Ce satellite assemblé sur le site cannois de Thales Alenia Space surveillera la santé de la planète

Lancé l’an prochain, FLEX, assemblé sur le site cannois de Thales Alenia Space, surveillera la santé de la planète, en scrutant la photosynthèse des végétaux. Finalité, face à un futur incertain: optimiser les ressources.

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Pascal Fiandino Publié le 12/09/2025 à 07:30, mis à jour le 12/09/2025 à 07:30
Photo DR

Et si le salut venait de l’espace? Alors que le réchauffement et les phénomènes climatiques (sécheresse, feux de forêt, etc.) s’intensifient, à l’instar de la démographie mondiale, qui induit de produire toujours plus – il est estimé que la production agricole augmentera de plus de 50% d’ici à 2050 pour satisfaire la demande – l’heure est, plus que jamais, à l’optimisation des ressources.

Référence dans le domaine de l’observation spatiale de l’environnement [lire plus loin], Thales Alenia Space (TAS) se lance, pour le compte de l’Agence spatiale européenne – et au cœur d’une collaboration continentale dont elle est maître d’œuvre – un nouveau défi avec le satellite FLEX (pour Fluorescent Explorer).

Assemblé, en juillet dernier, dans les salles blanches du site cannois – et après toute une batterie de tests à venir – il s’envolera, en septembre 2026, depuis Kourou (Guyane) et à bord d’une fusée Vega-C. Pour une mission d’exploration – prévue pour 3 ans et demi – unique en son genre.

L’agriculture de demain au centre des préoccupations

"C’est la première fois qu’on va mesurer, depuis l’espace, la fluorescence de l’ensemble du couvert végétal mondial, confirme Thierry Huiban, responsable de la mission FLEX pour TAS. Voir l’évolution des forêts dans le temps, avec les impacts de l’agriculture, de l’activité humaine, du changement climatique. Pourquoi ça évolue? Les espèces sont-elles adaptées à leur milieu ou faut-il les remplacer? Y a-t-il des problèmes liés à leur environnement ?"

Il étaye: "Ça va permettre d’aider à l’optimisation agricole: utilise-t-on trop d’eau, ou pas assez? Trop d’engrais? Pour tendre vers une agriculture raisonnée, éviter la pollution et l’appauvrissement des sols. C’est une mission qui, vu l’époque, a une portée sociétale."

Tout ça pourrait, donc, être rendu possible grâce à l’étude d’un procédé essentiel à la vie sur terre: la photosynthèse (1). Lors du processus, les plantes émettent un signal fluorescent très faible, invisible à l’œil nu et qui varie, en fonction des conditions environnementales et de la santé du végétal.

Ainsi, plus une plante est en bonne santé, plus son activité photosynthétique est importante, et plus elle émet de la fluorescence. Les données récoltées – et mises à disposition de la communauté scientifique – permettront une meilleure compréhension de la circulation du carbone entre les plantes et l’atmosphère, mais surtout d’identifier les effets des différents types de "stress" (hydrique, chaleur, froid, vents, etc.) sur la photosynthèse.

En résumé: comprendre comment la végétation réagit à l’évolution des conditions environnementales; et, ainsi, mettre en place les optimisations de ressources évoquées plus haut.

Intégré, à terme, au programme européen Copernicus?

Cette cartographie mondiale de la fluorescence de la végétation, ce sera la mission de FLORIS, spectromètre imageur développé par les Italiens de Leonardo.

"Il va mesurer l’ensemble de la longueur d’onde de la lumière, avec une précision exceptionnelle [de l’ordre de 0,1 nanomètre], reprend Thierry Huiban. Il y a, néanmoins, de petites corrections à apporter, dues à la traversée atmosphérique." Pour résoudre ces biais, le satellite Sentinel-3C – également sous maîtrise d’œuvre de TAS – entre en action.

Lancé en tandem avec FLEX – ils voleront à 814km d’altitude et à quelques secondes d’écart – il fait partie de la famille Sentinel-3 qui, dans le cadre du programme européen Copernicus, fournit des données en temps réel sur les océans (températures, courant, hauteur des glaces...), mais aussi sur l’environnement terrestre (suivi de la végétation, de l’utilisation des terres...). Et c’est la superposition des images des deux satellites qui doit permettre "une synergie scientifique entre les données."

S’il rappelle que, pour l’heure, FLEX est seulement "une mission d’exploration", Thierry Huiban voit plus loin: "Si, à l’issue, c’est validé en termes d’efficience, peut-être que FLEX entrera dans le programme Copernicus, pour une véritable complémentarité opérationnelle." Réponse dans quelques années...


1. La synthétisation, par les plantes vertes, des matières organiques grâce à l’énergie lumineuse, en absorbant le CO2 et en recrachant de l’oxygène.

Observation de l’environnement: TAS à la pointe

"L’Europe est en pointe dans l’observation spatiale de l’environnement, elle est très en avance. C’est aussi le domaine d’expertise de TAS" assure Yvan Baillion, directeur des affaires européennes de Thales Alenia Space.

En effet, TAS contribue à onze des douze missions du programme européen d’observation de l’environnement Copernicus. Depuis 2020, elle bosse aussi sur les futures missions d’expansion du programme, en développant, notamment, le satellite CHIME.

"Il doit, entre autres, suivre l’évolution des cultures, pour une optimisation des terres agricoles, vers une production saine et durable." Finalité assez proche de celle de FLEX, d’où l’espoir légitime de Thierry Huiban d’une intégration à Copernicus.

Arrivé "en fin de conception", CHIME entre, lui, "en phase de tests", reprend Yvan Baillion: "La fabrication des modèles de vol est prévue en 2026, le lancement en 2029."

Dans le même temps, TAS finalise son MTG (Meteosat Third Generation) Imager-II, qui vise à améliorer les prédictions météo. "Les phénomènes sont de plus en plus violents et se forment de plus en plus vite. Avec une image du disque terrestre toutes les dix minutes [ce que fournit MTG I-1, lancé fin 2022 avec, tout de même, la capacité de "zoomer" et de cartographier toutes les 2 minutes 30], on manque ces évènements à formation très rapide."

 En synergie avec son "aîné" – qui se cantonnera, alors, au créneau des dix minutes – MTG I-2 fournira des images toutes les 2’30, "pour prédire, à très court terme, l’évolution des cellules orageuses et anticiper la mise en sécurité des populations."

Lancement prévu l’an prochain, comme FLEX et Sentinel 3-C. L’été 2026 sera chaud chez TAS.

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