"J’ai fait ce que j’avais à faire, à vous de me montrer que j’ai eu raison de vous faire confiance."
En 2005, au moment de léguer 1 800 œuvres (dont 1 077 de Cocteau) à Menton, Séverin Wunderman adresse ce petit avertissement au maire de l’époque, Jean-Claude Guibal. N’imaginant pas qu’un jour, une tempête pourrait mettre à mal la promesse de la Ville de présenter cette collection durablement dans "son" musée.
En réaction à l'assignation de la famille Wunderman au sujet de la collection Cocteau, le maire de Menton a souhaité apporter des éléments de réponses."La condition de base était que l’on crée un musée où elle serait exposée. Mais jamais la totalité des œuvres ne l’a été. Il y en avait beaucoup plus qu’actuellement, mais déjà à l’époque elle tournait. Et tout a très bien marché entre 2011 et 2018", souligne le maire actuel, Yves Juhel.
Indiquant qu’après la tempête Adrian, l’assurance a joué le jeu pour la restauration des œuvres. À la différence de celle chargée du bâtiment."La Ville demandait au minimum trois millions d’euros ; la Smacl en proposait 1,5. Bien sûr, le maire n’a pas accepté. Un expert judiciaire a été nommé par le tribunal administratif. Il a rendu il y a peu son rapport favorable à la commune. Ce sera audiencé au TA avant la fin de l’année", retrace l’élu.
Ajoutant avoir tout fait pour protéger les œuvres et les restaurer au lendemain de la catastrophe. "Puis on a vu comment mettre la collection en valeur. Nous avons souhaité qu’une partie soit exposée, et qu’il y ait des événements éphémères pour présenter des œuvres complémentaires. Le premier bâtiment utilisé allait de soi : le Bastion", complète-t-il. De fait, c’est dans le "musée testament" de Jean Cocteau, inauguré en 1966, que les quelque 250 œuvres du prince des poètes appartenant à la Ville étaient montrées avant la donation
"On ne va pas l’accepter"
Le maire rappelle par ailleurs le projet de consacrer un étage entier du Palais de Carnolès à la collection. Mais quand les travaux de restauration de l’intérieur seront achevés. Pas avant deux ou trois ans, en somme.
De son côté, Chloë Cassens indiquait à Nice-Matin que "la ville avait quinze jours pour rendre les œuvres à la suite de la sommation", le 11 juillet dernier.
"Qu’il y ait une certaine impatience du côté de la famille Wunderman, je le comprends. Cette assignation, l’avocat va y répondre, mais on ne va pas l’accepter", clame Yves Juhel. Glissant que le TA de Nice tranchera le moment venu. "Ils prétendent que nous avons été lents à répondre, ce n’est pas tout à fait exact. Je pense qu’ils ont voulu franchir un cap. Soit pour voir si nous sommes vraiment attachés à la collection, soit pour bouger les choses", glisse-t-il.
Assurant ne pas vouloir entrer dans la polémique. "On cherche à calmer les choses, expliquer ce que l’on a fait, étudier certaines choses. Mais on n’admettra pas de remettre les œuvres comme ça. Exposer sans discontinuité était impossible. Nous avions l’obligation de faire tourner la collection. Ce que nous avons fait."
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