Dépénalisation de l’IVG à Monaco: Monseigneur David réaffirme la position du Diocèse

Dans sa traditionnelle lettre pastorale distribuée aux fidèles lors de la messe du dimanche, Mgr Dominique-Marie David revient sur la proposition de loi pour dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse en Principauté et évoque un « point de non-retour ».

Article réservé aux abonnés
Sacha Tisic Publié le 21/05/2025 à 08:37, mis à jour le 21/05/2025 à 08:37
Monseigneur Dominique-Marie David parle d’un "point de non-retour" au sujet d’une possible dépénalisation de l’avortement en Principauté. Photo Jean-François Ottonello

Pour l’église monégasque, l’heure est grave. Jeudi dernier, les élus du Conseil national – à l’exception de Brigitte Boccone-Pagès et Régis Bergonzi – ont voté quasiment de concert en faveur de la proposition de loi n°267 visant à dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse en Principauté . Une proposition de loi qui fait suite à la consultation lancée par le Conseil national, où 80% des Monégasques ayant répondu se disent favorables à une légalisation de l’IVG.

Quelques semaines plus tard dans nos colonnes, l’archevêque Monseigneur Dominique-Marie David avait rappelé l’opposition de l’Église sur ce sujet de société, avant de se fendre d’un communiqué un mois plus tard, pour qualifier ce dossier de "grave", regrettant "la pression des consciences".

Ce dimanche, dans sa lettre pastorale distribuée aux fidèles – s’apparentant davantage à un pamphlet en 14 points, l’archevêque évoque un "point de non-retour". Monseigneur David s’étonne premièrement que le sujet de l’IVG, qui troublerait "les pensées de nombre d’entre vous [les fidèles]" selon ses propos, soit revenu sur le devant de la scène politico-médiatique.

Pour l’Église, un enjeu notamment identitaire

"Le débat sur l’avortement a surgi soudainement dans l’agenda politique monégasque, porté par une campagne médiatique, alors qu’il ne figurait pas dans le programme électoral de la majorité élue", indique Mgr Dominique-Marie David, soulignant que ce revirement soudain pourrait porter préjudice à la parole des élus.

"En 2019, à l’occasion du vote d’une proposition de loi levant la sanction pénale encourue par les femmes ayant avorté, les conseillers nationaux affirmaient dans une déclaration solennelle avoir atteint un point d’équilibre au regard des dispositions constitutionnelles de notre Principauté. Depuis, plusieurs d’entre eux ont changé d’avis, au risque d’entamer le crédit de la parole politique."

S’ensuit un long exposé mêlant théories biologiques et défense de l’identité monégasque, que l’archevêque rappelle indissociable de la foi catholique, pour convaincre les fidèles que ce sujet "peut nuire au maintien de notre cohésion nationale, à la fois précieuse et fragile".

"En Principauté, nous sommes fiers de défendre nos spécificités. Parmi elles, se trouve la confessionnalité de l’État. La religion d’État ne peut être réduite à une simple tradition, elle structure le droit monégasque lui-même, elle est indissociable de notre identité nationale [...] Nous, habitants de Monaco et fidèles de l’Église catholique, nous aimons ce pays, nous voulons préserver son intégrité culturelle et son identité constitutionnelle", déroule l’archevêque, précisant que cette position "ne relève pas uniquement de la foi".

"La biologie et la génétique expliquent désormais scientifiquement que la vie humaine commence dès la conception. L’embryon n’est pas un simple amas de cellules, ni une cellule du corps de la mère qui serait un prolongement de son propre corps, il est une entité distincte. Ce nouvel être vivant appartient pleinement à l’espèce humaine", poursuit-il. Pour rappel, cette proposition de loi a reçu un large soutien des gynécologues-obstétriciens de la Principauté.

Dans son propos, Mgr Dominique-Marie David ne manque pas de citer le défunt pape François, évoquant la "culture du déchet". "Sa dénonciation de l’avortement doit se comprendre d’un point de vue moral certes, mais aussi comme un refus absolu de la culture du déchet, qui supprime ce que nous ne désirons pas et qui nous encombre."

"Rien de contraire aux lois" pour Thomas Brezzo

De son côté, Thomas Brezzo avait rappelé dans nos colonnes que cette proposition de loi n’était en rien contraire aux dispositions monégasques. "On a fait des études de droit comparé et on a fait faire une étude sur le droit canonique, pour savoir quelles étaient les difficultés qu’on pouvait rencontrer entre le Concordat et la Constitution monégasque. Il n’y a rien de contraire aux lois", assurait le président du Conseil national, prenant comme exemple des pays aux fortes traditions religieuses qui ont déjà légiféré sur la question.

"L’Angleterre et la Grèce, pour ne citer qu’eux, en sont des exemples. En outre, des pays où la tradition religieuse est très ancrée, comme le Luxembourg ou l’Irlande, ont su faire progresser de manière significative les droits des femmes."

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.