Lors d’une suspension d’audience, un spectateur raille: "Jacques Mesrine doit se retourner dans sa tombe". Un commentaire qui résume à vrai dire assez bien le braquage d’un Lidl le samedi 15 septembre 2018 à Marseille. Loin d’être spectaculaire ou lucratif, il est surtout resté célèbre… pour son fiasco.
Des voleurs volés… et tabassés
Vers 19h30, les deux malfaiteurs arrivent en BMW volée devant le magasin du 15e arrondissement de Marseille, un secteur décrit comme "populaire et défavorisé" par le directeur d’enquête Cyril Sabonnadière. Armés d’un pistolet automatique et d’un fusil à pompe, ils pénètrent dans le magasin, le visage dissimulé derrière un bas et des lunettes de soleil. L’un vide les caisses, l’autre est conduit jusqu’au coffre. Le butin: 8.112 euros, loin d’un "casse du siècle".
Mais à peine sortis, ils tombent sur une dizaine de vendeurs à la sauvette. La confrontation dégénère, Gamal Oubadi est violemment frappé et blessé, tandis que son complice, Nabil Attalah, tire à deux reprises avec son pistolet automatique avant de grimper dans la voiture. Dans la précipitation, il fait marche arrière et percute son propre partenaire, toujours au sol, puis prend la fuite. Il est finalement interpellé le 10 octobre, à l’aéroport de Marignane, de retour d’un séjour en Algérie. Profitant de la bagarre, des individus se sont emparés du sac rempli d’argent. Le butin n’a jamais été retrouvé.
Le Lidl déjà visé deux mois plus tôt
Deux mois avant le fiasco de juillet, ce même supermarché Lidl avait déjà été braqué. Là encore, deux hommes armés d’un pistolet automatique et d’un fusil à pompe avaient sévi. Cette première fois, l’opération s’était déroulée sans incident: les malfaiteurs étaient repartis avec 13.600 euros. L’enquête a rapidement établi que les auteurs n’étaient autres que Gamal Oubadi et Nabil Attalah. Si ce dernier avait reconnu les faits, Oubadi, lui, niait fermement toute implication malgré des preuves accablantes, notamment la présence de son ADN sur le fusil à pompe, ainsi que dans le véhicule Renault Megan qui avait servi en juillet. Une employée va également formellement identifier les deux malfaiteurs.
Coup de théâtre jeudi matin à l’audience présidée par Emmanuelle De Rosa, l’homme de 59 ans, fragilisé par plusieurs AVC, a finalement tout avoué. Une stratégie qui vise sans nul doute à obtenir un allégement de peine. Condamné en première instance à 20 ans de réclusion à Aix-en-Provence en 2021 (contre 13 ans pour son complice), Oubadi comparaît cette fois seul devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes assisté de Maître Fabrice Giletta.
Le procès qui s’est ouvert jeudi, devrait durer quatre jours.
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