"Sans eux, je ne serais pas là sur mes deux jambes": quatre mois après son grave accident à Cap-d’Ail, Laurent a pu remercier de vive voix ses deux sauveurs
Victime d’un grave accident sur le sentier littoral de Cap-d’Ail le soir du 15 janvier, Laurent De Santi a pu remercier de vive voix ses deux anges gardiens, Luca et Tal. Des retrouvailles chargées en émotions.
La rédactionPublié le 15/05/2025 à 07:15, mis à jour le 15/05/2025 à 09:15
Laurent De Santi pose aux côtés de ses deux sauveurs, Luca et Tal.Photo Jean François Ottonello
Au loin, sur le quai du port de Fontvieille, on aperçoit sa silhouette soutenue par une paire de béquilles. La démarche est claudicante, stigmate d’un grave accident survenu le mercredi 15 janvier sur le sentier littoral de Cap-d’Ail, terrain de course qu’il empruntait jusqu’à trois fois par semaine avant cette date (nos éditions du 18 et 21 janvier). Laurent De Santi apparaît un brin stressé, certes, mais terriblement impatient.
Dans quelques minutes, et pour la première fois depuis près de 4 mois, il va retrouver ses deux anges gardiens, Luca et Tal. "Ils m’ont sauvé la vie. Sans eux, je ne serais pas là, sur mes deux jambes, confie, éternellement reconnaissant, ce Français de 51 ans et résident à Monaco. En descendant la pointe des Douaniers, j’ai fait un malaise et je suis tombé trois mètres en contrebas sur les rochers. Black out total. Il était 17 h 30 et il commençait à faire nuit. Le sentier était peu fréquenté. C’est alors que Luca et Tal m’ont repéré."
Des destins liés à vie
La suite, ce sont les principaux intéressés, amis dans la vie, qui le racontent le mieux. Ces deux cinéastes arrivent au rendez-vous des retrouvailles tout sourire, gratifient Laurent De Santi d’une franche accolade et embrassent Christelle, son épouse, et Marvyn, son fils de 11 ans. Comme si tout ce beau monde se connaissait depuis toujours. Depuis ce 15 janvier, leurs destins sont désormais liés.
Ce soir-là, alors qu’ils se baladent après une journée de travail, Luca et Tal ont le regard attiré par les habits de course réfléchissants de Laurent De Santi, étendu inconscient sur les rochers.
"Je suis descendu près de lui et Tal a arrêté des joggeurs pour appeler les secours puis les a attendus afin de les guider, retrace Luca. Laurent ne bougeait pas, ne parlait pas. Je lui ai posé beaucoup de questions pour essayer de le réveiller. Quand il a repris ses esprits, il a essayé de se lever mais c’était impossible."
Laurent De Santi est en effet victime d’une fracture ouverte à la cheville droite et plusieurs phalanges de sa main gauche sont, elles aussi, brisées. Sans compter les côtes cassées, les entailles à la tête et des contusions au visage. "On a attendu les secours un certain temps. Il a beaucoup parlé de sa femme, alors je l’ai questionné sur sa famille", sourit-il.
Pour l’extraire des rochers, les sapeurs-pompiers monégasques du Groupe d’intervention sauvetage périlleux (GISP) ont utilisé un système de cordes et une civière spécifique. Une intervention particulièrement technique, qui plus est réalisée de nuit.
Alors que la victime est transportée à l’hôpital Pasteur à Nice pour des opérations en urgence - il en subira 4 au total -, Luca et Tal repartent incognito pour aller dîner. "On a porté un toast en espérant que tout allait bien pour lui", se souvient Luca, humble.
"On était juste au bon endroit au bon moment"
Les jours suivants, il tentera de joindre plusieurs organismes pour s’assurer de son état mais, secret médical oblige, difficile d’obtenir une confirmation officielle. "C’est une amie de ma mère qui a repéré l’appel à témoins dans Monaco-Matin, lancée par Christelle, pour nous retrouver et nous remercier."
C’est par ce biais, donc, que les héros et la victime parviennent à rentrer en contact. De façon régulière, Luca et Tal suivront l’évolution de l’état de santé physique de Laurent De Santi.
Après trois semaines d’hôpital au service traumatologie, il migre au centre hospitalier de la Palmosa à Menton pour amorcer une pénible rééducation de deux mois. "La remise en service est compliquée. L’hématome est encore en train de se résorber. On m’a posé une plaque et 10 vis dans la jambe. J’ai commencé par le fauteuil puis je suis passé au déambulateur et maintenant aux béquilles. Je marche mais je boite, ça prendra des mois. Je me suis mis à la natation mais je crois que je peux définitivement oublier la course à pied", regrette-t-il.
À ses côtés, Christelle y croit encore. En assistant à ces chaleureuses retrouvailles, elle ne peut retenir ses larmes. "Normalement, une chute comme ça, dans ces conditions, on ne s’en remet pas. Ce n’était pas son heure", estime-t-elle. Tal approuve: "Le voir comme ça, debout, c’est un vrai miracle. A 100%". Quand on utilise le terme de "héros", ils refusent pudiquement la qualification. "Non, non, non, coupe Luca. On était juste au bon endroit, au bon moment. Quelqu’un nous a envoyés là-bas à ce moment précis. C’était le minimum que l’on puisse faire. Laurent aurait fait pareil pour nous."
"Je ne mesure pas vraiment la chance que j’ai"
Laurent De Santi finit, lui aussi, par lâcher les vannes et craque devant son épouse et son fils. Sans doute réalise-t-il qu’il est passé tout près de la mort, un mot pourtant tabou quelques minutes plus tôt quand il nous confiait: "Comme je ne me souviens pas de l’accident, je ne mesure pas vraiment la chance que j’ai. Je ne me dis pas que je suis passé tout près de… de… du bout."
Après une soirée dans un restaurant du port de Fontvieille à refaire le monde, la famille De Santi a convié Luca et Tal à une grande réception, fin juin, destiné à remercier tous ceux qui ont soutenu moralement Laurent dans cette épreuve. "J’aimerais qu’ils soient récompensés pour leur acte, qu’ils reçoivent une médaille. Ils le méritent. On n’oublie pas, non plus, le personnel médical et soignant, les pompiers et les gendarmes", glisse Christelle.
Après l’appel à témoins dans nos colonnes après l’accident, voilà désormais l’appel à décorer deux héros aux valeurs certaines. Sera-t-il entendu ?
Emu aux larmes, Laurent De Santi serre dans ses bras ses héros.Photo Thibaut Parat.
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