Discipline en constante évolution, la Formule E nécessite une gymnastique intellectuelle en direction de course comme en tribunes, et toujours plus de précautions en bord de piste pour les commissaires de l’Automobile Club de Monaco.
Des aléas domptés ce week-end par les équipes du président Boeri, non sans devoir parer à des situations inédites.
Vainqueur du GP2 Series en 2012 à Monaco et désormais directeur de course pour la Formule 3, Johnny Cecotto Jr. assistait les équipes de l’ACM en direction de course lors de ce E-Prix, et résume l’aspect déroutant de la Formule E.
"Les voitures sont bien plus lentes que des F1 mais aussi beaucoup plus petites, ce qui permet beaucoup de dépassements et rend la course sympa. Mais entre le Attack mode et le pit-boost, à un certain moment, même nous qui avions 200 écrans sous les yeux, on ne comprenait plus où était qui au classement. Quand Rowland est repassé devant samedi, je l’avais anticipé parce que j’analyse facilement toutes les tactiques avec mon expérience, mais en tribunes je me demandais si les gens suivaient."
Fausse alerte électrique
En cela, le rôle des (excellents) commentateurs aura été précieux pour les spectateurs, de même que la multiplication des écrans géants ces dernières années sur le circuit a permis aux novices de ne pas perdre les pédales.
En coulisses, la communication s’est avérée tout aussi primordiale entre FIA et ACM. Exemple ce dimanche matin avec la sortie de piste de Sam Bird à Sainte-Dévote, où l’efficience et la rapidité des échanges ont permis de sécuriser l’intervention des commissaires.
"On a fait face à une situation exceptionnelle. La lumière était verte sur la voiture [indiquant qu’il n’y a aucun danger électrique, ndlr], le chef de poste s’est positionné pour intervenir mais la FIA nous a dit ne pas la toucher parce qu’ils avaient une alerte sur la télémétrie", détaille Jean-Michel Matas, commissaire général adjoint de l’ACM et référent des commissaires.
À l’écran, les ingénieurs de la FIA repèrent une anomalie dans les données télémétriques, suffisantes pour interrompre l’intervention à titre préventif. Fausse alerte finalement.
"Ils m’ont ensuite expliqué que l’alerte devait venir du fait que la voiture avait pris violemment la bordure et la batterie avait pris un coup. Elle ne s’est pas détériorée mais elle s’est mise en sécurité. Ce qui nous permet d’intégrer pour le futur que ce n’est pas parce que la lumière est verte, que ce n’est pas dangereux."
"Une technique particulière qui n’existe pas en F1"
L’adaptabilité aura été permanente tout le week-end. Autre exemple avec le grutage des véhicules accidentés.
"Les Formule E ont la particularité de ne pas être équilibrées quand on les grute. On l’a encore vu samedi où ils ont eu un problème sur l’ancrage pour compenser l’inclinaison de la voiture. C’est une technique particulière qui n’existe pas en Formule 1 et, ce dimanche matin, on a fait un briefing avec tous les chefs de poste pour rappeler ces principes-là, qui ne sont pas usuels."
Une mécanique bien huilée qui a écourté les interruptions de course et servi un spectacle de plus en plus populaire chez les jeunes et à l’esprit familial.
Une alternative moins coûteuse que la F1 en tribunes que les puristes n’imaginent toutefois pas supplanter un jour la reine des disciplines.
"Voir un Formule 1 ou une Formule 2 avec le bruit, le parfum de l’essence qui brûle et la vitesse qui est bien plus élevée me procurera toujours plus d’émotions. Et le pilotage en F1, cela reste une autre planète. Il y a beaucoup plus de réglages, de commandes au volant, l’aérodynamique est beaucoup plus impactante", confie Johnny Cecotto Jr.
Rendez-vous est pris pour la grand-messe de la F1, du 22 au 25 mai, avec la bande à Charles Leclerc.
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