Après le plan logement ou le plan handicap, la mobilité elle aussi a son plan national. Les contours ont été dévoilés vendredi matin par le ministre d’État Pierre Dartout et la conseillère de gouvernement-ministre de l’Équipement, l’Environnement et l’Urbanisme, Céline Caron-Dagioni. Un plan sans annonce surprise ni projet révolutionnaire. Le créneau choisi par le gouvernement, dans sa réflexion menée depuis deux ans, étant de formuler des propositions réalisables, finançables et efficaces.
"Ce sont des opérations ambitieuses et réalistes", assure Pierre Dartout, conscient que le sujet "suscite beaucoup d’interrogations des Monégasques et des actifs". Les projets annoncés "ont fait l’objet d’une maturation assez longue, ont nécessité des arbitrages, un travail fructueux, objectif et approfondi pour répondre correctement et efficacement aux besoins qui s’expriment à la fois sur l’accès à la Principauté que sur la circulation intra-muros. Et être à l’écoute de la population, des salariés, des chefs d’entreprise".
Une circulation statistiquement en baisse
Dans cette vaste mission, la maîtrise de la circulation routière dans le pays apparaît majeure. Nombreux sont ceux qui se plaignent d’une asphyxie quotidienne de voitures et de deux-roues dans les rues de la Principauté.
Un constat pourtant "contre-intuitif" selon Céline Caron-Dagioni. Si depuis 2010, la courbe avancée par le gouvernement oscillait entre les 103.000 et 107.000 entrées et sorties journalières de véhicules à l’année en Principauté, elle demeure pour 2023 à 98.392 passages.
"Les entrées et sorties sont en retrait et pour autant on a le sentiment que tout est embolisé et que ça devient insupportable", admet la conseillère de gouvernement pour l’Équipement, l’Environnement et l’Urbanisme.
"Le tunnel descendant a trouvé son public, c’est la rançon du succès"
Piste explicative ? "Le report de circulation vers l’entrée Ouest de la Principauté. Le tunnel descendant a trouvé son public, c’est la rançon du succès et cela donne le sentiment qu’il y a encore plus de monde sur les routes qu’avant. Aujourd’hui la mobilité est une question de maillage, de complémentarité des solutions en fonction des usages, des cibles et des populations."
Sur un territoire contraint et face à une population difficile à faire changer d’habitudes, le plan mobilité du gouvernement, sans rien révolutionner, entend jouer sur la diversité des propositions : parking de dissuasion, réflexion sur les lignes de bus, travail avec la SNCF dans l’assurance d’une meilleure desserte ferroviaire pour les déplacements les plus fréquents.
Puis un développement d’infrastructures dans les communes limitrophes pour absorber une partie du trafic routier. À l’intérieur du pays, un renforcement des stations de MonaBike et une réflexion sur la logistique urbaine envisagent favoriser les mobilités piétonnes et renaturer la ville. Vœu pieux ou véritable début de changement dans un pays où la voiture est principalement plébiscitée ? L’avenir le dira.
Un passage "indispensable" de la voiture au train
"La vraie et seule solution décarbonée, efficace et qui draine un nombre de voyageurs important, c’est celle du TER. Le report modal du véhicule sur le TER est une des clés indispensables à la gestion de notre trafic transfrontalier et nous y travaillons beaucoup." Les mots de Céline Caron-Dagioni traduisent la volonté.
En 2023, la gare de Monaco a accueilli 7,8 millions de voyageurs, une fréquentation croissante et supérieure à 2019, année référence. Pour autant l’infrastructure n’est pas au taquet de ses possibilités et l’affluence pourrait être plus forte. Un point que le gouvernement entend exploiter pour faire du rail son allié principal et pondérer les flux de véhicules sur un territoire aussi contraint.
"Le constat d’une baisse de services"
Les manquements de service de la SNCF cumulés à une augmentation de 4 % de la fréquentation du TER ces derniers mois ont rendu la situation régulièrement invivable pour les usagers au quotidien. "La conjonction de ces deux phénomènes a provoqué, à juste titre, le ras-le-bol des usagers", admet la ministre. "Nous avons partagé avec les équipes de la SNCF le constat d’une baisse de services pour des raisons d’ordre technique qui leur appartiennent mais qui n’étaient pas acceptables pour nous. Ils sont en train de nous apporter des solutions pour revenir à l’offre de service que la Principauté paye et a contractée avec eux."
Un nouvel opérateur en 2025
Deux facteurs peuvent laisser espérer un avenir meilleur sur ce dossier. D’abord l’arrivée d’un nouvel opérateur - la compagnie Transdev - qui prendra en charge cette ligne TER en 2025, avec des velléités affichées d’une optimisation du service.
Puis l’installation technique sur cette même ligne du système ERTMS permettant une meilleure gestion du trafic. L’outil s’avère essentiel. "C’est bien d’avoir plus de rames mais si on n’a pas un cadencement efficace, les doubles rames n’arrivent pas au bon moment et repartent vides", avance Céline Caron-Dagioni.
Le gouvernement consacre une participation de 11 millions d’euros à ce dossier porté par SNCF Réseaux, "et nous avons fléché ce que nous voulons voir aboutir, notamment une station de maintenance des wagons à Nice et non pas à Marseille, où elle est actuellement."
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