Une technologie monégasque envoyée sur la Lune dès 2025

"FLIP", un rover lunaire doté de batteries conçues à Monaco, sera envoyé dans l’enfer du Pôle Sud l’an prochain. Il fera office d’éclaireur pour "FLEX", son grand frère de taille plus robuste.

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Thibaut Parat Publié le 24/10/2024 à 10:21, mis à jour le 24/10/2024 à 14:02
Le rover lunaire "FLIP" a été présenté récemment au 75e congrès international d’astronautique de Milan. Ses batteries sont conçues et testées dans les locaux de Venturi, rue du Gabian à Monaco. Photo Venturi

"Restricted area." Le chemin sécurisé qui mène au laboratoire de Venturi, rue du Gabian, paraît tout droit sorti d’un film de science-fiction. C’est ici que la firme monégasque, dirigée par l’homme d’affaires monégasque Gildo Pastor, conçoit et teste ses batteries électriques dans des conditions extrêmes. Un secret technologique bien gardé, donc, qui équipera les rovers lunaires de Venturi Astrolab, son partenaire stratégique aux États-Unis.

L’un d’entre eux, baptisé "FLEX" (Flexible Logistics and Exploration., ndlr), déjà présenté dans nos colonnes, s’envolera vers la Lune fin 2026 à bord du lanceur Starship de SpaceX pour des missions privées et, à terme, s’il est retenu par la NASA, véhiculera des astronautes dans le cadre de la mission Artémis V.

Lors du 75e congrès international d’astronautique de Milan, les deux entités ont dévoilé son petit frère, FLIP" (FLEX Lunar Innovation Platform., ndlr), de plus petite taille, qui s’envolera un an plus tôt pour "répondre au nombre croissant d’institutions, d’entreprises et d’organisations scientifiques sur les marchés américain et européen, qui cherchent à déposer à la surface de la Lune des charges utiles de petite taille". Si l’on ignore encore à bord de quel alunisseur de classe moyenne il embarquera - Astrobotic, Intuitive Machines ou encore Firefly Aerospace en développent -, on sait que cela interviendra à la fin de l’année 2025, avant la survenue de la nuit lunaire.

Photo Venturi.

"FLIP" fera office d’éclaireur sur la Lune

FLIP, pour faire simple, fera office d’éclaireur, de démonstrateur technologique pour FLEX. "Comme on l’équipe avec les mêmes composants que FLEX, cela nous permettra de collecter de précieuses données sur la Lune et d’améliorer les produits", résume Franck Baldet, directeur technique chez Venturi.

Les batteries, conçues à Monaco ; les roues déformables capables d’évoluer sur un terrain accidenté et de la régolithe abrasive, développées en Suisse, ainsi qu’une kyrielle de composants électroniques et de technologies devraient être mis à rude épreuve dans l’enfer du Pôle Sud lunaire. "Cette zone est très intéressante car l’ensoleillement y est quasiment permanent et qu’il y a de la glace au fond des cratères. Un écosystème peut donc s’y créer facilement. La contrainte c’est que les radiations solaires y sont particulièrement agressives et que les températures peuvent être extrêmes", détaille-t-il. Entre -240°C, dans les zones non exposées au soleil, et +130°C. Pour survivre, notamment à une nuit lunaire de 180 heures, de nombreux tests en chambre froide se poursuivront ces prochains mois aux États-Unis pour tester sa réaction au grand froid.

Photo Venturi.

Il sera piloté, entre autres, depuis Monaco

Le rover d’une demi-tonne, capable de transporter 30 kg de charge utile, sera piloté depuis la Terre. À Monaco et en Suisse, où officie la division espace de Venturi, comme depuis Los Angeles, siège de Venturi Astrolab à la tête de cette task force internationale. "Depuis 25 ans, nous sommes des pionniers dans le domaine des véhicules terrestres électriques hautes performances. Cette expertise nous permet aujourd’hui de proposer des solutions viables et efficaces, à long terme, pour affronter des conditions extrêmes, réagit Gildo Pastor, président de Venturi Space et Venturi. Dire que je suis fier de mon équipe est un euphémisme."

Photo Venturi Astrolab.

FLEX fera-t-il partie du programme Artemis de la NASA ?

Grâce à un accord scellé en mars 2023 avec l’entreprise SpaceX d’Elon Musk, la fusée Starship embarquera le rover FLEX de Venturi Astrolab pour le déposer sur la surface de la Lune. "La fenêtre de tir est prévue fin 2026", dévoile Franck Baldet, directeur technique chez Venturi à Monaco, où les batteries de l’engin ont été conçues.

Sur place, l’engin servira aussi bien à la logistique qu’à l’exploration avec cette capacité de transporter 1,5 tonne de matériel appartenant à des sociétés de recherche ou des universités. Voilà pour la partie commerciale privée.

Mais l’avenir de FLEX pourrait surtout s’écrire avec la NASA dont l’objectif est d’envoyer des astronautes sur le sol lunaire d’ici la prochaine décennie (programme Artemis). "L’humanité veut retourner sur le Pôle Sud de la Lune pour construire des installations et, à terme, envoyer des astronautes sur Mars", résume Franck Baldet.

Plutôt que de développer ses propres véhicules, l’agence spatiale américaine a ainsi fait le choix de l’achat de service. Un appel d’offres a été lancé en mai 2023 et, depuis avril 2024, Venturi Astrolab fait partie des trois entités retenues avec Intuitive Machines et Lunar Outpost. Les trois lauréats ont entamé une phase d’étude de faisabilité qui doit tenir compte du cahier des charges draconien fixé par la NASA: le véhicule de terrain lunaire, qui sera piloté par un ou deux astronautes, doit naturellement être fiable sur le long terme, doit pouvoir opérer deux semaines dans l’obscurité du Pôle Sud mais aussi résister aux variations extrêmes de températures. "On doit savoir courant mai 2025 si on est sélectionné - ou non - pour succéder aux trois jeeps qui ont foulé le sol lunaire par le passé, explique Franck Baldet. Si on l’est, on devra se dédier neuf mois à la NASA et les trois mois restants seront consacrés à un usage commercial privé." Le contrat avec la NASA courra jusqu’en 2039.

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