux surveillants confirment l’ambiance "anxiogène" de cette rentrée particulière. "Le sentiment d’insécurité est général, mêlé d’angoisse et aussi d’une certaine colère. On travaille ici depuis six ans, et ce lycée a toujours été très — trop — facilement accessible", déplorent-ils.

"On veut comprendre!"

Une cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) accueille les adolescents et le personnel affectés par les récents événements. Anthony *, témoin direct de l’attaque, est sur le point de s’y rendre. Le visage fermé, les yeux rivés au sol, il confie d’une voix basse: "L’élève blessé est un ami… J’étais à un mètre de lui quand il a reçu un coup de couteau. J’ai eu des nouvelles de sa famille, il va mieux."

Sous le regard inquiet de ses parents venus l’accompagner, il reconnaît sentir "l’adrénaline monter" à l’idée de retourner au Campus Vert d’Azur. "Il n’y a pas de mots, souffle sa mère. Notre fils va devoir surmonter un vrai traumatisme."

La tension monte d’un cran lorsque la communication du lycée est évoquée: "Nous n’avons reçu aucune information officielle depuis mercredi dernier. On veut comprendre!" Après de longues négociations, ils parviennent finalement à rejoindre Anthony au sein de la CUMP.

Des travaux de sécurisation en cours

Dans chaque classe, le conseiller principal d’éducation (CPE) est intervenu auprès des élèves. "Avec trois professeurs, il nous a expliqué, à l’aide d’un diaporama, ce qu’il s’était réellement passé ce jour-là", racontent plusieurs adolescents. L’occasion d’échanger, de répondre aux questions et de "faire taire les rumeurs", confie un membre du personnel.

D’ici fin octobre, l’opération de sécurisation de l’établissement, pilotée par la Région Sud, devrait être achevée: "Financés à hauteur de 718.700 euros avec la création d’une loge d’accueil, la mise en place et le rehaussement de clôtures, la création ou modification de quinze portails et portillons et l’installation de trois tourniquets doubles." De nouvelles caméras seront également installées, venant renforcer un dispositif déjà composé de neuf appareils.

L’assaillant, Rodi. A., a été mis en examen vendredi pour "introduction armée dans un établissement scolaire" et "tentative d’assassinat". Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.


* Les prénoms ont été modifiés à la demande des interlocuteurs.

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