Le groupe monégasque Venturi dévoile le rover qui sera envoyé sur la Lune en 2026

Ce samedi, le prince Albert II de Monaco a découvert l’engin électrique dont l’envoi sur la Lune par SpaceX est prévu pour 2026. La firme monégasque a conçu les batteries de cet impressionnant robot.

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Thibaut Parat Publié le 31/05/2023 à 08:30, mis à jour le 31/05/2023 à 08:40
Le souverain monégasque a pu piloter le rover sur la Lune grâce à un casque de réalité virtuelle. Photo Thibaut Parat

Un musée de l’innovation électrique. Dans les locaux du groupe Venturi à Fontvieille, les engins à batteries utilisés pour des records de vitesse ou de l’exploration s’offrent à la vue des passants de la rue du Gabian : la Wattman, moto cravachée par le pilote Max Biaggi, avait atteint 456 km/h sur l’asphalte du Kennedy Space Center; 549 km/h sur le lac salé de Bonneville pour la VBB-3, une voiture aux allures de torpille. Antarctica, premier engin électrique d’exploration polaire au monde, a quant à lui été mis à disposition des scientifiques sur le Continent Blanc dès la fin 2021.

Dissimulé sous un drap noir, le dernier projet de Venturi a été dévoilé ce samedi, en plein Grand Prix de F1, au prince Albert II, en présence du roi de Malaisie, Abdullah Shah : un rover lunaire aux imposantes mensurations pensé par une task force internationale, dont Venturi Astrolab aux États-Unis et Venturi Lab en Suisse (lire ci-contre).

"C’est une copie. Le vrai prototype est aux États-Unis et participe à des essais très poussés depuis un an et demi, car il ira bientôt sur la Lune", glisse Gildo Pastor, président du Groupe Venturi.

Commercialiser le rover

Courant 2026, grâce à l’accord scellé en mars avec l’entreprise SpaceX d’Elon Musk, la fusée Starship propulsera, entre autres, ce robot "FLEX", baptisé ainsi pour son caractère versatile. "Il sera aussi bien dédié à la logistique qu’à l’exploration", résume Franck Baldet, directeur technique chez Venturi. Pour cette première dans l’espace, sans astronautes au pilotage mais manœuvré à distance, le rover accumulera de précieuses informations pour la suite de son aventure lunaire. "Sur l’abrasivité de la régolithe sur les composants mécaniques, sur le fonctionnement du pack batterie dans l’environnement lunaire, sur la communication et l’envoi d’images entre la Terre et la Lune", liste Franck Baldet.

Le groupe monégasque profitera aussi de ce premier voyage en milieu hostile pour commercialiser l’espace disponible sur le rover et transporter le matériel de sociétés de recherche ou d’universités. "Il y a beaucoup d’intérêt pour la Lune pour faire des tests chimiques, notamment dans le secteur pharmaceutique, ou de l’exploration de minerais. Voire, à terme, de l’exploitation."

Collaborer avec la NASA?

Mais l’avenir de FLEX pourrait surtout s’écrire avec la NASA, l’agence spatiale américaine, qui prévoit de ramener des astronautes sur le sol lunaire (programme Artemis).

"La NASA a ouvert un appel d’offres le 26 mai car elle a besoin d’un véhicule pour déplacer du matériel et les astronautes. On a trois semaines, avec Venturi Astrolab, pour y répondre et la NASA en choisira deux dans 3 à 4 mois."

Un programme de dix ans d’exploitation sous forme de location de services. Le cahier des charges imposé par la NASA se veut draconien : le véhicule de terrain lunaire, qui sera alors piloté par un ou deux astronautes, doit naturellement être fiable sur le long terme, doit pouvoir opérer deux semaines dans l’obscurité du pôle Sud de la Lune mais aussi résister aux radiations et aux températures négatives extrêmes oscillant entre -90°C et -230°C. "L’homme ayant tendance à vouloir s’étendre et découvrir d’autres planètes, l’objectif est de pouvoir faire de la Lune une base de départ pour Mars. A plus court terme, c’est de faire des prélèvements, déposer des appareils de mesure, exploiter la glace au fond des cratères, détaille Franck Baldet. On veut connaître l’origine de la vie, de la Terre, comment s’est construit notre système solaire."

Le rover sera dévoilé au grand public au salon Top Marques, du 8 au 11 juin à Monaco, avant que certains aspects innovants, comme la roue lunaire déjà présentée au prince Albert II, soient présentés au salon du Bourget à Paris.

"Le Rover présenté à Monaco est une copie, le vrai prototype est aux Etats-Unis et participe à des essais très poussés puisqu'il va être envoyé sur la Lune", confie Gildo Pastor (à droite de la photo) Photo Manuel Vitali / Dir Com.

Questions à Gildo Pastor, président du groupe Venturi

Quand est né ce projet de rover?

Avec Sacha Lakic, le designer qui a tout dessiné depuis 23 ans dont la première voiture avançant avec le soleil, on s’est demandé il y a dix ou douze ans si on avait la capacité de le faire. La pandémie de Covid-19 a été un moment très propice pour nous car on a travaillé dur.

Le projet s’est finalement monté en un temps record…

Ce challenge nous a pris trois ans. Ce n’était pas prévu aussi facilement. Plusieurs entités ont collaboré à Monaco, en Suisse et aux États-Unis avec beaucoup de savoir-faire. On a trouvé les meilleurs des meilleurs, on a pris beaucoup de gens de la NASA. On a présenté notre rover et il a supplanté tout le monde. C’était impressionnant.

Le rover présenté à Monaco n’est pas celui qui ira sur la Lune?

C’est une copie. Le vrai prototype est aux États-Unis et participe à des essais très poussés depuis un an et demi puisqu’il va aller sur la Lune. J’ai participé aux essais dans le désert de Dumont Dunes, non loin de Las Vegas. C’est impressionnant. On ne peut pas imaginer ce que fait cet engin.

Vous avez postulé à un appel d’offres de la NASA. Qu’en est-il?

C’est pour répondre, pendant plus de 10 ans, aux besoins logistiques de la NASA. Cela se ferait à travers une dizaine de rovers. On fabriquerait plus qu’un prototype, ce serait en série. Il est question de créer des routes, des habitats, la vie. Avec une base de départ pour Mars.

Lors de tests simulant la nuit lunaire, le rover de Venturi est soumis à des températures extrêmes. Photo DR.

Des tests très poussés aux États-Unis

Pour être opérationnel sur la Lune, le rover FLEX subit actuellement des tests pointus aux États-Unis. Franck Baldet, directeur technique de Venturi explique: "On travaille d’abord composant par composant: les roues, les batteries, le bras robotisé. Ils sont soumis à des températures extrêmes simulant la nuit lunaire, ils subissent des chocs et vibrations comme s’ils étaient dans la fusée au décollage. Pour le rover en entier, il faut que l’on mette des câbles au-dessus de lui pour simuler la gravité de la Lune et qu’il roule sur un sol comme la régolithe."

Avant cela, plusieurs tests dans le désert de Dumont Dunes avaient permis de valider plusieurs concepts, ainsi que l’ergonomie et la stabilité pour les pilotes du rover.

Les caractéristiques de l’engin

Le poids

Le rover de 500 kg transportera 1,5 tonne de matériel.

La vitesse

Elle pourra atteindre 17 km/h. Le record est détenu par l’équipage d’Apollo XVII (17,7 km/h). "On essayera de le battre, ça fait partie de l’ADN de Venturi", sourit Franck Baldet, directeur technique de Venturi.

Le pilotage

Le rover pourra se déplacer de manière semi-autonome, être piloté par les astronautes à bord, depuis la future station en orbite lunaire ou depuis la Terre.

L’autonomie

"Difficile à dire car cela dépendra de la qualité du sol. Il y a des sols où l’on s’enfoncera plus. On verra lors des premiers tests."

Qui fait quoi?

Venturi à Monaco se consacre aux batteries. Venturi Astrolab conçoit l’architecture du véhicule, sa structure primaire et ses mécanismes, développe son logiciel et son avionique, l’assemble et effectue les tests de validation. Venturi Lab crée les matériaux résistants aux conditions extrêmes, les panneaux solaires hautes performances, les roues déformables et les systèmes de contrôle électrique.

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