Trains en retard ou supprimés, rames bondées, usagers excédés qui, faute de pouvoir rentrer, sont laissés sur le carreau sur le quai d’une gare… Le 12 octobre, lors de son discours de politique générale au Conseil national, l’élu Fabrice Notari dépeignait non sans humour son trajet ferroviaire chaotique entre Nice et Monaco. Comme lui ce jour-là, ils sont des milliers de travailleurs pendulaires à le vivre régulièrement aux heures de pointe. Des conditions de voyage dont se fait l’écho, depuis des années, le collectif des "Naufragés du TER Grasse-Vintimille".
Huit millions d’euros versés par an
Quatre jours plus tard, toujours en séance publique consacrée au budget rectificatif 2023, son confrère Régis Bergonzi remettait une pièce dans la machine en évoquant les pannes de signalisation "très fréquentes" et le déclenchement "intempestif" du filet anti-éboulement à Èze. Il ne se disait, par ailleurs, guère convaincu par l’annonce de la Région Sud d’un train tous les quarts d’heure de 6h à 23h, d’ici l’été 2025. "Pourquoi la Principauté ne pousserait-elle pas pour améliorer cette qualité de vie? Pourriez-vous désigner un responsable qui, tous les mois, pousserait nos amis français et la SNCF pour informer les usagers du train et solutionner ces problèmes techniques?"
Régis Bergonzi ne s’attendait sans doute pas à ce que Céline Caron-Dagioni, conseiller de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme, partage ouvertement son constat et charge publiquement la SNCF. "Le service qui est rendu par la SNCF auprès de Monaco, un financeur important de la ligne de TER, n’est pas au niveau de ce que l’on paye, a-t-elle répondu sans langue de bois. Aujourd’hui, nous sommes en phase de renouveler notre financement et nous ne le ferons pas à la hauteur de ce qui est attendu si le service n’est pas là. Le ministre d’État est saisi, m’accompagne et pèse aussi dans ces décisions-là. Un certain nombre d’actions est en cours sur le sujet."
L’État monégasque, via une convention, verse chaque année 8 millions d’euros pour participer au développement du TER.
Par le passé, la Principauté a acheté plusieurs rames pour augmenter la capacité des trains et avait même participé au financement de l’allongement des quais de Nice-Riquier à 220 mètres pour accueillir des doubles rames. Il faut dire que la destination Monaco est prisée. En 2022, plus de 6,5 millions de voyageurs ont transité par cette gare, ce qui en fait la plus fréquentée de la région après Marseille Saint-Charles et Nice-Ville.
"Une inertie assez difficile de la SNCF"
"Nous souhaitons voir les rames achetées par la Principauté à Monaco, et pas ailleurs, de manière à ce que les trains soient rallongés, particulièrement aux heures de pointe. Ce qui n’est pas le cas en ce moment, estime-t-elle. Et qu’on puisse, aussi, nous rendre compte des travaux réalisés sur la voirie qui provoquent des arrêts. Aujourd’hui, nous nous battons face à une inertie assez difficile de la SNCF. On est en séance publique : si je suis entendue, tant mieux."
L’exécutif princier semble, aussi, ne pas avoir digéré un épisode survenu avant les vacances avec la branche TGV, laquelle a arrêté la ligne avec une rupture de charge à Nice. "Cela nous a mis dans l’embarras en tant que destination finale. Si les gens s’arrêtent à Nice, ils viennent ici en voiture… J’ai usé de notre poids d’État pour les avoir à une réunion où j’avais invité Patrick Césari, le maire de Roquebrune-Cap-Martin, pour qu’il exprime aussi toutes ses complaintes et doléances, tant sur le fond que sur la méthode qui a été faite de manière unilatérale. Nous n’avons pas été prévenus de cet arrêt de service."
En 2017, déjà, le ministre d’État de l’époque, Serge Telle, n’avait pas caché son mécontentement sur la qualité de service à l’ancien patron de la SNCF, Guillaume Pepy, lors d’une réunion de travail à Monaco. Ce dernier concédait comprendre l’impression de "jamais fini" et promettait "des progrès dès 2019-2020".
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