Une solution trouvée pour les 12 dauphins du parc Marineland d'Antibes, les associations redoutent une euthanasie des orques Wikie et Keijo

INFO NICE-MATIN. ​​​​​​​Si une solution a été trouvée pour les dauphins de Marineland qui devraient être accueillis dans un futur centre d’accueil et de protection au zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher, le blocage persiste pour les deux orques.

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Julie Baudin Publié le 05/09/2025 à 17:32, mis à jour le 05/09/2025 à 17:48
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Un nouvel épisode dans le long feuilleton de Marineland depuis la fermeture du parc au public début janvier.

Si le blocage demeure concernant les deux dernières orques Wikie et Keijo, les douze dauphins, qui demeurent encore dans le parc, pourraient prendre d’ici quelque temps la direction du zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher.

Un transfert qui se ferait, dans le cadre d’un projet, présenté comme pionnier par le ministère de la Transition écologique: "La création d’un centre d’accueil et de protection pour dauphins, conçu pour répondre aux enjeux de bien-être animal. Une avancée majeure pour la protection des dauphins en captivité".

C’est ce qui est ressorti d’une réunion de travail, mercredi, présidée par Barbara Pompili - à l’initiative de la loi sur la maltraitance animale qui interdit à compter de 2026 les spectacles de cétacés et à qui Agnès Pannier-Runacher a confié ce dossier - avec les associations et ONG C’est Assez !, One Voice, Sea Shepherd et Tilikum’s spirit, ainsi que le ZooParc Beauval et un expert reconnu des mammifères marins membre de l’AFdPZ.

"Eviter le scénario du pire"

Il aura donc fallu attendre 8 mois pour qu’un début de solution ne se dessine. Au moins pour les dauphins. "Huit longs mois pour pour dire finalement qu’ils vont changer de piscine et qu’il faut la construire? On marche vraiment sur la tête dans ce dossier. Comment les associations peuvent-elles accepter ça?", s’interroge un observateur.

"Pour éviter le scénario du pire répond Lamya Essemlali, la présidente de l’association Sea Shepherd France. Il fallait lever la pression insupportable de Marineland qui insiste pour transférer les dauphins sur un parc à Malaga. Au regard du contexte actuel où il n’y a aucun sanctuaire en mer qui soit opérationnel aujourd’hui pour accueillir les dauphins en Europe — l’Italie avance doucement et en Grèce on est face à un blocage administratif - il fallait tomber d’accord sur une solution qui soit la moins mauvaise."

"Ça doit être transitoire en attendant les sanctuaires marins"

Et qui mette tout le monde d’accord. Ce futur centre qui doit être construit et qui est porté par le ZooParc de Beauval, en est une.

"A une seule condition préviennent encore les associations, c’est que cela ne soit que transitoire en attendant un sanctuaire en mer. Et nous allons y veiller et borner juridiquement les choses en posant des garde-fous légaux", insiste la présidente de Sea Shepherd France.

Mais quand et comment cela va-t-il se concrétiser? Car le ZooParc de Beauval ne possède pas ce genre d’installation. Tout reste donc à faire. Et c’est bien là le nœud du problème. "Sur sollicitation de la ministre, le ZooParc Beauval se déclare prêt à travailler à la concrétisation de ce projet, sous réserve de la mobilisation des financements nécessaires. Il y a donc un montage financier à trouver reconnaît le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. Cette initiative s’inscrit en complémentarité avec les projets de sanctuaires marins en Italie (Tarente) et en Grèce (Lipsi)."

Une concrétisation du projet d’ici deux à trois ans?

Selon nos sources, la direction du zoo de Beauval aurait estimé entre 24 et 36 mois le délai pour construire de genre de structure, une fois la question du financement résolue. "Ce que nous espérons, c’est que d’ici là il y aura un sanctuaire marin opérationnel en Europe pour les dauphins de Marineland", commente l’ONG Sea Shepherd qui soutient néanmoins le projet de ce centre d’accueil.

Un centre d’accueil qui est pensé avec une vocation bien plus large que l’accueil des dauphins antibois. "Il pourrait accueillir des dauphins issus de delphinariums européens dans un contexte d’annonces de fermetures qui se multiplient avance le ministère d’Agnès Pannier-Runacher. Il pourrait être le premier jalon d’un réseau européen de centres d’accueil qui offrirait une réponse aux besoins de ces dauphins tandis que le travail d’études et d’expérimentations autour de sanctuaires en mer se poursuivra."

Une solution qui n’est pas sans rappeler ce qu’avait proposé lors de l’appel à projets l’association Tilikum’s Spirit: "Nous soutenons cette idée de réseau pour récupérer les cétacés captifs de toute l’Europe. Mais ce consensus se fait seulement si les associations sont intégrées de manière permanente au projet", ajoute Chrisine Ringuet la présidente.

Reste à savoir si ce scénario sera aussi bien ficelé que l’espèrent les associations. "On sait tous que Beauval ambitionne depuis longtemps de faire un delphinarium, confie un militant associatif. Il y a près de 10 ans, son projet avait capoté, sous la pression des associations, et notamment de One Voice. Là, on leur donne sur un plateau la possibilité de le faire. Alors l’aspect transitoire je n’y crois pas trop. Et puis, Beauval ne pourra pas faire de spectacle, la loi l’interdit. Mais on sait très bien que ce bassin sera ouvert au public. Même si c’est pour faire de la sensibilisation et de la pédagogie avec des programmes scientifiques pour mieux comprendre et protéger l’espèce, ça reste du commerce créé par l’industrie de la captivité."

Un bassin ouvert au public? Les associations mal à l’aise

Un point qui met en effet dans l’embarras l’ONG Sea Shepherd. "Dès lors que c’est le zoo qui prend en charge la construction des bassins, je conçois que ce soit difficile de faire autrement que de faire intervenir le public, admet mal à l’aise la présidente de Sea Shepherd France. Mais là on est vraiment face à un principe de réalité: les sanctuaires en mer ne sont pas prêts, ça ne veut pas dire qu’ils ne le seront jamais. Nous serons quoi qu’il en soit très regardants sur les conditions d’accueil des dauphins à Beauval."

Et quid de la propriété des dauphins? Un autre point qui reste à éclaircir pour les associations. "Surtout pas au zoo de Beauval, disent-elles. Là aussi, nous devons travailler sur ce point, il faudra juridiquement que tout soit verrouillé."

Voilà donc le scénario qui pourrait se dessiner dans les prochains mois pour les dauphins de Marineland.

Les orques sans aucune solution, les militants associatifs redoutent l’euthanasie

Pour les orques Wikie et Keijo, le blocage le plus complet persiste puisqu’aucune solution n’a été trouvée pour les deux épaulards qui cristallisent les tensions depuis des années entre le parc et les associations et qui inquiètent une bonne partie de l’opinion publique.

Le gouvernement espagnol continue de s’opposer à leur transfert demandé par Marineland dans un parc de Tenerife, et aux États-Unis, le groupe Sea World refuserait aussi de les accueillir.

Le ministère, lui, renvoie toujours Marineland à ses obligations. "Nous sommes toujours dans l’attente d’une proposition de l’actionnaire. Et via des contrôles réguliers du parc, nous sommes aussi très vigilants sur les conditions d’accueil de Wikie et Keijo. Le parc doit s’assurer de leur bien-être et du bon état des bassins."

Un échec cuisant qui fait aujourd’hui craindre le pire à certains militants associatifs. "Avec toutes les polémiques qui les entourent depuis des mois, personne ne les veut commente un militant. Alors que vont-ils devenir? On les euthanasie"

Sur cette question Christine Ringuet du Tilikum’s Spirit reste très inquiète: "On a trouvé une solution pour les dauphins, c’est bien. Il faut faire pareil pour les orques et leur trouver un nouveau lieu d’accueil. Car sans solution, effectivement on peut se poser cette question."

À Sea Shepherd France, Lamya Essemlali veut continuer d’y croire. "Le gouvernement français reste campé sur un sentiment d’échec anticipé: il pense que ça n’a jamais été fait parce que c’est perdu d’avance. Nous refusons cela. Il doit bien y avoir une baie, quelque part sur le littoral européen, qui pourrait accueillir les deux orques antiboises. Pour cela il faudrait mener un vrai travail de prospection qui n’a jamais été fait. À Sea Shepherd nous serions prêts à travailler dessus à condition d’être soutenu par le gouvernement français."

De son côté, la direction du parc antibois qui n’était pas conviée à cette réunion de travail, a accueilli ce vendredi cette nouvelle avec... circonspection. Et continue de dire sa "volonté de transfert des cétacés au plus vite compte tenu de l’urgence de la situation".

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