"On ne fera pas n’importe quoi": le futur hôtel 5 étoiles de Cap-d’Ail inquiète le voisinage, le promoteur rassure

Lors d’une présentation, les riverains de la plage Marquet ont exprimé leurs craintes sur l’implantation d’un hôtel 5 étoiles près de chez eux. Le promoteur a détaillé les phases de chantier et la philosophie du lieu.

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Thibaut Parat Publié le 22/07/2025 à 06:30, mis à jour le 22/07/2025 à 10:46
L’hôtel sera composé de 3 bâtiments, l’un en pierre, l’autre en bois, le dernier en terre cuite Visuels agence d’Architecture Fuksas

Depuis trois décennies, ces résidents de la plage Marquet n’ont eu, en contrebas de leurs habitations, qu’un vaste terrain vierge envahi de ronces. Il fut un temps, plus ancien encore, où le train y transitait à ciel ouvert pour rallier Nice ou Monaco.

Alors naturellement, le 7 mai dernier, quand la délivrance d’un permis de construire a relancé le projet d’un hôtel 5 étoiles face à la Méditerranée – plusieurs projets ont avorté par le passé –, les inquiétudes ont refait surface.

Mardi 15 juillet en mairie, 70 d’entre eux ont participé à une présentation publique du projet en présence des protagonistes du dossier: la SNCF, actuel propriétaire du foncier niché entre l’avenue Marquet et l’allée Dalmasso; le promoteur Altana Promotion et le cabinet d’architecture italien Fuksas.

Objectif: expliquer avec pédagogie, rassurer et balayer les fake news et on-dit propagés sur les réseaux sociaux et en ville.

"C’est un beau projet qui tranche beaucoup avec le précédent, dont j’avais refusé le permis de construire. Là, nous avons des avis favorables de tous les services administratifs consultés et j’ai rarement vu un avis aussi élogieux de l’Architecte des Bâtiments de France", reconnaît Xavier Beck, le maire.

Une capacité revue à la baisse

Le futur hôtel Christopher, inspiré d’une structure éponyme à Saint-Barthélemy aux Antilles, sera donc de taille plus modeste que la précédente mouture pensée avec Fondimmo (qui s’est retiré depuis).

"Le projet était plus ambitieux, sur 19.000m², avec 140 chambres et 3 restaurants. On allait taper dans la colline pour les travaux, concède Christian Terrassoux, président fondateur d’Altana Promotion. À la suite du premier refus, on a redimensionné le projet [environ 10.000m², ndlr] pour qu’il s’intègre mieux dans son site et s’éloigne des différentes limites."

Un hôtel, trois bâtiments

Ainsi, en 2028, au terme de deux années de chantier, l’hôtel de 4 étages comprendra 91 chambres, un restaurant, une piscine et son solarium, des salles de réunion ainsi qu’une salle de réception pour l’organisation de séminaires et mariages.

La piscine sera protégée par une "casquette" Visuels agence d’Architecture Fuksas.

L’établissement pourra accueillir jusqu’à 1.300 personnes et générera une centaine d’emplois. "Il y aura trois bâtiments composés de matériaux différents et séparés par des intervalles verts. L’idée étant de faire ressortir le contexte paysager et offrir de la respiration", confie Alfio Faro, architecte chez Fuksas.

L’un sera en pierre, le deuxième en bois et le dernier en terre cuite.

"Sur le toit terrasse, on a décidé de faire une sorte de parc, quelque chose de plus soigné, avec une végétation basse pour respecter les vues du voisinage. L’impact sera nul", assure-t-il. Ainsi, rien ne dépassera les 17,50mètres réglementaires, soit la hauteur de l’ancienne voie ferrée.

Les équipements électriques et de climatisation (pompes à chaleur) seront installés dans les tunnels ferroviaires aux extrémités du terrain.

"Le plus loin possible alors", lance un habitant de la résidence Las Olas, craignant que l’ouvrage souterrain à proximité ne fasse caisse de résonance.

"Ces unités seront placées dans des containers et on déposera des pièges à sons pour réduire les nuisances sonores, détaille Thierry Dourdet, senior advisor pour Altana Promotion. On aurait pu choisir la possibilité technique de creuser dans la roche et les installer derrière l’hôtel, mais les travaux auraient été plus impactant."

"Pas le même positionnement qu’un Nikki Beach"

Beaucoup appréhendent, aussi, d’éventuelles nuisances liées aux animations en journée ou soirée.

"L’hôtel Christopher que nous exploitons à Saint-Barth’, vous pouvez le vérifier, n’est pas le même positionnement qu’un Nikki Beach avec la musique à fond. Si on fait du bruit, la préfecture ou M. le maire peuvent nous interdire d’en faire. On ne fait pas ce que l’on veut et on ne fera pas n’importe quoi. On est là pour un temps long", rassure Christian Terrassoux.

Et Thierry Dourdet d’abonder en ce sens: "La salle de réception, où il peut y avoir de la musique, a été conçue avec un bureau d’étude acoustique. Les gens ne sortiront sur la terrasse extérieure qu’en passant par deux sas fermés. Il n’y aura pas de grandes baies vitrées ouvertes. Quant à la piscine, il y aura une protection périmétrique et une ‘‘casquette’’."

Altana Promotion le promet: aucun événement ne sera organisé sur le toit terrasse. Quant aux camions de livraison, qui approvisionneront l’hôtel en nourriture et en linge, ils suivront un chemin prédéfini et n’effectueront pas de marche arrière, susceptible de générer un "bip" strident.

Les arrivées et départs des clients ne devraient pas, non plus, perturber la tranquillité du quartier.

"Ils déposeront leurs véhicules aux voituriers qui iront les garer dans le parking souterrain de 159 places. D’ailleurs, nous restituerons à la Ville le même nombre de stationnements perdus sur le domaine public lors des travaux", annonce Thierry Dourdet.

Si la réunion publique n’a pas dissipé la totalité des inquiétudes, elle aura au moins eu le mérite de réunir toutes les parties prenantes pour un échange vrai et sans ambages.

Les travaux vont durer plus de 2 ans

"Personne n’a envie d’avoir la perspective de deux années de travaux à côté de chez lui. Mais, pour ce chantier, il n’y aura pas de brise roches, le déblaiement ne se fera pas par les tunnels et aucun engin de chantier n’utilisera l’avenue du Dr Onimus ou l’avenue Winston-Churchill. Il faudrait, pour cela, une dérogation de tonnage. Et il n’y en aura pas."

Le maire de Cap-d’Ail, Xavier Beck, a tenu à rassurer ses administrés: oui, le chantier aura évidemment un impact; non, ce n’est pas l’enfer qui attend les habitants.

"Jamais de ma carrière, je n’ai fait autant d’études. Celle géologique nous permet d’être assez sereins sur le mode constructif et la limitation de la construction dans le temps", poursuit Christian Terrassoux, président fondateur d’Altana Promotion.

Pour ce chantier, qui devrait s’étaler de janvier 2026 à 2028, le promoteur fera appel à "un major français habitué à ce type de réalisation".

Les travaux se décomposeront en trois phases, dont celle du terrassement et des fondations. "Ce sera la partie un peu bruyante, elle durera une dizaine de mois. Après cela, le bruit de chantier ne viendra pas impacter les maisons derrière."

Altana Promotion explique qu’un expert passera dans les immeubles voisins avant les travaux pour juger de leur état (référé préventif), qu’un comité de suivi de chantier sera créé et, enfin, qu’une réglementation drastique impose des engins conformes au niveau sonore.

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