"Nous n’avons pas les moyens de perdre la moindre surface agricole dans la plaine du Var car ce sont des terres à haute valeur agronomique. Si le tracé reste tel qu’il est aujourd’hui, on ne se laissera pas faire", avertit Jean-Philippe Frère, premier vice-président de la Chambre d’agriculture.
L’objet du différend ? La RM6202 bis. La route métropolitaine n’a ni sortie ni entrée sur 9km. Un projet prévoit l’aménagement de trois échangeurs le long de cette voie rapide.
Il faut dire que plus de 60.000 personnes habitent dans les communes (Saint-Laurent-du-Var, La Gaude, Saint-Jeannet, Gattières, Carros) le long de la RM 6.202 bis jusqu’au pont de La Manda.
Une population qui a augmenté de 7,8% en six ans. Et environ 12.500 personnes travaillent dans la zone industrielle de Carros.
Dans nos colonnes le 18 mars, les cinq maires concernés réclamaient ces accès (1).
"Ici on y produit toute l’année. C’est très fertile"
Sauf que "la plaine du Var est l’une des dernières plaines alluvionnaires du département. Un endroit stratégique. Ici on y produit toute l’année. C’est très fertile.
Par exemple, un hectare en restanque dans les collines permet de produire 4 à 5 tonnes. Pour la même surface, on peut produire 20 à 25 tonnes dans la plaine du Var", explique Jean-Philippe Frère.
Le vice-président de la Chambre d’agriculture poursuit: "Depuis le 13 mars 2024 et notre rencontre avec la Métropole, nous n’avons aucun retour sur nos contre-propositions pour ces trois échangeurs. Des projets qui, en l’état, impactent l’agriculture."
L’entrée-sortie des Iscles impacterait entre 2 et 3 hectares de terres agricoles répartis entre six exploitants (citrons, maraîchage). "Notre solution est de décaler le projet à la fin de la zone industrielle de Saint-Laurent-du-Var", décrit Jean-Philippe Frère.
L’entrée-sortie La Baronne Sud s’étendrait sur 1 hectare de terres agricoles qui ne sont pas exploitées. "La déchetterie est déjà un détournement d’usage. Qu’ils le fassent à cet endroit", assène le vice-président de la Chambre d’agriculture.
L’entrée-sortie La Baronne Nord impacterait 1,5 hectare de terres agricoles avec plusieurs exploitants (fraises, maraîchage, grossiste fruits). "Pourquoi détruire des surfaces agricoles alors que la mairie de La Gaude a construit une fourrière automobile en zone agricole. C’est un détournement d’usage. Ils n’ont qu’à faire l’échangeur à cet endroit", développe Jean-Philippe Frère.
68 hectares sont impactés par des détournements d’usage
"Dans la plaine du Var, 68 hectares sont impactés par des détournements d’usage, 46 hectares sont exploités par des agriculteurs et 271 hectares sont identifiés comme étant en friche. 250 agriculteurs y vivent des fruits de leur exploitation. "Il faut sécuriser la population au niveau de son alimentation. Dans les Alpes-Maritimes, on ne peut tenir que moins d’une journée de manière autonome. La moyenne nationale est de dix-sept jours", insiste le vice-président de la Chambre d’agriculture.
Jean-Philippe Frère constate: "Toutes les communes font des projets alimentaires territoriaux pour produire local et consommer local. Mais c’est d’une hypocrisie totale. Nous demandons la mise en place de zones agricoles protégées."
Des courriers ont été envoyés, à l'initiative de l'État, aux communes de la plaine du Var, accompagnés de propositions de périmètres pour identifier dix secteurs prioritaires d’intérêt agricole.
Colomars, Castagniers, Saint-Blaise, Saint-Martin-du-Var et La Roquette-sur-Var ont émis un avis favorable. La Gaude et Gattières un avis défavorable.
Trois communes ne se sont pas prononcées: Nice, Saint-Laurent-du-Var (dans l’attente d’une nouvelle étude de diagnostic agricole) et Gilette.
1. Le 18 mars, la Métropole détaillait: "Des études complémentaires sont en cours afin de prendre en compte: la préservation des terres agricoles, un travail d’optimisation des impacts est menée avec la Chambre d’agriculture; les conclusions de la nouvelle enquête de déplacement des ménages réalisée à l’échelle du département; l’évolution des programmes d’aménagements de l’Établissement public d’aménagement Nice Ecovallée notamment sur la plaine des Iscles et en pieds de coteaux de Saint-Jeannet et Gattières. L’objectif est de finaliser les simulations de circulation sur les deux rives du Var à différentes échéances - notamment 2030 et 2040 - en prenant en compte ces évolutions afin de réaliser à court terme (horizon 2030) un point d’échange complet Nord / Sud à la Baronne."
commentaires