Paroles & musique, dès les premières secondes du film, la voix de Charles Leclerc se pose sur les notes de AUS23, la mélodie qu’il a composée au piano. Qui d’autre que lui, vainqueur sur "son" circuit en 2024 aurait pu raconter l’histoire des commissaires de piste du Grand Prix de Monaco? "Lors de mon dernier tour, j’ai ressenti l’énergie de ces 700 anges gardiens du circuit. Sans eux, je ne pourrais pas vivre ma passion à fond. J’ai voulu raconter leur histoire", assure Charles Leclerc, en voix off sur les images de son triomphe de l’an dernier.
C’est le point de départ du documentaire écrit par Yann-Antony Noghès et réalisé par Franck Florino, Les Anges Gardiens de Monaco qui sera visible ce samedi 24 mai, à 19h45, sur Canal +.
Une motivation qui impressionne
Le doc’ retrace l’importance de ces femmes et hommes de piste, postés tout au long du circuit et bien visibles depuis 1975 dans leur uniforme orange pour assurer la sécurité pendant la course. Un corps constitué après un acte fondateur: la mort en 1967 de Lorenzo Bandini après un accident en plein Grand Prix, à la sortie du tunnel. Une époque où les voitures accélèrent entre les bottes de paille, sans barrières métalliques ni grande protection. Une relative inconscience qui saute aux yeux sur les images couleur sépia. "J’avais neuf ans, je me souviens très bien des flammes, de la fumée, c’était très impressionnant. Ça a été un événement assez traumatisant", raconte le prince Albert II dans le documentaire, témoin de l’accident spectaculaire du pilote italien, filmé en direct, qui décédera quelques heures plus tard au CHPG.
L’épisode a aussi considérablement marqué le président de l’Automobile Club, Michel Boeri, qui développera de ce jour son souci constant de professionnaliser la sécurité.
"Ces commissaires sont tous des bénévoles, impressionnants par leur motivation, leur détermination, leur passion. Des passionnés qui se lèvent tôt, qui donnent de leur temps", souligne Yann-Antony Noghès qui a pensé ce documentaire. "Ce que nous avions en tête avec Michel Boeri, c’était de rendre hommage aux corps des commissaires, pour le cinquantième anniversaire de la création de leur uniforme. D’autant qu’il n’y a jamais eu ni d’ouvrage ni de film réalisés sur eux. Cela permet aussi de montrer le Grand Prix de l’intérieur, comme on ne l’a jamais vu, dans les coulisses du corps avec ces 700 anges gardiens."
Des images valent parfois mieux qu’un long discours. Celles contenues dans le documentaire, qui peuvent faire sursauter, montrent toute l’importance de ses soldats de la piste. Parfois confrontés aux plus périlleux dangers. "Ils ont des voitures qui passent à 300km/h juste à côté d’eux. S’ils doivent intervenir, le droit à l’erreur n’existe pas. On a de l’émotion, de l’action, des frayeurs. Et surtout, les premiers spectateurs m’ont dit qu’après ce documentaire, leur regard a changé sur les commissaires."
"Ils passent d’observateur à acteur"
Les moyens ont été mis pour ce projet: 25 jours de tournage en marge des trois Grands Prix en 2024 et du stage des commissaires, 45 jours de montage. Un temps long, rare pour cet exercice. L’idée était aussi de donner un angle humain à la narration avec deux fils rouges: Laura et Hugo, aspirants commissaires dont on suit le parcours de l’entraînement à l’action. "Le processus de sélection était concurrentiel comme chaque année, avec 487 candidats pour 40 places. On suit ces deux personnages lors du stage de formation qui est unique au monde. Puis il y a une progression dans l’histoire avec le E-Prix qui est leur baptême du feu, l’Historique où ils découvrent derrière les rails la puissance des moteurs, les odeurs, le bruit. Et le Grand Prix, la course des grands où ils passent d’observateur à acteur" continue Yann-Antony Noghès.
Le 30 avril dernier, le film a bénéficié d’une avant-première en grande pompe autour du prince Albert II au Grimaldi Forum avec la famille des commissaires, premiers spectateurs du film qui raconte leur histoire. Un moment de "grande émotion" se souvient Jean-Michel Matas, commissaire général adjoint de l’ACM, en charge des commissaires.
"Ce documentaire éveille des souvenirs, on a pensé aux anciens qui nous ont quittés. Mais c’était aussi un moment de convivialité pour tout le corps des commissaires. Le Souverain, ce soir-là, a touché du doigt que l’on était une famille, ce qui fait notre force, et que l’on ne voit nulle part ailleurs" conclut-il en rappelant que les commissaires sont tous des bénévoles. "Il ne faut jamais l’oublier car on leur demande beaucoup." Et leur passion fait le reste.
Le documentaire sera diffusé le 24 mai à 17h30 sur Canal + Sports, à 19h45 sur Canal + en clair et à 21 heures sur Monaco Info qui le rediffusera dimanche à 13 heures.
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