On sait à quoi va ressembler l'emblématique bâtiment de la banque CFM Indosuez après sa métamorphose à Monaco

Depuis le square Gastaud, sa silhouette vitrée et massive, ceinte par quatre piles en béton, tranche avec l’architecture avoisinante du quartier de la Condamine. Inauguré en 1999 pour y abriter les locaux de la banque CFM Indosuez Wealth Management, puis acquis en 2019 par cette dernière, ce bâtiment emblématique va être intégralement réhabilité d’ici le second semestre 2027. Et même surélevé de deux niveaux avec la création, sur le toit-terrasse, d’un pavillon et d’un jardin, en écho au kiosque à musique en contrebas.

Ce projet, baptisé Everblue* et dessiné par les architectes Jérôme Hein (The A Group à Monaco) et Éric Puzenat (Ateliers 2/3/4/ à Paris), est estimé entre 10 et 15 millions d’euros et portera la hauteur du bâtiment à 30 mètres et sa superficie à 3.812 m². "Ce programme est né du besoin de CFM Indosuez de refaire ses façades vieillissantes, lesquelles avaient des problèmes de tenue dans le temps, explique Jérôme Hein, par ailleurs en charge de la restructuration de la halle du marché de la Condamine pour le compte de la Mairie de Monaco. Ils en ont profité pour refaire l’intégralité des espaces intérieurs et imaginer une extension."

Les 139 employés délocalisés

Malgré l’apparente paisibilité qui règne autour de ce bâti de la rue des Princes, le chantier, programmé pour durer 24 mois, a bel et bien commencé en coulisses. Dans la foulée du Grand Prix de Formule 1, les quelque 139 employés du site ont été provisoirement délocalisés vers le Shangri-La - siège social niché sur le boulevard Albert-Ier, lui-même récemment réhabilité - ainsi que dans le quartier de Fontvieille (au Mercator puis, fin septembre, au Gildo Pastor Center). "En ce moment, il y a un travail de l’ombre qui s’opère: la phase d’étude d’exécution, l’installation des entreprises et la mise en place du chantier. Il y aura du mouvement, du visible, dès début septembre", précise Jérôme Hein.

Les 4 piles en béton masquées pour une nouvelle identité

À l’image de la réhabilitation intégrale du Schuylkill, à Monte-Carlo, le bâtiment va être intégralement curé pour ne laisser paraître que le squelette. Avant qu’une nouvelle identité ne lui soit progressivement attribuée. "L’idée naturelle a été de réunir le minéral et le végétal à partir des 4 piles existantes. Nous avons créé une sorte d’écrin de pierre percé de loggias qui abritent des jardins suspendus, lesquels sont coiffés d’une canopée", résume Eric Puzenat.

Avec pour objectif central d’intégrer au mieux le projet dans les grands paysages qui l’entourent, à savoir le Rocher, la canopée de la place du Palais et la Tête de Chien, mais aussi au quartier de la Condamine. "On retrouve un rapport avec le square Gastaud en s’inscrivant dans une trame paysagère et on redonne aux façades un caractère plus résidentiel", ajoute l’architecte parisien.

Les 4 piles, visuellement prédominantes sur le bâti actuel, seront ainsi masquées par un habile jeu de composition de blocs de pierre, coulissant horizontalement et verticalement. La pierre, le bois et le métal, trois matériaux phares de l’enveloppe extérieure du nouveau projet, seront largement déployés dans les espaces intérieurs. "Ce bâtiment a été pensé pour offrir un cadre de travail optimal aux collaborateurs avec des bureaux lumineux, des espaces collaboratifs et des vestiaires et douches pour favoriser la mobilité douce et la pratique sportive", complète Vincent Thomas, directeur général adjoint de CFM Indosuez. Parmi nos cinq agences, il sera le point principal de rendez-vous pour nos clients."

"On veut un chantier le plus propre possible"

Les deux années de travaux ne devraient pas, selon les architectes, être source de fortes nuisances dans le quartier. "Toute la partie de remplissage entre les piles est faite en ossature bois. Ce sont des éléments de structure légers afin de ne pas avoir à renforcer les fondations. Quant à la surélévation, elle est créée en structure métallique avec des planchers bois-béton. C’est un choix structurel qui permet d’avoir un chantier quasiment sec, sans béton coulé sur place et donc sans nuisances. Il y a beaucoup de préfabrications. C’est pour cela qu’on parle de réhabilitation consciencieuse. On veut un chantier le plus propre possible", confient les deux architectes d’une même voix.

Sur l’aspect environnemental, justement, le projet s’est vu décerner le label BD2M** niveau Or pour la conception, soit la plus haute distinction. Le bâtiment sera d’ailleurs raccordé à la boucle thalassothermique via une station souterraine SeaWergie et 37 m² de panneaux photovoltaïques seront installés sur le toit. "Ce projet répond aux enjeux de Monaco: favoriser la réhabilitation à la démolition-reconstruction (lire ci-dessous), et participer à la renaturation de la ville pour un meilleur confort des habitants", conclut Eric Puzenat.

*Une référence à Evergreen, le siège social du Crédit Agricole (actionnaire majoritaire à 70 %), et à l’engagement de CFM Indosuez pour la protection de l’océan, via son soutien à l’Institut océanographique de Monaco.
**Bâtiments durables méditerranéens de Monaco.