Mercredi soir, les élus du conseil municipal de Menton retrouvaient leurs sièges après le faux départ de la séance précédente, stoppée faute de quorum. À l’ordre du jour, sans surprise: la révocation et la nomination de nouveaux administrateurs au sein de la SPL des ports.
Céline Varela a pu cette fois donner lecture d’une déclaration d’Emmanuel Ravier, vice-président de la SPL, absent pour raison de santé. Celui qui avait été propulsé à ce poste après le "putsch" contre l’ancienne présidente-directrice générale Marina Giardina a tenu à clarifier les intentions de son camp en rappelant que "la décision de mettre fin aux fonctions de la présidente n’avait rien de politique. Elle répondait à un souci de bonne gouvernance et de transparence. Si vous [s’adressant à Yves Juhel, le maire] aviez accepté de répondre aux interrogations des administrateurs, au lieu d’agir en étroite concertation avec la présidente et votre chef de cabinet, nous n’aurions pas été conduits à ces changements. Cette opacité a nourri la défiance [...] nous ne favoriserons aucun candidat dans les futures échéances municipales. La gestion des ports ne doit jamais devenir l’instrument d’un camp mais rester une mission d’intérêt général au service exclusif des Mentonnais."
Au sujet des frais, Hervé Vialonga a pris la parole pour développer ce "point qui pourrait relever d’un signalement au titre de l’article 40." Le président de la SPL a alors sorti ses chiffres: "On a fait faire des calculs par la comptabilité et entre les analyses kilométriques qui sont facturées par Marina – 104 kilomètres par jour, aller-retour pour venir depuis Vence, et le nombre de passages comptabilisés par le badge Ulys, il y a des incohérences. Pour 2024, c’est 4.916 euros de plus que les indemnités kilométriques normales. Pour 2025, c’est 3.553 euros. En étant président, je suis obligé de le voir et de le dire."
"Je m’en expliquerai au besoin, mais pas à vous"
Marina Giardina a aussitôt riposté, dénonçant des "manœuvres politiciennes" destinées à l’évincer. Selon elle, cette fronde serait liée à son application stricte des procédures (incessibilité des postes d’amarrage, équité dans l’attribution des contrats, respect de la liste d’attente). "Je ne fais l’objet d’aucune mise en examen, aucune poursuite pénale", martèle-t-elle, rappelant que le bilan et les comptes ont été approuvés par les administrateurs. "Au cours de tous les conseils d’administration, aucune remarque ne m’a été adressée. Je m’étonne qu’on me reproche des indemnités kilométriques. Je m’en expliquerai au besoin, mais pas à vous. Vous n’êtes pas procureur."
Après ces invectives croisées, place aux votes à bulletins secrets. Résultat: la révocation des administrateurs en place a été actée par 13 voix pour, 12 contre et 5 bulletins blancs. Sylviane Royeau représentera désormais la Ville aux assemblées générales de la SPL. Constatant le rapport de force en sa défaveur, Florent Champion a renoncé à présenter des candidats. Les nouveaux administrateurs élus sont donc Carmela Cartarrasa, Marina Giardina, Patrick Calvi et Isabelle Almonte. Les deux derniers avaient quitté les rangs de la majorité pour siéger en tant qu’indépendants en septembre 2024 [nous y reviendrons dans une prochaine édition].
Clou du spectacle – ou presque – la fameuse lettre de Jean-Claude Alarcon (absent du conseil), dont le contenu devait être révélé seulement après la nomination des administrateurs, a finalement été lue par Rose-Mary Morena.
"Cette délibération n’est justifiée que par des intérêts personnels et, pour moi, est à l’encontre même de la SPL. Quel signal envoie-t-on aux administrés, et aux usagers des ports? Celui que les responsabilités au sein de nos instances ne reposent plus sur la compétence ou l’investissement, mais sur des considérations politiques ou personnelles [...] Je souhaitais aller au bout de ce processus en me soumettant à ce vote qui nous a été imposé aujourd’hui, mais cela ne change en rien le souhait de ne pas poursuivre mon mandat d’administrateur de la SPL que j’avais formulé en juin dernier. Par conséquent, je souhaite proposer ma démission d’administrateur de la SPL qui, si le vote de ce jour m’a maintenu, pourrait intervenir lors du prochain conseil municipal. Par souci de transparence, j’avais décidé de rendre publique cette position à l’issue du vote, quel qu’en soit le résultat."
Jean-Claude Alarcon peut donc partir l’esprit apaisé: son nom n’a jamais été cité pour reprendre un poste d’administrateur. Son initiative aura au moins eu le mérite d’exister.
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