Marie-Claude Grellet était encore éveillée à cette heure tardive. "Je lisais des poèmes quand, soudain, j’ai entendu plusieurs gros 'boum boum' dans la rue", raconte cette habitante de l’immeuble voisin de l’agence Orpi, dont la devanture a été gravement endommagée par le feu à Golfe-Juan, dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 juillet.
Croyant à de simples nuisances de voisinage, elle se précipite sur le balcon pour observer la scène. "C’est à ce moment-là que j’ai vu deux jeunes à moto jeter un objet en feu après avoir dérapé sur la route", se souvient-elle.
Un détail retient alors son attention, qu’elle livrera plus tard aux policiers: un liquide enflammé, à l’"odeur poisseuse comme du napalm", aurait éclaboussé, à la suite d’une mauvaise manipulation, le pantalon du passager ainsi que leur moto. "Ils ont failli s’allumer eux aussi! Des flammes léchaient même le trottoir."
La surprise est d’autant plus grande lorsque Marie-Claude et son mari, Jean, réalisent que ni la bijouterie ni la banque voisine n’ont été visées. "C’est évidemment la première chose à laquelle on a pensé", reconnaît le couple, qui avait aussitôt appelé la bijouterie, pris de panique.
Sous pression, l’habitante confie ne pas avoir eu la présence d’esprit de photographier les auteurs de cet acte criminel. "La seule chose qui m’obsédait était d’appeler les services de secours."
Ils sont alors les premiers du quartier – accompagnés d’une voisine – à prendre contact avec les forces de l’ordre et les sapeurs-pompiers, qui parviennent à maîtriser rapidement l’incendie.
"La vitrine a explosé sous la chaleur"
"Les flammes ont très vite pris de l’ampleur et la fumée remplissait l’air. Avec la chaleur, la vitrine a explosé dans un grand fracas", témoigne Jean, qui somnolait quelques instants plus tôt. Portable en main, le riverain mitraille de photos le sinistre au-dessus puis en bas de l’immeuble.
"Le bâtiment a été aussitôt évacué à la demande des pompiers, une quinzaine de personnes se sont retrouvées sur le trottoir d’en face."
La voix rauque, Marie-Claude évoque une "nuit effrayante" et sans sommeil. "Quand le feu a commencé à se propager, j’ai cru que l’immeuble entier allait partir en fumée", souffle-t-elle, encore bouleversée, en décrivant le liquide enflammé qu’elle a vu "couler jusqu’à la bouche d’évacuation d’eau".
Un témoignage qu’elle a également livré aux agents venus l’interroger sur place.
Sur les lieux, les polices nationale et municipale ont procédé aux premières constatations et sécurisé la zone. La police technique et scientifique poursuit actuellement son enquête.
La Direction interdépartementale de la police nationale confirme le récit des deux habitants: deux individus casqués, circulant à scooter, sont soupçonnés d’avoir incendié l’agence Orpi.
Cet acte survient dans un contexte tendu, après que l’eurodéputée Rima Hassan a été menacée, vendredi 27 juin, par deux agents immobiliers employés par le groupe.
commentaires