Malgré la mobilisation, l'État signe la fin de la dalle en béton de ce restaurant emblématique à Roquebrune-Cap-Martin

La préfecture des Alpes-Maritimes rappelle que la dalle du Cabanon à Roquebrune-Cap-Martin est sans titre depuis 2012 et met en avant la nécessité de désartificialiser le domaine public maritime, conformément à la loi Littoral.

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Maxime Rovello (mrovello@nicematin.fr) Publié le 05/09/2025 à 12:02, mis à jour le 05/09/2025 à 12:02
La dalle en béton situé sous le restaurant Le Cabanon est dans le viseur de l’État. Photo DR

À Roquebrune-Cap-Martin, la plage du Buse et son emblématique Cabanon sont au cœur d’un bras de fer entre habitants attachés à ce lieu de mémoire et l’État.

Depuis le mois de juillet, une pétition circule pour sauver la dalle en béton qui soutient le restaurant. Elle a déjà recueilli plus de 360 signatures et illustre l’émotion suscitée par ce projet.

Mais pour la préfecture des Alpes-Maritimes, la discussion n’a même pas lieu d’être: "Cet ouvrage est sans titre, il est donc à démolir", tranche l’administration.

Construite dans les années 1930, la plateforme de 21 mètres de long et 6 mètres de large avait à l’origine une vocation bien éloignée de la restauration.

Elle servait alors de garage à bateaux à ciel ouvert, permettant aux pêcheurs et plaisanciers de mettre leurs embarcations à l’abri des coups de mer.

Pendant des décennies, la commune a bénéficié d’autorisations d’occupation temporaire (AOT) pour cet usage maritime, rappelle la préfecture.

Ce n’est qu’à partir des années 60 qu’un restaurant s’y installe, devenant peu à peu indissociable du paysage.

Pour les habitants comme Sophie (à l’initiative de la pétition), "ce cabanon incarne une mémoire collective et un repère convivial". Mais cette histoire est aussi celle d’un glissement progressif des usages, qui va se retrouver dans le viseur de l’administration.

Un morceau de patrimoine cher aux locaux

En 2012, à l’issue de l’AOT communale, les services de l’État constatent que la dalle n’abrite plus de bateaux mais sert de terrasse à la buvette-restaurant "Le Cabanon".

La Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) demande alors à la commune si elle souhaite régulariser la situation via une concession de plage.

La réponse est négative. Dès lors, la plateforme se retrouve sans autorisation d’occupation, et chaque année, des constats viennent rappeler son statut irrégulier.

La préfecture insiste: "Des constats d’occupation sans titre sont produits chaque année à la commune, dernier gardien de l’ouvrage, tandis que les exploitants successifs indiquaient qu’ils payaient un loyer à la commune."

En 2015, une mise en demeure de démolir est adressée à la municipalité sous peine de contravention de grande voirie mais aucune suite contentieuse n’est donnée.

Les arguments de la commune et des riverains

Depuis, la municipalité de Roquebrune-Cap-Martin s’est toujours déclarée défavorable à la destruction, mettant en avant le rôle protecteur de l’ouvrage face aux submersions marines.

En 2016 et 2017, elle a même sollicité la DDTM pour conserver la dalle, estimant qu’elle constituait "un rempart absolu contre la mer" et protégeait l’activité commerciale du restaurant situé juste derrière.

Un argument partagé par les signataires de la pétition. "Cette dalle sert aussi de brise-vagues en cas de forte mer et représente un rempart contre la montée des eaux", peut-on lire dans l’appel diffusé sur Internet.

Pour les riverains, la détruire serait non seulement une perte patrimoniale mais aussi une dépense publique inutile.

Un permis de démolir déjà obtenu

La réponse de l’administration est nette: seule une concession de plage, avec appel à concurrence, aurait pu permettre une exploitation légale.

Et encore, pas sous la forme actuelle. La préfecture rappelle qu’en matière de restauration, "celle-ci n’est tolérée sur une plage que si elle s’inscrit dans une offre propre à la vocation du domaine (service public balnéaire)", avec des installations démontables, pas une dalle en béton pérenne.

Or, la commune a toujours refusé la mise en concession de ce secteur.

L’État a également précisé que si le bâtiment situé à l’arrière nécessitait un ouvrage de défense contre la mer, c’était au propriétaire de déposer une demande d’AOT. Plusieurs courriers de relance ont été adressés dans ce sens, sans réponse.

Face à cette situation bloquée, l’État a pris les devants.

Le 1er octobre 2024, un permis de démolir a été obtenu pour son compte. Et le 25 juillet dernier, un ultime courrier de mise en demeure a été adressé à l’exploitant actuel, avec échéance au 21 septembre 2025. Passée cette date, la démolition sera engagée par les services de l’État.

Autre précision de l’État: la dalle ne soutient pas les fondations du restaurant, contrairement à ce que soutiennent certains défenseurs du site.

L’administration souligne même que l’établissement a été agrandi sans autorisation d’urbanisme entre 2005 et 2012, en empiétant d’environ 60 cm sur la dalle et en infraction avec un site classé.

La pétition et le soutien de la commune risquent de ne pas suffire à faire infléchir l’État, qui entend mettre fin à une situation jugée irrégulière depuis plus de 10 ans.

Pour l’administration, la loi Littoral prime sur les considérations locales. Sauf retournement de situation, les jours de la dalle sont désormais comptés.

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