Comment le Cap Roux tente de repeupler ses précieux fonds marins
Depuis 2003, le Cap Roux abrite un cantonnement de pêche, sanctuarisé pour la reproduction des poissons. Pêcheurs, acteurs locaux et scientifiques y travaillent tour à tour. Ils reviennent sur les difficultés à surmonter pour préserver ce fragile équilibre.
Flora ZanichelliPublié le 28/05/2025 à 11:05, mis à jour le 28/05/2025 à 11:15
Le Cap Roux est situé entre Cannes et Saint-Raphaël.
Photo NM
La terre rouge de l'Estérel se découpe sur l'eau bleue. Coincé entre Cannes, à l'est et Saint-Raphaël, à l'ouest, le Cap Roux est bien connu des Azuréens. Dans cette portion de mer, en surface, règne un calme absolu. Mais sous l'eau, c'est une tout autre affaire. Créé en 2003 sous l'impulsion des pêcheurs de la Prud'homie de Saint-Raphaël, le cantonnement qui recouvre 450 hectares de fonds marins, est une réserve marine.
Un cantonnement, plus exactement, où l'interdiction de pêche permet aux poissons de la zone d'évoluer et de se reproduire en toute tranquillité.
Une faune plus dense
Cette interdiction de pêche, ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui l'ont décidée. Il y a plus de vingt ans. "Nous nous faisions du souci pour l'avenir et avons décidé de geler un endroit pour servir de nurserie pour repeupler aux alentours", témoigne encore Christian Decugis, pêcheur raphaëlois aujourd'hui à la retraite et à l'origine du cantonnement. Riche en poissons, éloignée du port, la zone est idéale et peu utilisée pour la pêche. Elle ne met donc pas en péril l'activité halieutique tout en promettant un meilleur développement des poissons.
Une centaine d'espèces marines évoluent ici, attirées par des herbiers de posidonie, des plateaux de roche et de coralligène, formé d'algues et de coraux, qui constituent des lieux privilégiés pour se nourrir et se reproduire. Parmi les espèces présentes, on compte notamment des espèces patrimoniales comme le mérou brun, le mérou royal et le corb.
"Quand on les voit, ça veut dire que la chaîne alimentaire est en bonne santé", explique Sylvain Roblet, chercheur au laboratoire Ecoseas de l’Université Côte d'Azur, habitué à plonger dans la réserve, et auteur d'une thèse sur ce cantonnement.
Corbs (Sciaena umbra) et mostelle de roche (Phycis phycis) dans sa cavite ((photo ci-dessus, à droite) peuplent les fonds du Cap Roux.
photos Sylvain Roblet, Docteur en écologie marine (Ecoseas).Crédit photo Web uniquement..
Travail collectif
Le site est d'ailleurs devenu un incontournable de la région. Pour les plongeurs qui viennent y admirer les fonds marins, pour les scientifiques, qui y travaillent depuis 2004, sollicités par la Prud’homie de pêche et de la Ville de Saint-Raphaël. Pour le territoire, enfin, sur lequel le Cap Roux rayonne.
Engagée aux côtés des pêcheurs, la ville de Saint-Raphaël souligne les bénéfices de cette pépite marine.
"Cela attire du monde, deux films vont prochainement y être tournés", souligne l’adjoint délégué au nautisme de la ville, Michel Kaidomar. Une émulation pour la ville. "Le fait d’avoir une zone de réserve intégrale, c’est une action de protection environnementale forte, c'est un atout", poursuit encore l’adjoint.
Un équilibre fragile
Mais des progrès restent à faire, notamment concernant la lutte contre le braconnage. Difficultés à mettre en place une surveillance, absence de balisage malgré des demandes répétées, procédures complexes et renouvellement obligatoire de l'appellation tous les 10 ans font de ce cantonnement dont la réputation n'est plus à faire, un espace à l'équilibre fragile. La pression touristique s'est accrue sur le site depuis 2019, constatait encore l'Observatoire Marin pour l'agglomération. Sylvain Roblet poursuit: "Ce projet marche, mais il faut indéniablement renforcer la surveillance et le balisage, en terre comme en mer". Il ajoute: "Le Cap Roux est un magnifique terrain de jeu pour mener nos missions scientifiques dans la région, de par la richesse de ses fonds marins, on voit beaucoup de choses mais on aurait eu un “effet réserve" plus spectaculaire avec de la surveillance, du balisage et une sensibilisation plus importante. »
Chercheur au laboratoire Ecoseas, Benoît Derijard regrette que les scientifiques ne soient pas davantage consultés, notamment par les services centraux de l'État dont dépendent les décisions importantes, comme le choix des futures Aires Marines Protégées, de leurs niveaux de protection ou de l'instauration du balisage, par exemple. Mais également un suivi pluriannuel de qualité. "Choisir une zone c'est important, il faut faire des études, observer l'écosystème, en étudier la qualité et son évolution dans le temps… Il faut mettre tout le monde autour de la table, discuter, échanger et augmenter l’efficacité de ces aires."
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