Le 27 mars, au terme de trois mois de procès, le parquet national financier (PNF) a requis à son encontre sept ans d'emprisonnement, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.
L'ancien président a dans la foulée dénoncé "l'outrance de la peine réclamée", qui ne vise selon lui qu'à "masquer la faiblesse des charges alléguées".
Dans cette affaire à tiroirs, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui âgé de 70 ans, est soupçonné d'avoir noué, via ses proches, un "pacte de corruption" avec Mouammar Kadhafi, afin qu'il finance son accession à l'Elysée.
Et ce, selon l'accusation, en échange de contreparties diplomatiques, économiques et judiciaires. En particulier un soutien au retour de la Libye sur la scène internationale après des années d'embargo, et un engagement à absoudre un ancien dignitaire libyen, Abdallah Senoussi, condamné à la perpétuité pour son rôle dans l'attentat du DC-10 de l'UTA en 1989 qui avait coûté la vie à 170 personnes, dont 142 Français.
Nicolas Sarkozy a comparu avec 11 autres personnes - dont trois de ses anciens ministres, Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth - pour tout une série de délits, parmi lesquels ceux de corruption passive, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne ou encore association de malfaiteurs.
Trois prévenus - l'homme d'affaires saoudien Khaled Bugshan, l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine et l'ex-directeur de cabinet de Kadhafi, Bechir Saleh - étaient absents au procès et sont visés par un mandat d'arrêt.
Pendant l'audience, le tribunal, présidé par Nathalie Gavarino, a examiné un à un les indices rassemblés par les juges d'instruction pendant une décennie d'investigations très complexes, passant de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi sous une tente en 2005 à Tripoli à la vente par Claude Guéant de tableaux largement surévalués, ou encore à l'exfiltration de France en 2012 de Bechir Saleh.
"Un pacte faustien"
Pour le parquet financier, l'ancien locataire de l'Elysée (2007-2012) a noué "un pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années" afin de "satisfaire ses ambitions politiques dévorantes".
Contre ses coprévenus, le ministère public a demandé des peines allant de un an de prison aménageable à 6 ans ferme contre Claude Guéant et des amendes atteignant jusqu'à 4 millions d'euros.
Tout au long des investigations, puis du procès, l'ancien président n'a cessé de clamer son innocence, dénonçant un complot ourdi par le clan Kadhafi pour lui faire payer son rôle déterminant dans sa chute à l'automne 2011, et fustigeant l'absence de "preuves" dans le dossier.
"Dix années de calomnie, 48 heures de garde à vue, 60 heures d'interrogatoire", a-t-il énuméré au début du procès en janvier 2025. Et à la fin, "on a trouvé quoi? Rien", "pas un centime libyen".
Dans un entretien au Figaro publié début septembre, Nicolas Sarkozy a affirmé appréhender "avec calme" le délibéré.
"Cela prendra le temps qu'il faudra, mais je me battrai jusqu'au bout pour prouver mon innocence et je ne baisserai pas la tête pour m'excuser de choses que je n'ai pas faites", a-t-il ajouté.
Cette affaire judiciaire n'est pas la seule dans laquelle l'ex-président de la République est englué.
Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des écoutes ou Bismuth, Nicolas Sarkozy a dû porter entre janvier et mai un bracelet électronique à la cheville, une sanction inédite pour un ancien chef de l'Etat. Il a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
La Cour de cassation examinera par ailleurs le 8 octobre son pourvoi dans l'affaire Bygmalion, portant sur le financement de sa campagne présidentielle de 2012 et pour laquelle il a été condamné en appel à un an de prison dont six mois ferme.
Il est aussi mis en examen dans une enquête parallèle sur l'éphémère rétractation, possiblement monnayée, de Ziad Takieddine concernant ses accusations dans le dossier de financement libyen.
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