Dans les coulisses de la création de la malle trophée Louis Vuitton qui abrite la coupe du Grand Prix de Monaco

La maison Louis Vuitton crée tout spécialement pour la course un écrin précieux, fabriqué sur-mesure, qui sert à abriter le trophée que le vainqueur de la course recevra des mains du Souverain. Un objet unique dont nous avons suivi la fabrication.

Cédric Vérany Publié le 25/05/2025 à 07:00, mis à jour le 25/05/2025 à 07:00
Près de 300 personnes œuvrent à Asnières, près de Paris, dans les ateliers historiques de la maison aujourd’hui consacrés aux pièces exclusives.

Une rue tranquille, bordée de petits immeubles devant lesquels fleurissent jasmins, rosiers et tilleuls en ce début de printemps. Une rue anonyme aux abords de Paris. Anonyme ou presque. Bienvenue rue Louis-Vuitton à Asnières-sur-Seine. C’est là qu’a été discrètement confectionnée une pièce maîtresse du Grand Prix de Monaco: l’écrin abritant le trophée que brandira le vainqueur ce dimanche.

Si ce n’est le nom de la rue, rien n’indique que le bâtiment industriel fin XIXe en briques blanches et charpente oblique abrite le plus prestigieux atelier de la marque de maroquinerie française. C’est là que les clients désireux d’une commande sur-mesure viennent détailler leur projet auprès des artisans amenés à la concevoir. Comme à l’origine, quand Louis Vuitton, malletier de son état, s’est établi à Asnières en 1859. Il choisit l’emplacement pour profiter du réseau fluvial voisin sur la Seine, qui permet de livrer aisément les stocks de bois nécessaires pour constituer les malles. Et y installe sa famille à proximité en faisant construire une maison contiguë à l’atelier. Son fils Georges continuera à y vivre, développant l’enseigne et inventant le monogramme LV.

"Tout est fait manuellement"

Aujourd’hui au patrimoine du groupe LVMH qui l’a restaurée dans les années 80, la demeure ne reçoit la visite que de clients privilégiés. Et dans l’atelier voisin, on façonne les produits les plus spéciaux. Comme les malles trophées dont la maison a fait sa spécialité. La marque Louis Vuitton a déjà une belle collection à son actif pour protéger des prestigieux prix: du Ballon d’Or aux médailles des Jeux de Paris 2024. La première malle de ce genre était pour l’America’s Cup en 1988. C’est dans l’ADN de la maison d’emballer des objets précieux. Et ces écrins de présentation sont devenus des objets d’artisanat aussi exceptionnels que leur contenu.

La malle trophée préparée pour Monaco est née dans les mains de Cosimo, artisan maroquinier et malletier chez Louis Vuitton depuis huit ans. "Les malles sont faites à l’origine pour protéger un produit, aujourd’hui elles servent à décupler sa beauté, c’est le cas des malles trophées", sourit-il.

Par le passé, l’équipe de Louis Vuitton avait déjà réalisé des malles spécifiques pour le trophée du Grand Prix de Monaco. L’accord signé entre LVMH et Formula 1 pour dix ans a ouvert l’option de concevoir ces coffrets précieux pour chaque Grand Prix du championnat. Un travail colossal mais chez Louis Vuitton, on ne parle pas de délais de fabrication. On parle d’étapes pour couper, coller, clouer, façonner ces produits. Les machines présentes dans l’atelier ne travaillent pas seules, elles sont toujours pilotées par un artisan. Et la construction se fait principalement, outils à la main. "La technologie intervient surtout dans la conception et la création, pour faire une maquette en 3D. En revanche, à partir de la menuiserie, tout est fait manuellement."

La victoire voyage en Louis Vuitton indique la maison pour confirmer son statut de créateur d’écrins à trophées prestigieux. C’était le cas par exemple pour les médailles des Jeux olympiques de Paris. Pour Monaco, la malle trophée du Grand Prix se teinte même d’un coloris rouge pour le monogramme, clin d’œil exclusif à la Principauté. Photos LOUIS vuitton.

L’œil et la main

Les produits spéciaux répondent à une demande particulière du client, selon le produit qu’il entend stocker à l’intérieur. La construction à Asnières, où œuvrent au quotidien près de 300 personnes, suit ensuite un parcours immuable.

Première étape: la menuiserie pour couper des planches principalement de peuplier, plébiscité pour sa légèreté et sa relative souplesse. Une toile de coton recouvre ensuite l’objet façonné en bois. C’est l’étape du nervurage qui sert à renforcer le bois pendant le cloutage et accueillir l’entoilage. En l’occurrence, pour la malle trophée du Grand Prix, une toile monogrammée iconique de la marque et teintée – c’est rare – en rouge pour Monaco. Pendant ce passage, les artisans œuvrent comme des orfèvres pour respecter l’alignement du monogramme, sans jamais couper le LV – un des secrets de fabrication – et en respectant qu’il soit toujours droit. Seules les fleurs qui entourent le monogramme peuvent être taillées dans la découpe en fonction de la taille de l’objet.

Pour chaque pièce, la toile monogrammée, identité de la marque, est découpée, collée et clouée à la main. Photos LOUIS vuitton.

Il n’y a pas d’école pour apprendre à faire des malles. Ce savoir-faire qui s’acquiert en interne, au sein de la maison Vuitton, diffère de la maroquinerie classique souple de la marque. "On a besoin du même œil, de la même main, mais techniquement c’est un autre travail de créer des pièces rigides plutôt que des sacs ou des portefeuilles", souligne Cosimo.

La constitution de l’écrin démarre toujours par un modèle en 3D qui sert à découper le bois et constituer la malle. Qui est ajustée au millimètre à l’objet qu’elle doit abriter pour son transport. Photos LOUIS vuitton.

Avant-dernière étape, le ferrage pour renforcer les coins de pièces métalliques, placer les serrures et les boucles. Pour les écrins des trophées de la F1, ces pièces sont plaquées or. Une coquetterie qui décuple leur brillance. Dernière opération: l’habillage intérieur, avec un cuir qui se dévoile quand la malle, qui s’ouvre par le haut ou par les côtés en accordéon, laisse apparaître son contenant. Effet waouh garanti!

La fabrication de ces malles suit un processus classique, transmis d’artisans en artisans maroquiniers des ateliers Louis Vuitton créés en 1859. Photos LOUIS vuitton.

Dernière précision, le gagnant ce dimanche sur le circuit monégasque repartira avec son trophée, mais pas avec la malle! Propriété de LVMH, l’objet rejoindra les archives de la maison. Mais le pilote pourra toujours en commander une, à sa guise, aux ateliers d’Asnières!

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