La dette du Grand Prix de F1 au Castellet s’alourdit encore pour les collectivités varoises et la métropole niçoise

Les différents actionnaires du Groupement d’intérêts publics du GP de F1 au Castellet, dont plusieurs collectivités varoises et la métropole niçoise, vont de nouveau mettre la main à la poche.

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Par Michaël Zoltobroda / mzoltobroda@nicematin.fr Publié le 23/07/2025 à 04:20, mis à jour le 23/07/2025 à 11:03
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La dette s’alourdit encore pour le GP de France. Le déficit est évalué à près de 34 millions d’euros, hors intérêts moratoires. Ces derniers pourraient encore faire grimper l’addition. Photo Doc. V.-m.

Trois ans après la victoire de Max Verstappen, les dérapages financiers du Groupement d’intérêts publics (GIP), en charge de l’organisation du Grand Prix de France de F1 au Castellet, sont toujours au centre de l’attention.

Dernière étape en date? D’après nos informations, un second appel de fonds à hauteur de plus de 3,6 millions d’euros a été acté lors du dernier conseil d’administration le 8 juillet. "On pratique la politique des petits pas", précise le liquidateur Bernard de Froment. Son but? Combler un peu plus le déficit, évalué à près de 34 millions d’euros, hors intérêts moratoires qui pourraient faire encore grimper l’addition.

Parmi les actionnaires de ce GIP, le Département du Var va ainsi procéder à un versement d’un peu plus de 1,2 million d’euros supplémentaires (200.000 euros de moins que prévu lors d’une récente délibération de la commission permanente de cette collectivité varoise). Même montant pour la Métropole toulonnaise. Celle d’Aix-Marseille Provence a déboursé courant juillet plus de 320.000 euros, la CCI du Var devra plus de 330.000 euros, la Chambre régionale de commerce environ 200.000 euros et le Département des Bouches-du-Rhône près de 110.000 euros. La Communauté d’agglomération Sud Sainte Baume, qui s’était finalement opposée à régler sa participation prévue initialement de 750.000 euros en une fois, devra donc débourser 183.000 euros pour cet appel de fonds.

Certains créanciers enfin remboursés

La plupart des différents créanciers, dont les factures "ne sont pas contestées", devraient ainsi être payés dans les prochains mois. Y compris Manpower, la principale entreprise en attente de règlement, ainsi que la Direction générale de la gendarmerie qui peut compter sur 300.000 euros. En février, un premier appel de fonds avait déjà mobilisé 1.250.000 euros. Un tiers a pour l’instant été redistribué à huit entreprises, dont Loxam, spécialisée dans la location de machines, et l’agence de communication Comquest.

En revanche, Excelis, qui gère le circuit Paul-Ricard, ne percevra aucun centime dans l’immédiat. En cause, un contentieux concernant les montants demandés par cette société varoise. Dans un premier temps, le Tribunal de commerce de Paris s’est déclaré incompétent pour statuer. Le liquidateur du GIP s’est ensuite tourné vers le Tribunal administratif de Toulon pour faire reconnaîtreà un enrichissement injustifié du circuit Paul-Ricard, avec dans le viseur la salle de presse qui aurait coûté autour d’un million d’euros. Avant toute décision judiciaire, qui risque de demander plusieurs années en cas de saisie du Tribunal des conflits, une transaction amiable pourrait être conclue d’ici à la fin de l’année "avec des efforts des deux côtés". En jeu: environ 6 millions d’euros (un autre million d’euros de facture de différentes entreprises reste en suspens dans l’attente de vérifications). Plus les intérêts moratoires.

Ce dernier point (noir), qui fait gonfler la dette de plus de 100.000 euros chaque mois, est particulièrement au cœur des préoccupations de Bernard de Froment, par ailleurs conseiller d’État honoraire et avocat spécialisé en droit public. Alors qu’il navigue dans un flou juridique, celui-ci s’est tourné vers la Cour administrative d’appel de Marseille, via le préfet de Région, pour savoir si les intérêts moratoires sont légalement suspendus à partir de la date de la liquidation (en mars 2024, dans le cas du GIP du GP de F1), comme pour une entreprise privée. Ou s’ils courent toujours.

Christian Estrosi, président du GIP du GP de F1 sur le circuit du Castellet. Photo doc. Dominique Leriche.

Qui payera combien?

À la rentrée, il faudra également régler la question qui fâche: celle de la ventilation exacte de la dette. Autrement dit, qui paye quoi à la fin de la liquidation? Si la métropole niçoise a avancé 5 millions d’euros, les 16,9 millions d’euros déjà engagés par la Région Sud seront au centre d’éventuelles tensions.

Explications: la collectivité présidée par Renaud Muselier s’était engagée en 2017 à régler la facture pour tout le monde en cas de déficit. Ce qui ne semble plus être d’actualité, depuis que le Département du Var a sonné l’alerte sur "une dette abyssale". La Cour d’appel d’Aix-en-Provence n’a d’ailleurs pas reconnu la légalité de cet engagement, pourtant mentionné sur un certificat administratif par l’ancien directeur général des services Paul Mourier. "Ça ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas payer pour une promesse illégale qui a été faite, nuance le liquidateur du GIP. Les discussions vont être musclées, sauf s’il y a une paix des braves." Peu probable, à l’approche des municipales.

La métropole niçoise épinglée pour son "Riviera project"

En attendant l’issue de l’enquête judiciaire en cours pour "détournement de fonds" et "favoritisme", un autre sujet brûlant devrait animer les prochaines semaines: le verdict sur les dépenses de ce même Groupement d’intérêts publics rendu par la Chambre régionale des comptes (CRC).

Celle-ci a envoyé son rapport d’observations définitives (pour l’instant classé top secret) au liquidateur et à la Métropole de Nice, sans que les autres actionnaires n’y aient accès.

"Il y a toujours de sérieuses mises en cause", assure un proche du dossier. La version provisoire accablait la gestion de la course, présidée par Christian Estrosi. D’après Le Monde, la CRC avait pointé du doigt un "modèle économique non soutenable", des "défaillances" de gouvernance et des "irrégularités" des marchés publics.

Il y était notamment contesté un contrat passé avec Formula One Group (FOM), chargé de la promotion, de la diffusion et du management des épreuves de Formule 1 dans le monde, pour "évaluer un projet de Grand Prix à Nice ou dans ses alentours". Selon Mediapart, l’étude facturée 550.000 dollars (470.000 euros) et intitulée "The Riviera Project" avait été commandée l’été 2022 par le maire de Nice Christian Estrosi (qui démentait alors toute intention allant dans ce sens), sans en informer le conseil d’administration du Groupement d’intérêts publics du Grand Prix de F1 au Castellet.

"Étant donné l’objet social de la structure, il n’y avait aucune raison à cela", abonde Bernard de Froment. D’après nos informations, "l’erreur" devrait être réparée. Le deal? La moitié de la somme déjà réglée par le GIP à la FOM sera décomptée de l’avance de la Métropole niçoise, présidée par Christian Estrosi. L’autre moitié restant due sera directement prise en charge par cette même collectivité maralpine. "C’est en cours d’examen dans le cadre du budget liquidatif", précise l’entourage de l’ancien ministre de l’Industrie. Sans plus de commentaire.

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