Il semble difficile de mesurer, aujourd’hui, le ras de marée médiatique causée par l’arrivée dans l’industrie de la musique des boys bands au milieu des années 90. Worlds Apart, G-Squad, Alliage, Boyzone, Take That, et, évidemment les 2be3. Le groupe connu pour son tube Partir un jour est formé de trois potes de Longjumeau, dans l’Essonne, beaux gosses, bons danseurs, abdominaux apparents et qui déclenchaient, sur leur passage, des évanouissements de fans. Adel, Frank et Filip, qui composaient le groupe, étaient des amis d’enfance qui n’étaient pas préparés à un tel succès fulgurant.
Leader charismatique du groupe, Filip Nikolic a perdu la vie en 2009 d’un arrêt cardiaque à son domicile. Il avait 35 ans. C’est sa vie, notamment à travers son histoire d’amour avec Valérie Bourdin, que TF1 décide de raconter dans Filip, un unitaire réalisé par Laurent Tuel et dans lequel Mikaël Mittelstadt donne la réplique à Sara Mortensen pour incarner le couple. A noter qu’une série consacrée au groupe est aussi en préparation du côté de Prime Video pour fin octobre.
Incarner et non imiter
Du côté de Mittelstadt, bientôt à l’affiche de Montmartre sur TF1, incarner Filip Nikolic est un sacré challenge. "Il y a une phase, au départ, où on prend peur d’incarner un tel rôle car il était extraordinaire, beau, avec une certaine aura. J’ai essayé de me rapprocher de l’énergie qu’il renvoyait, analyse Mikaël Mittelstadt. C’était quelqu’un de curieux, de dynamique, d’actif, avec un côté un peu foufou. Et puis une fois que j’ai dessiné les contours, j’ai pu m’attaquer à ses failles émotionnelles, à sa douleur de l’abandon, à la non-validation du père. En bossant avec un coach de jeu, j’étais moins perdu, moins intimidé, j’ai pu me concentrer sur la préparation physique en faisant de la musculation, des exercices de circassiens, de danse".
Ce n’est pas la première fois que Mittelstadt s’empare d’un personnage réel, il avait incarné un Gilbert Bécaud, jeune, dans la série Bardot pour France télévisions. "Le fait que Filip soit un personnage plus contemporain ajoute une pression supplémentaire, poursuit l’acteur. Je voulais l’incarner sans l’imiter, ce n’est pas évident car on a beaucoup d’images de Filip mais le but était surtout de raconter l’histoire d’amour avec Valérie, ses démons, être le plus honnête possible dans notre version de l’histoire". Pour ce faire, Sara Mortensen avait rencontré Valérie Bourdin ainsi que sa fille, considérée par Filip comme son propre enfant. Les deux femmes étaient même venues sur le plateau et ont rencontré Mikaël Mittelstadt.
Concevoir la démesure
Quand on incarne un tel personnage, mesure-t-on ce qu’a été sa vie? "J’arrive à concevoir la démesure, oui, poursuit l’acteur. C’est assez lunaire de se dire qu’à un concert, pour un clin d’œil lancé à une fan au premier rang, elle tombe dans les pommes. Mais en l’incarnant, j’ai réussi à comprendre son manque d’amour, notamment dans son rapport au père, et il est allé chercher ce manque d’amour auprès des fans. Et puis comment ne pas évoquer la violence de l’industrie du disque? Ils ont été au sommet, très vite, avant d’être abandonnés du jour au lendemain. Tout a été très vite, trop vite, dans les deux sens. Il faut être capable de l’encaisser, de vivre avec, de gérer une telle médiatisation avant de retomber dans l’anonymat".
Filip insiste aussi sur une bascule, c’est le film Largo Winch. Alors que Filip tente de se lancer dans une carrière d’acteurs, notamment en intégrant la série Navarro, il passe les castings pour le film Largo Winch. "Il passe de nombreux castings, réussit les sélections, travaille comme un fou car c’était un bourreau de travail, détaille Mittlestadt et, au dernier round, la production choisit Tomer Sisley. C’est un coup dur, presque le coup de grâce. Filip y croyait, d’autant que Largo Winch est originaire des Balkans, comme lui qui est Serbe, tout semblait s’aligner... et cela ressemble à l’histoire de sa vie où il a toujours été un compétiteur, toujours très bien placé jusqu’au dernier moment et puis...". Ironie du destin, Filip sera en concurrence, ce lundi, avec la série Surface sur France 2 dans laquelle joue un certain Tomer Sisley.
Filip, ce lundi à 21h10, sur TF1. Suivi du documentaire, Filip Nikolic, le destin brisé d’une icône.
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