Qui est l’interlocuteur et pourquoi il participe?
Gaétan Heymes est météorologue au centre de Briançon de Météo France. "Je couvre toute la partie Alpes du Sud avec la partie montagne pour les Alpes-Maritimes", explique-t-il. Levé tôt le matin, il est dès 5h45 à la station qu’il quitte vers 18 heures le soir. "Il faut préparer les premiers bulletins météo pour diffusion à 7h30", précise-t-il.
Cet ingénieur prévisionniste et nivologue, star des réseaux sociaux, a pour fonction la prévision, entre autres, des risques d’avalanches à partir d’observations émises en station de ski. Pour lui, la sécheresse est un sujet au long court qui a débuté dès l’été 2021. "L’hiver et l’été qui ont suivi ont été particulièrement secs", constate-t-il.
Donner un éclairage, se rendre compte qu’on est vulnérable face au manque d’eau lié à un déficit chronique de précipitations sont autant d’arguments qui l’ont poussé à participer à l’initiative de Nice-Matin.
Quelle est la situation au 13 juin?
"Depuis notre dernier point, il y a eu pas mal d’averses orageuses, surtout dans le Var", commente Gaétan Heymes.
Pour le mois de mai, le volume des précipitations a atteint 100 mm dans le Var et 110 mm dans les Alpes-Maritimes. "Il a plus plu que la normale", observe le météorologue qui enregistre un excédent de 65% dans le Var et de 25% dans les Alpes-Maritimes.
“On observe néanmoins des disparités entre l’arrière-pays, plus arrosé, et le littoral, davantage épargné par les pluies.”
Une tendance qui se poursuit sur le mois de juin avec un volume de précipitations moyen de 40 mm enregistré dans le Var, et de 45 mm dans les Alpes-Maritimes, soit un excédent de 80% pour le premier et de 60% pour le second. Signe des disparités sur le territoire, "dans certains endroits, dans le Var, on atteint même les 100 mm”. “Dans l’arrière-pays, dans le Verdon notamment, c’est assez frappant", continue Gaétan Heymes.
D’autres pluies orageuses sont attendues ces prochains jours, qui devraient à nouveau soulager nos deux départements.
Quel est votre sentiment face à ces pluies?
"C’est une bonne nouvelle!", s’exclame Gaétan Heymes.
Non sans tempérer : "Malgré tout, ces pluies relativement abondantes ne permettent pas de compenser le déficit pluviométrique que connaissent ces deux départements depuis 2 ans."
Depuis 2023, les deux départements enregistrent un déficit hydrique de 30 à 40%.
Les 4 premiers mois de l’année ont été très secs.
Quels effets ont eu ces pluies?
"Elles ont permis de bien humidifier les sols."
Grâce à ces pluies fréquentes, les indices d’humidité des sols sont redevenus proches de la normale alors même que fin avril, on avait une humidité des sols très basse.
"Fin avril, on avait une humidité qui correspondait à celle d’ordinaire de fin juin, début juillet", poursuit Gaétan Heymes.
Dans le nord du Var, notamment, la situation s’est nettement améliorée.
"Mais ça reste déficitaire sur le littoral azuréen."
Le météorologue analyse encore les cours d’eau. "Ils réagissent aux averses. Si on observe l’Argens et le Var, on a des niveaux qui se rapprochent des normales mais qui ne sont pas non plus très abondants."
Malgré des pluies excédentaires, notamment à l’intérieur, cela ne suffit pas à remplir les nappes phréatiques.
"Quand cette séquence orageuse va se terminer, les cours d’eau vont à nouveau baisser et vont revenir à ce que les nappes vont leur donner comme débit, observe Gaétan Heymes. Or, comme elles n’ont pas été chargées, leur niveau pourrait baisser assez vite après."
Où en êtes-vous aujourd’hui?
"On pouvait difficilement avoir mieux comme enchaînement de situations météo."
Grâce à ces nombreuses pluies, certains secteurs comme le nord du Var, autour du Verdon et la partie montagneuse des Alpes-Maritimes sont moins sous tension, notamment pour l’humidité des sols.
"Mais tout cela est à confirmer pendant l’été. On ne peut pas dire qu’on est tiré d'affaires, tant qu’on n’aura pas eu une saison de recharge."
Et pour cela, il faudra attendre l’automne et l'hiver prochains.
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