Sur les planches, au cinéma, à la télévision, mais aussi dans ses bureaux de producteurs ou de directeur de théâtre, François-Xavier Demaison s’accroche à toutes ses casquettes. Pas le temps de s’ennuyer donc, mais le tout jeune quinquagénaire sait aussi se poser, faire un pas de côté pour partager son expérience et aller à la rencontre des plus jeunes. Lui qui œuvre déjà dans les associations, notamment Le Rire médecin qui emmène le rire auprès des enfants hospitalisés "Ça leur fait du bien, mais c’est important pour eux de montrer à leurs parents qu’ils sont aussi des enfants. C’est assez bouleversant." Homme de cœur, il était ainsi du côté du théâtre Liberté à Toulon, pour le festival de courts-métrages, "Courts-métrages en Liberté". L’interprète de Coluche se veut aussi amateur du genre: "un exercice fascinant. J’en ai produit beaucoup d’ailleurs. J’adore cela", souffle-t-il. L’occasion, pour nous, de tailler le bout de gras.
Qu’est-ce qui fait que l’on vous retrouve comme parrain de cette dixième édition de Courts-métrages en Liberté?
Un appel de Charles Berling qui m’a proposé très gentiment ce rôle. Quand il m’a présenté le projet, j’ai trouvé que c’était formidable. Je suis vraiment heureux d’avoir été là. Ça fait du bien. Les élèves ont fourni un travail très abouti. Il y a une vraie démarche et un accompagnement poussé des artistes qui étaient avec eux comme Éloïse Mercier, Vincent Berenger, Adrien Berthalon ou Geoffrey Fages. J’ai compris aussi que, le thème de cette année étant le métier passion, mon parcours pouvait raconter cela.
Vous avez débuté dans la finance avant d’embrasser la vie d’artiste. Cela a toujours été en vous?
J’ai fait ce changement de vie, mais avant ça j’avais fait le cours Florent tout de même, c’était là. Quand on a une passion qui sommeille en nous et qu’on parvient à en faire sa vie… C’est formidable. Dans un court-métrage du festival, ils citent d’ailleurs cette phrase de Confucius "Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie". Ça a été la base de mon aventure artistique.
Quel a été le déclencheur pour vous?
Un jour, j’ai pris la décision que je ne voulais plus perdre ma vie à la gagner. J’ai fait Science Po à Paris, deux maîtrises de droit… Le tout sous le regard de mes parents pour qui ce n’était pas négociable. Je devais faire des études si je voulais garder le gîte et le couvert. Ensuite, je me suis marié, je suis allé faire le fiscaliste à Paris et New York. Puis, j’ai vécu les événements du 11 septembre en direct et j’ai compris que j’aurais pu être dans une des tours et passer à côté de mon rêve. Ça a été un choc cathartique qui m’a fait mesurer la fragilité de l’existence.
Vous avez commencé par les planches. Le cinéma est venu ensuite. Comment cela s’est fait?
J’ai commencé par le rôle de Coluche, avec derrière la nomination au César du meilleur acteur. C’est mon premier rôle principal. Par la suite, il y a eu un embouteillage de scénarios. D’un coup, je suis passé de petites apparitions dans des films à ce qu’on me propose que des premiers rôles.
Comment ce rôle de Coluche est-il arrivé entre vos mains?
C’est Antoine de Caunes qui vient me voir au théâtre à la Gaîté-Montparnasse et qui a dit: ‘‘Tu es mon Coluche’’. Et par sa conviction, il a su convaincre tous les financiers, tout le monde, que c’était moi. Jouer Coluche, qui était l’idole de mon père et que j’adorais aussi, c’était incroyable. Fou, écrasant aussi.
Avez-vous ressenti le fameux "syndrome de l’imposteur"?
Complètement et c’est d’ailleurs quelque chose que je traîne depuis le début de ma carrière! Mais je vois aussi certains de mes camarades de mon ancienne vie qui, à 50 ans, sont déjà en pré-retraite, certains s’ennuient dans leur boulot. Alors que pour moi, je me dis que ça ne fait que commencer. En ce sens, je me sens très jeune. J’adore mon métier, tous les projets que j’ai. Même si parfois j’ai de petites déceptions sur le milieu.
Pour contrer l’ennui, la lassitude, il y a aussi cette volonté de multiplier les projets...
Ça m’aide beaucoup. Diriger un théâtre, faire de la production, de la scène et du cinéma… J’ai toujours un truc nouveau qui arrive. Mes journées ne sont jamais les mêmes.
Vous venez de terminer la tournée de votre spectacle ‘‘Di(x) vin(s)’’. Pas trop de regrets?
Il repart à la cave! Je l’ai créé au Colbert, ici à Toulon, le 2 octobre 2021. J’adore cette salle de 200 places, elle est parfaite et l’équipe au top. Après j’ai fait quatre mois à Paris avant de partir en tournée pour 110 dates, dont l’une des dernières a été à Sanary. C’était génial d’ailleurs. Mais c’est bien aussi que ça s’arrête. Je l’ai joué 110 fois, c’est très physique. Puis j’ai une petite fille de 20 mois, partir sur les routes longtemps, c’est compliqué.
Et la suite?
À la rentrée, je suis dans la pièce ‘‘La Famille’’ de Samuel Benchetrit. C’est une création avec Patrick Timsit, Michel Jonasz, Claire Nadeau et Kate Moran. Ce sera à Édouard VII à Paris et, ensuite, en tournée notamment au Liberté à Toulon. J’ai hâte de retrouver ce côté troupe. On attaque les répétitions mi-juin.
Quel est votre rôle?
Je joue un avocat qui va demander un rein à son frère et ce dernier va refuser. C’est un dîner de famille qui tourne au vinaigre, un huis clos en temps réel. J’adore l’écriture de Samuel en plus de qui il est.
Vous êtes producteur, acteur. Réalisateur, cela ne vous séduit pas?
Je ne suis pas encore passé derrière la caméra. Ça me plairait, mais cela représente trois ans d’une vie. Je dirige un théâtre, je suis producteur, je fais beaucoup de choses. Si je dois tout arrêter pendant trois ans… C’est compliqué. Ou alors, il faut vraiment que l’histoire me transperce et que ça devienne existentiel.
« Le Négociateur » la saison 2 arrive
Le 8 avril dernier, la première saison de la série « Le Négociateur », se terminait sur les antennes de TF1. Une série policière produite et avec François-Xavier Demaison qui a rencontré un vrai succès. « Pour le premier épisode, on a fait 5,3 millions de téléspectateurs en comptant les replays. Et c’est resté stable pour le reste des épisodes. On y croyait, mais ça a été une bonne surprise, car le créneau du lundi soir n’est jamais évident », reconnaît l’acteur. Fort de cette réussite, la série a été renouvelée par TF1, la saison 2 est donc lancée et devrait sortir sur nos écrans l’année prochaine.
« On espère que ce sera un rendez-vous récurrent, j’adore la série et le rôle », poursuit la tête d’affiche du programme, qu’il partage avec Hélène Bannier. Selon les retours qu’il a eus, le public a été conquis par son personnage. « Les gens ont aimé l’originalité du personnage qui est à la fois négociateur pour le Raid et se fait négocier par ses trois ados à la maison, issues de trois femmes différentes. Il y a aussi son père qui l’appelle poussin. Ce contraste a séduit avec ce côté papa poule/Bruce Willis. »
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