Les élus du Conseil national votent contre le budget rectificatif 2024 de l'Etat monégasque

Réunis dans l’Hémicycle ce vendredi soir, les élus du Conseil national ont voté contre le premier budget rectificatif 2024, qui se tenait pour la première fois au printemps. Les discussions se poursuivront en octobre.

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Yannis Dakik Publié le 21/06/2024 à 23:19, mis à jour le 21/06/2024 à 23:20
Les élus ont voté à 22 voix contre et une abstention, celle de Brigitte Boccone-Pagès, ex-présidente du Conseil national. Photo Conseil national

L’unique soirée de débats autour du premier budget rectificatif 2024, ce jeudi soir, laissait (déjà) entrevoir un épilogue guère favorable sur le vote de celui-ci. Au cœur de l’Hémicycle du Conseil national, au terme de plus de six heures d’échanges, les élus avaient, sur les six chapitres évoqués, rejeté cinq d’entre eux.

Ce vendredi soir, la Haute assemblée a donc confirmé ce que beaucoup d’observateurs de la vie politique monégasque pressentaient: un vote contre(1) ce budget rectificatif, dont la tenue au printemps avait été programmée fin 2023, au moment du budget primitif 2024, pour éclaircir des discussions jugées peu claires par les élus.

"Il s’agissait d’un engagement du gouvernement pris devant notre assemblée, a réagi Thomas Brezzo, président du Conseil national, en fin de séance. Comme une étape après une poignée de mains entre des partenaires qui travaillent dans la confiance et la transparence, avec une proposition concrète concernant le logement des Monégasques et un projet optimal de restructuration du centre commercial de Fontvieille."

Deux dossiers qui bloquent et une surprise tardive

Car c’est bien ces deux sujets qui ont été au cœur de vifs passes d’armes. D’un côté, donc, la restructuration du centre commercial, qui avait déjà nourri des échanges houleux lors du vote du budget primitif 2024, à la mi-décembre. En cause, selon les élus, une avancée du dossier jugée trop lente par les élus et un manque d’informations sur le coût et les échéances des travaux à réaliser. Sous la pression, l’exécutif a de son côté évoqué la difficulté à apprécier certains paramètres tels que le coût, le délai, la rentabilité ou encore l’équilibre architectural.

L’autre nœud du problème concerne le logement domanial. Si les élus avaient réclamé en décembre des propositions pour la réalisation à l’horizon 2027-28 de 50 appartements (auxquels dix autres se sont ajoutés), pour éviter une pénurie, le ministre d’État a mis sur la table la villa La Luciole et ses 25 appartements minimum. Une « micro-proposition » jugée insuffisante par le président du Conseil national.

Enfin, un autre sujet s’est invité tardivement dans les débats ce jeudi soir. Celui du déplacement de dizaines de tombes du cimetière dans le cadre de la construction du socle de l’îlot Charles-III. Ce dernier, sur lequel doit notamment être érigé le futur centre de tri et de valorisation des déchets (CTVD), nécessiterait donc le déplacement de bon nombre d’enfeus. Ce qui a provoqué la stupéfaction dans l’Hémicycle.

"Je suis au bord de l’indignation, a réagi l’élu Jean-Louis Grinda qui s’est interrogé sur le sort de l’îlot Charles-III en cas de refus des familles de déplacer les tombes en question. "Je vous répondrai en vous donnant les échanges qu’on aura eus au niveau juridique", a répondu Céline Caron-Dagioni, conseiller de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme. Provoquant à nouveau l’ire du vice-président du Conseil national. "Vous ne pouvez pas me donner de réponse sur un projet qui va faire près de 2 milliards d’euros et qui dépend du déplacement de tréfonds? C’est insupportable."

Des relations toujours aussi délicates

Thomas Brezzo, qui se proclamait héritier de la méthode "Valeri" dès son intronisation, avait promis d’incarner un Conseil national « qui sait se faire entendre mais à la recherche permanente du consensus » et qui entend soutenir "une ligne claire et ferme mais constructive".

Une position en partie incarnée ce vendredi soir à travers le résultat du vote. "Le moment est important bien sûr, mais je réfuterai en bloc les commentaires de celles et ceux qui diront que le Conseil national est à l’origine d’une crise institutionnelle. Ce vote n’entraîne pas une situation de blocage. Il s’agit d’une décision politique essentielle mais responsable, envisagée par la Constitution pour enrayer la lente dégradation de la relation institutionnelle entre le gouvernement et le Conseil national dans le strict respect de nos prérogatives", a déclaré le successeur de Brigitte Boccone-Pagès.

Cette dernière, dont beaucoup attendaient une intervention orale, fut particulièrement transparente. Aucune prise de parole mais une abstention (la seule) au moment du vote, tranchant ainsi avec la position des autres élus qui l’avaient écarté courant mars.

De son côté, le ministre d’État (lire ci-contre) a maintenu son cap, assurant que l’exécutif "prenait acte mais ne perdait pas de vue ses objectifs". Insistant que "ce rejet n’empêchera pas l’État de poursuivre son action et d’assumer ses engagements".

De nouvelles discussions à l’automne

Les regards sont désormais tournés vers le mois d’octobre où la suite des débats du budget rectificatif doit avoir lieu – après cette première session printanière exceptionnelle. Cette fois, le président du Conseil national aura à ses côtés un nouvel interlocuteur en la personne de Didier Guillaume, qui prendra ses fonctions de ministre d’État un mois plus tôt.

Le successeur de Pierre Dartout aura face à lui un Conseil national pressant, ce dernier ayant déjà invité le gouvernement princier à "corriger le tir dans les plus brefs délais".


1. 22 voix contre, 1 abstention.

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