Sabrina (1) est une mère en colère, et bien plus encore. Son monde s’est effondré jeudi soir, lorsqu’elle a découvert que sa fille, âgée de 13 ans, avait noué des relations intimes avec un homme de 30 ans.
Cet ancien collègue de Sabrina, agent de surveillance de la voie publique (ASVP), était depuis peu policier municipal stagiaire à Nice. Depuis dimanche soir, ce trentenaire dort en prison, mis en examen pour viol sur mineur de 15 ans et moins.
"C’est compliqué. Très compliqué, en tant que maman... Je me rends compte qu’on ne peut pas avoir confiance même dans des collègues", soupire Sabrina. C’est elle qui a dénoncé les faits auprès des policiers municipaux niçois, vendredi soir, conduisant à l’interpellation de l’agent. Elle a aussitôt déposé plainte. Et ce, quoiqu’en pense sa propre fille - "Elle m’en veut énormément. Elle est très amoureuse de lui."
Tout commence en 2024. Cet ASVP est alors muté dans le service de Sabrina, sur la voie publique. "C’est devenu mon binôme. On était tout le temps ensemble. Il nous est arrivé de faire des repas entre collègues. Ma fille venait manger avec nous. Voilà les circonstances dans lesquelles il a connu la petite..."
Il pose en uniforme
En juin dernier, Sabrina quitte Nice et les rangs des ASVP pour la région grassoise. Mais elle ignore encore que sa fille Sarah (1) a noué une relation intime avec l’un d’eux, le mois précédent. Elle le découvre jeudi dernier.
Elle apprend que sa fille, en internat, a un second téléphone. En pleurs, cette dernière lui révèle entretenir "une relation amoureuse" avec son ex-collègue. Et ce, depuis quatre mois. Pressée de questions, elle finit par admettre que cette relation a pris une tournure sexuelle. Une fois le téléphone récupéré, Sabrina découvre "des poèmes, des photos de lui, y compris pornographiques". Et des photos en uniforme de la police municipale, dont il vient de réussir le concours.
"Il savait ce qu’il faisait"
Hors d’elle, Sabrina vient à Nice demander des comptes à son ancien collègue. "J’ai emprunté les rails du tram’ en voiture. J’ai été contrôlée par d’anciens collègues de la « PM". Je leur ai dit: "C’est peut-être pas plus mal que vous m’ayez été arrêtée..." Je leur ai montré les images en ma possession."
Selon Sabrina, les policiers municipaux ont demandé à leur collègue de les suivre à la caserne Auvare. L’intéressé aurait obtempéré sans broncher. Placé en garde à vue à la brigade des mineurs du service local de police judiciaire (SLPJ), il a été déféré dimanche après-midi.
Tout au long du week-end, Sarah aura quant à elle alterné auditions et examens médico-légaux, accompagnée par sa mère. "Il venait la voir la nuit. Il la faisait sortir pendant que je dormais, fulmine Sabrina. Il avait bien conscience de ce qu’il faisait!"
Le cadre légal modifié en 2021
Contacté, le procureur de la République de Nice se montre particulièrement prudent, au vu de l’âge de la victime. Damien Martinelli confirme simplement l’existence d’une procédure pour "viol sur mineur de [moins de] 15 ans". Quels que soient les sentiments de la jeune fille, la loi du 21 avril 2021 qualifie de viol "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis par un majeur sur la personne d’un mineur de 15 ans ou commis sur l’auteur par le mineur, lorsque la différence d’âge (...) est d’au moins cinq ans."
Le parquet a ouvert une information judiciaire. Le trentenaire a été mis en examen pour viol sur mineur de 15 ans par un majeur avec différence d’âge d’au moins 5 ans, agression sexuelle et corruption de mineur de 15 ans. Le juge des libertés et de la détention a décidé de l’incarcérer, ainsi que l’avait requis le parquet.
"Aucun errement ne sera toléré"
Jérôme Marcenac, directeur de la police municipale de Nice, a réagi lundi soir à l’interpellation de cet agent stagiaire. "Les faits qui lui sont reprochés, s’ils sont avérés, sont d’une extrême gravité et ont conduit à prendre immédiatement une mesure de suspension à titre conservatoire." Le trentenaire, ASVP depuis 2022, s’apprêtait à intégrer la formation initiale de la municipale, le concours en poche. Il avait été nommé stagiaire il y a quelques semaines.
"Sans présager de la décision judiciaire qui pourra être prise et en respectant la présomption d’innocence, il est évident que la commission d’un tel acte ne saurait permettre le maintien de l’intéressé dans la collectivité, et en particulier au sein de la police municipale, prévient son directeur. Un membre des forces de l’ordre doit non seulement répondre du respect total de la Loi mais également faire montre d’un comportement irréprochable, y compris en dehors du service."
Jérôme Marcenac félicite les agents qui ont interpellé ce jeune camarade. Après plusieurs affaires de violences impliquant des policiers municipaux à Nice, il aussure qu’"aucun errement ne sera toléré", "Chaque jour les policiers municipaux font preuve d’un engagement sans faille qui ne peut se voir ternir par des actions immorales de quelques-uns."
(1) Les prénoms ont été modifiés afin de préserver leur anonymat.
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