Le Conseil national réclame un plan d’urgence pour améliorer la mobilité à Monaco
Avant les débats autour du budget rectificatif 2023, les élus mettent la pression politique à l’exécutif. Ils le somment "d’agir" et réclament, entre autres, un métro entre Nice et Monaco.
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Thibaut ParatPublié le 26/09/2023 à 09:03, mis à jour le 26/09/2023 à 10:20
« Nous attendons des actions, des décisions. »Photo Romain Fondacaro/Conseil national
À dix-huit jours de l’ouverture des séances publiques du budget rectificatif 2023, la conférence de presse du Conseil national - la deuxième en une semaine - sonne comme un évident coup de pression politique à l’égard du gouvernement princier sur une thématique éminemment sensible et complexe: la mobilité, qu’elle soit intra-muros ou aux portes de la Principauté.
La présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, et trois conseillères nationales - Nathalie Amoratti-Blanc, Jade Aureglia et Karen Aliprendi -, ont réclamé, ce lundi devant la presse locale, "un plan à la hauteur des enjeux", baptisé "Mobilités: il est temps d’agir!". Avec un constat que l’on pourrait résumer ainsi: la paralysie de la circulation "quasiment permanente" nuit à l’attractivité et à la qualité de vie de la Principauté.
Ce que reprochent les élus monégasques à l’exécutif princier ne date pas d’hier et, déjà lors de la précédente mandature, un plan national sur cette question cruciale avait été exigé, à l’image de celui appliqué depuis 2019 pour le logement des Monégasques. Mais la gronde parlementaire ne désenfle pas et le Conseil national brandit, comme ce fut déjà le cas par le passé, une menace. "Nous attendons des actions, des décisions. Nous ne voterons pas des budgets si nous n’avons pas des solutions qui nous sont présentées", prévient Nathalie Amoratti-Blanc, présidente de la commission Environnement et Qualité de vie. Menace, pour l’heure, jamais mise à exécution.
"Le gouvernement nous parle d’études, de projets, de schémas, de plans et d’orientation avec, pour horizon, les calendes grecques sans approche globale, regrette Brigitte Boccone-Pagès. Stop les études. Il y a urgence et nous voulons des mesures concrètes. Dans ce mandat, ça ne se passera pas comme ça!"
"Une ligne de métro express" réclamée
Que propose, concrètement, le Conseil national pour pallier l’engorgement récurrent des axes principaux irriguant la Principauté? Une série d’actions à court terme pour l’intra-muros ainsi qu’une vision à plus long terme avec, entre autres, la réalisation d’une opération structurante d’envergure. "Et tant pis si cela dure dix ans à délivrer, martèle Nathalie Amorrati-Blanc. Il faut voir grand et loin. Et utiliser tous les moyens à notre disposition. Nous avons acquis le terrain de la Brasca il y a de nombreuses années. Pour quoi faire et quand?".
Ainsi, le Conseil national par la voix de Karen Aliprendi, vice-présidente pour les mobilités, plaide pour "la mise en chantier dans les plus brefs délais d’une ligne de métro express avec, en priorité, le tronçon Nice-Monaco, en connexion avec tous les réseaux de transports, pour que les pendulaires n’aient plus à prendre leur voiture sur le trajet domicile-travail".
En mai 2023, la Haute assemblée avançait également la solution d’une trémie à double sens, bénéficiant tant aux pendulaires du matin qu’à ceux du soir.
"Ce sont des projets transfrontaliers qui ne dépendent pas que de nous, reconnaît Jade Aureglia, vice-présidente pour l’urbanisme et les grands travaux, allusion à la nécessité de coopérer avec la France. Cela ne veut pas dire qu’on doit les mettre de côté et attendre passivement qu’une opportunité nous soit présentée. Il faut être proactif."
"Nous attendons des actions et un calendrier"
Pour l’élue, la mobilité ne peut se traiter qu’avec "un plan stratégique complet argumenté par des actions planifiées et des échéances réelles de mises en œuvre". "Il est impératif que le gouvernement nous présente des objectifs clairs et ambitieux. Jusqu’à ce jour, seules des pistes de réflexion et des enjeux nous ont été présentés. Nous attendons des actions, un calendrier et des résultats mesurables et suivis."
Nul doute qu’après cette nouvelle charge politique, les trois séances publiques de débats budgétaires, qui débuteront le 12 octobre, s’annonceront musclées. Pas certain, en revanche, que la relation entre les deux institutions, jugée "de plus en plus compliquée" par la présidente du Conseil national, s’améliore dans l’immédiat.
Photo Jean-François Ottonello.
Quelles mesures à court terme et quelle vision proposent les élus?
Pour Karen Aliprendi, cela passe d’abord par une meilleure régulation de la circulation avec "le renforcement et la mobilisation de l’Unité de préservation du cadre de vie (UPCV)" de la Sûreté publique. "Nous constatons qu’ils ne sont pas toujours sur le terrain lorsque c’est nécessaire", déplore Nathalie Amoratti-Blanc.
Karen Aliprendi cite également "la mise en harmonie réelle et concrète de tous les réseaux de transports, après discussions avec la Région, la SNCF, la Métropole et la Carf pour obtenir enfin une harmonisation incitative des horaires, des réseaux, des tarifs: Zou, Zest et CAM ; la mise en place définitive de la gratuité effective sur l’ensemble de ces réseaux à l’intérieur des frontières de la Principauté; la refonte, pour le bien-être des résidents et non de manière coercitive, de la politique d’occupation de l’espace urbain : piétons, vélos, bus, stationnement...; la promotion par des campagnes de communication fortes de toutes les mobilités douces."
Sans oublier le logement pour les actifs dans les communes limitrophes et la mise en place d’une navette maritime entre Nice et Monaco.
Jade Aureglia, quant à elle, plaide pour une vision globale. Cela passe, selon elle, par "la mise en place d’une équipe transversale dédiée à toutes les questions touchant à la mobilité; l’orientation, dans le cadre de la convention de voisinage et la Commission mixte franco-monégasque, de toutes les relations avec les collectivités et États concernés vers les sujets structurants de mobilité ; la publication d’une feuille de route de planification urbaine durable intégrant des objectifs et des indicateurs concrets en termes de trafic, de diminution de la pollution, de temps de parcours, de report modal ; la publication régulière d’indicateurs concrets et fiables."
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